Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.
Xavier Bertrand à Matignon : la piste plébiscitée par les sénateurs LR
Par Simon Barbarit
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« Vous ne le notez pas. Mais si après avoir fait 8 % aux dernières législatives, on obtient un Premier ministre LR, c’est jackpot pour nous », souffle un sénateur après sa visioconférence avec ses collègues. Une réunion destinée à informer l’ensemble des élus de droite de la chambre haute des dernières tractations dans la recherche d’un profil idéal pour occuper le poste de Premier ministre.
Emmanuel Macron a échangé à ce sujet avec le président du Sénat, Gérard Larcher, et les présidents des deux groupes parlementaires, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau lui ont assuré qu’ils ne s’y opposeraient pas. Restait donc à informer les parlementaires de droite. Les sénateurs LR se réunissaient à 14 h 30 en visioconférence. Le groupe de la Droite républicaine de Laurent Wauquiez avait fait de même à l’Assemblée à mi-journée.
Et le ton a changé par rapport à la semaine dernière au cours de laquelle Bruno Retailleau avait là aussi pris le pouls de son groupe quant à la stratégie de tenir en cette période de flottement institutionnel et politique. Le message qu’il avait adressé aux élus était clair : pas question de faire partie du prochain gouvernement, ni d’une coalition avec la majorité sortante. Une position soutenue officiellement il y a encore quelque jour par une majorité de sénateurs LR.
« C’est une chance inouïe de l’avoir »
« La majorité a changé de camps. Il y a désormais une majorité de sénateurs qui sont sur ma position », se félicite l’ancien ministre et actuel sénateur LR de Haute-Saône, Alain Joyandet, qui milite depuis le début de l’année pour une coalition avec le camp présidentiel. Selon nos informations, désormais seuls quelques sénateurs, dont un proche d’Éric Ciotti, Henri Leroy, se sont opposés à la piste Bertrand.
« Le nom de Xavier Bertrand est cité pour Matignon depuis des semaines. Et aucun membre de notre famille politique ne s’exprimait pour le soutenir. Au regard de la composition politique actuelle, Xavier Bertrand est au barycentre. C’est une chance inouïe de l’avoir. Espérons qu’elle se réalise. On ne pouvait pas faire la fine bouche et poser des conditions », ajoute-t-il.
Les dirigeants de la droite ont toutefois posé deux conditions au chef de l’Etat : « qu’il fasse un tour de piste pour s’assurer que la nomination de M. Bertrand n’ait pas une majorité de censure contre elle (et) qu’il reprenne le pacte législatif présenté par LR ».
« Si c’est Xavier Bertrand, Premier ministre, je ne vois pas comment Les Républicains refuseraient d’y aller »
Pour cette deuxième condition, ils semblent avoir été entendus. « Xavier Bertrand avait lui-même validé ce pacte législatif, il y a deux mois. Alors il n’y a pas de raison qu’il y ait une difficulté. Mais là encore, c’est au président de la République de prendre l’engagement que la ligne politique aille dans le sens du pacte législatif. Les groupes macronistes proposaient un pacte de gouvernement qui n’était pas si éloigné » », rappelle Roger Karoutchi sénateur des Hauts-de-Seine.
Quant à la possibilité de voir d’autres responsables LR rejoindre Xavier Bertrand au sein de l’exécutif, hypothèse honnie par l’état-major il y a encore quelques jours, la question n’a pas été évoquée en réunion. « Si c’est Xavier Bertrand, Premier ministre, je ne vois pas comment Les Républicains refuseraient d’y aller », considère néanmoins Roger Karoutchi.
A l’Assemblée nationale, le groupe Droite républicaine, a aussi validé cette stratégie « pour montrer (leur) bonne volonté » tout en « constatant que le risque de censure ne rendait probablement pas l’option viable », selon un participant contacté par l’AFP.
Pas encore nommée, l’hypothèse Xavier Bertrand déjà censurée
Le risque de censure d’un gouvernement Bertrand est en effet élevé. « Ce serait un manque de respect envers les millions de Français qui se sont exprimés dans les urnes […] Donc on censure », a fait savoir le RN, qui entretient un contentieux aussi politique que personnel avec le président de la région Hauts-de-France. Éric Ciotti a indiqué qu’il ferait de même. A gauche. A gauche aussi, le porte-parole du Parti communiste, Léon Deffontaines, a affirmé que « Xavier Bertrand sera censuré » s’il est nommé Premier ministre. Et la cheffe des députés LFI Mathilde Panot a menacé « d’une motion de censure immédiate » contre tout gouvernement qui ne serait pas issu du Nouveau Front populaire et mené par la candidate de l’alliance de gauche Lucie Castets. « Nous ne pouvons pas accepter cela (Xavier Bertrand, Premier ministre) », a estimé, pour sa part, le premier secrétaire délégué du PS, Nicolas Mayer-Rossignol.
De quoi donner du plomb dans l’aile à la possibilité de voir Les Républicains remporter la mise et voir, contre toute attente, leur programme être appliqué malgré des récents revers électoraux.
« Il faut y aller maintenant. Si on attend encore de trouver quelqu’un qui coche toutes les cases. On n’y arrivera jamais », s’exaspère la sénatrice LR de Paris, Catherine Dumas. « Peut-être que Macron va finir par se nommer lui-même », plaisante Roger Karoutchi avant de prendre congé.
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