Vins : « Il faut vraiment des mesures pour sauver nos viticulteurs », demande la sénatrice Nathalie Delattre

Vins : « Il faut vraiment des mesures pour sauver nos viticulteurs », demande la sénatrice Nathalie Delattre

Face aux difficultés qui s’accumulent pour les viticulteurs, le ministère de l’Agriculture a annoncé plusieurs mécanismes pour juguler les excédents de production. Des premiers signaux positifs pour la sénatrice Nathalie Delattre.
Guillaume Jacquot

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La viticulture française est dans le rouge. Malgré des bons chiffres à l’export en 2022, avec une progression de 12 %, mais principalement portée par le champagne, la filière est en difficulté. Depuis plusieurs années, la vigne hexagonale cumule et enchaîne les crises. Entre les taxes Trump en 2019, la pandémie avec la fermeture des cafés et restaurants l’année suivante, un épisode de gel désastreux en 2021, suivi d’une sécheresse importante et une inflation des prix de l’énergie et des matériaux en 2022, les récentes années ont été très agitées. À cela s’ajoute une tendance de fond, inquiétante pour les professionnels : les ventes de vin rouge ont décroché de 15 % l’an dernier en France, notamment dans l’entrée de gamme. « La situation dans la filière vitivinicole est grave », reconnaissait le 26 janvier le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, en réponse à une question du sénateur de l’Hérault Henri Cabanel (RDSE).

Pour réguler la surproduction, le gouvernement a notamment accepté de financer à hauteur de 160 millions d’euros une nouvelle campagne de distillation pour transformer des millions de litres d’excédents en parfum ou en gel hydroalcoolique. La précédente opération de ce type remontait à 2020, en pleine pandémie. Un engagement réaffirmé ce 13 février sur le salon Wine Paris & Vinexpo Paris. Marc Fesneau était accompagné d’Olivier Becht, le ministre chargé du Commerce extérieur. Tout un symbole, puisque le vin constitue le deuxième excédent commercial de la France, derrière l’aéronautique.

Le ministre de l’Agriculture a également précisé qu’un certain nombre de dispositifs étaient en train d’être affinés, « y compris dans l’arrachage ». Ce dispositif de prime contre l’arrachage de vignes, comme son nom l’indique, est très attendu dans le Bordelais par exemple. Mais le sujet relève d’un règlement européen, selon le ministère. Les viticulteurs espèrent que le programme de lutte contre la maladie de la flavescence dorée pourra être mobilisé pour empêcher les risques sanitaires de parcelles laissées à l’abandon. Pour les reconversions, la piste de fonds européens est également sur la table. La question de la poursuite des prêts garantis par l’État (PGE) fait également partie des discussions.

« Il faut mettre en place des plans de rebond pour la filière »

« Je pense qu’aujourd’hui le ministre répond à des demandes qui sont faites par l’ensemble des territoires », salue la sénatrice de Gironde Nathalie Delattre (RDSE). Selon cette viticultrice de profession, ces pistes sont une première réponse. Elle précise toutefois : « La préoccupation, quand on voit la détresse humaine aujourd’hui derrière ces revendications, il ne faut pas se louper. Ce n’est pas l’ixième plan qu’il faut voir, c’est vraiment des mesures qui puissent percoler sur les territoires et sauver nos viticulteurs », insiste la parlementaire, coprésidente de l’Association nationale des élus de la vigne et du vin.

Demandée par la profession, la distillation reste avant tout un « dépannage » à ses yeux. « Ça vous apporte un peu de trésorerie, ça permet de faire face aux dépenses, mais c’est court-termiste. À côté, il faut mettre en place des plans de rebond pour la filière. Il est évident que la commercialisation est le nerf de la guerre, que ce soit à l’étranger ou à l’intérieur du pays », rappelle la parlementaire girondine.

Les récentes épreuves ont en tout cas rapproché les différents vignobles. « Aujourd’hui, on avait une filière très éclatée dans ses demandes. Il y a un réflexe concurrentiel d’un territoire à un autre. On commence à avoir un travail en commun d’une filière française depuis le gel noir en 2021. Il y a enfin une prise de conscience », observe la sénatrice.

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