Les sénateurs ont adopté un article du budget 2025 de la Sécurité sociale, qui renforce l’arsenal législatif pour lutter contre les pénuries de médicaments, une réalité toujours présente. Un renforcement des sanctions financières est notamment prévu.
Dépendance : la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie déplore une « politique au fil de l’eau »
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À première vue, le budget dédié à la branche autonomie dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 semble positif. L’objectif de dépenses en faveur des établissements et des services pour les personnes âgées et les personnes en situation de handicap va augmenter l’an prochain de 4,7 %, là celui fixé pour la santé augmentera de 2,8 %. Depuis 2021, le budget de la branche a augmenté de 30 %. « Ce n’est quand même pas rien. Pour autant, même si nous avons conscience de cet effort, les besoins sont immenses », résume la rapporteure de la branche, la sénatrice Chantal Deseyne (LR).
Il y a une semaine, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, qui porte une partie très large des financements, s’est montrée très sceptique sur le PLFSS 2025. Son conseil national a émis un avis largement défavorable, avec 29 voix contre, et seulement 2 voix pour. Les moyens mis à disposition pour 2025 n’ont pas été de nature à lever ses inquiètes sur le moyen terme. Rappelons que le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans va doubler au cours de la prochaine décennie. 2030 va en effet marquer le début de l’entrée dans cette classe d’âge pour les enfants du babyboom qui a suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale.
« Comme si la tempête du vieillissement de notre population n’existait pas »
« Le Conseil considère que la trajectoire ne permettra pas à notre pays de faire face à ses responsabilités, pour surmonter notamment le défi démographique auquel nous sommes confrontés », a fait savoir son président, Jean-René Lecerf, auditionné ce 30 octobre devant la commission des affaires sociales.
« Nous menons une politique intéressante et responsable, mais c’est une politique que je qualifierais d’au fil de l’eau, comme si la tempête du vieillissement de notre population, dès maintenant mais plus encore à partir de 2030, n’existait pas », a fait savoir l’ancien président du conseil départemental du Nord (2015-2021) et ex-sénateur UMP. Comme nombre des membres de cette assemblée qu’il a bien connue, Jean-René Lecerf a répété qu’il était nécessaire que la France se dote de cette fameuse « loi grand âge et autonomie ». « Nous avons du mal à accepter que ne soit jamais le moment. »
« Une projection qui est assez inquiétante »
Les prévisions budgétaires ne sont guère optimistes. Selon le projet de loi de financement, la situation financière de la branche autonomie, qui était encore en excédent en 2024, devrait très rapidement s’aggraver, avec un déficit attendu de 2,5 milliards d’euros en 2027. « Le compte n’y est pas, par rapport à l’importance des problèmes. Nous sommes inquiets devant la dégradation extrêmement rapide », insiste Jean-René Lecerf.
« Il est vrai qu’on est sur une projection qui est assez inquiétante, à date », a confirmé Maëlig Le Bayon, le directeur de la caisse. « On a un certain nombre de recettes qui s’écrasent, il faut le constater. » Pendant ce temps, les dépenses « augmentent fortement ». Le déficit prévu de 400 millions d’euros pour l’année 2025 est selon une « première alerte ». « Il faudra en face réfléchir aux moyens d’équilibrer cette branche à terme », a-t-il recommandé.
Face à la situation financière difficile des Ehpad, le Sénat a plaidé dans un récent rapport pour l’instauration d’une deuxième journée de solidarité. Une piste qualifiée de « très intéressante » par le ministre de l’Économie dimanche.
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