« Vous croyez que ça me fait plaisir de présenter le budget que je présente en ce moment ? » : échange tendu entre Michel Barnier et Patrick Kanner

Fustigeant les économies demandées aux collectivités territoriales dans le budget 2025, le président du groupe socialiste au Sénat a accusé le Premier ministre de « mettre à genoux les élus de la République au plan local ». « Je vous ai connu plus mesuré », lui a rétorqué Michel Barnier, sous les protestations de la gauche et les applaudissements de la majorité sénatoriale.
Rédaction Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Ce 19 novembre, à l’occasion du congrès de l’Association des maires de France, des dizaines d’élus locaux arboraient une écharpe noire en signe de protestation face aux économies demandées aux collectivités territoriales dans le budget 2025. Une préoccupation qui anime aussi les sénateurs, réunis le lendemain pour les questions d’actualité au gouvernement.

« Les maires de France devront-ils demain augmenter le prix de la cantine de leurs écoles, ou bien réduire le grammage des repas distribués aux enfants ? Ce n’est pas une vue de l’esprit, c’est à des décisions comme celle-ci qu’ils vont être confrontés désormais », dénonce Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat.

« On va passer de l’illusion du ruissellement à l’assèchement total »

Dans le cadre du projet de loi de finances, ce sont 5 milliards d’euros d’économies qui sont demandées aux communes. « On va passer de l’illusion du ruissellement à l’assèchement total », fustige ainsi le sénateur socialiste, « votre politique vise à mettre à genoux les élus de la République au plan local ».

Face à l’inquiétude des élus, ce 15 novembre, Michel Barnier a déjà précisé devant les présidents des départements que le gouvernement allait « réduire très significativement l’effort » qui leur est demandé. Une annonce qui ne semble pas satisfaire Patrick Kanner : « Les élus locaux ne sont pas dupes de vos astuces politiciennes. Ce n’est pas parce que ces coupes budgétaires seront moins élevées qu’annoncées que nous les accepterons. »

« Nous allons améliorer ce budget avec le Sénat »

« Je vous ai connu plus mesuré », lui a rétorqué le Premier ministre, sous les applaudissements des bancs de la majorité sénatoriale et les protestations de la gauche. « J’ai émis l’espoir qu’on puisse trouver dans ce pays la capacité de se respecter, de dire des choses justes, d’avoir le sens de la nuance, Monsieur Kanner, dont votre question et la manière dont vous l’avez posée n’est pas vraiment l’illustration », a-t-il ajouté.

Michel Barnier est ensuite passé à l’offensive, renvoyant le sénateur à « un devoir d’humilité que nous devons tous avoir à propos de cette dette que j’ai trouvée et que j’essaye de gérer ». « Vous croyez que ça me fait plaisir, Monsieur le président Kanner, de proposer le budget que je présente en ce moment ? Vous croyez que ça me fait plaisir de proposer ce freinage général [des dépenses] ? Nous y sommes obligés, dans l’intérêt national », a-t-il estimé.

Après cet échange musclé, Michel Barnier a tout de même tenu à rassurer les sénateurs sur les efforts demandés aux collectivités, dans la lignée des annonces faites aux présidents des départements la semaine passée. « Nous allons améliorer ce budget avec le Sénat, nous allons réduire le poids de l’effort que nous demandons aux collectivités parce que dans certains cas il n’était pas juste, notamment dans les départements et pour certaines communes », a indiqué le Premier ministre. De son côté, la majorité sénatoriale entend réduire à 2 milliards d’euros l’effort demandé aux collectivités lors de l’examen du budget par la chambre haute.

Dans la même thématique

« Vous croyez que ça me fait plaisir de présenter le budget que je présente en ce moment ? » : échange tendu entre Michel Barnier et Patrick Kanner
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

« Vous croyez que ça me fait plaisir de présenter le budget que je présente en ce moment ? » : échange tendu entre Michel Barnier et Patrick Kanner
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le