Une semaine en suspens depuis le départ de Gérard Collomb
Après sept jours d'attente, encore un sursis mardi soir: faisant fi de l'impatience du monde politique et des médias, Emmanuel Macron prend son...
Par Laurence BENHAMOU
Temps de lecture :
3 min
Publié le
Mis à jour le
Après sept jours d'attente, encore un sursis mardi soir: faisant fi de l'impatience du monde politique et des médias, Emmanuel Macron prend son temps pour remanier son gouvernement après le départ surprise de Gérard Collomb.
Lundi 1er octobre : Gérard Collomb annonce au Figaro avoir présenté sa démission à Emmanuel Macron, qui l'a refusée. "Le président de la République lui a renouvelé sa confiance et lui a demandé de rester pleinement mobilisé", déclare l'Elysée.
Mardi 2 octobre : Gérard Collomb révèle au Figaro qu'il maintient sa proposition de démissionner. Edouard Philippe l'apprend en direct lors des questions au gouvernement. D'un ton sec, le Premier ministre déclare qu'il "exercera la totalité de ses attributions constitutionnelles" et "proposera au président de la République les décisions qui s'imposent". L'Elysée annonce prudemment une heure plus tard que le président "recevra rapidement les propositions du Premier ministre".
Le Premier ministre Edouard Philippe, à Chamonix, le 28 septembre 2018
AFP/Archives
A minuit passé, Emmanuel Macron met fin au suspense en annonçant qu'il a accepté la démission de son ministre de l'Intérieur. L'intérim est confié à Edouard Philippe.
Mercredi 3 octobre matin, la brève passation de pouvoir entre les deux hommes, improvisée à la hâte, est glaciale. Gérard Collomb attend le Premier ministre pendant 25 minutes sur le perron de son ministère.
En Conseil des ministres, le président minimise l'affaire, expliquant qu'il ne s'agit "pas d'une crise politique". Le remplacement de Gérard Collomb à Beauvau "est l'affaire de quelques jours", affirme le porte-parole Benjamin Griveaux.
Le soir au Mondial de l'Auto, le chef de l'Etat continue à minimiser. "Il y a un gouvernement au travail", affirme-t-il. "Le reste, ce sont des péripéties".
Jeudi 4 octobre, à Colombey-les-Deux-Eglises, Emmanuel Macron invite de nouveau à ne pas s'attarder sur les "péripéties du quotidien". Mais au sein de la majorité comme à Matignon, l'hypothèse d'un remaniement plus large que le seul remplacement de Gérard Collomb s'impose de plus en plus.
Vendredi, les supputations sur plusieurs remplacements fleurissent, et avec elles le casse-tête des équilibres politiques et de la parité hommes-femmes à respecter. Aucun nom ne se dégage vraiment pour le ministère de l'Intérieur.
Dimanche, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, dit "assumer totalement ce temps long" avant l'annonce de la nouvelle équipe.
Lundi à l'Elysée, Emmanuel Macron reçoit son Premier ministre ainsi que plusieurs membres du gouvernement. Un remaniement est guetté pour le mardi, veille du Conseil des ministres et d'un départ d'Emmanuel Macron pour trois jours en Arménie.
Emmanuel Macron pendant son après-midi avec des start-up à la Station F, à Paris, le 9 octobre 2018
POOL/AFP
Mardi : Edouard Philippe retourne à l'Elysée. Le président de la République passe sa journée entre une rencontre avec les filières agricoles, un déjeuner avec le président de l'Ouzbékistan et une après-midi avec des start-up à la Station F. Quand il revient le soir, l'Elysée annonce d'abord qu'il n'y aura pas de démissions en bloc du gouvernement, hypothèse évoquée par le monde politique et les médias.
"Non, pas ce soir" : par ces quatre mots, l'Elysée annonce que le remaniement attendra encore. Même s'il ne reste que quelques heures pour que le gouvernement recomposé soit en ordre de marche pour le Conseil des ministres du lendemain à 10h00.
Sous la pression de la droite et du RN, la publication du décret de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été repoussée « à la fin de l’été » par François Bayrou. Un délai qui n’épuise pas les questions qui restent autour de cette révision de la stratégie qui doit permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
La ministre des Comptes publics annonce « la fusion ou la suppression » d’un tiers des agences et opérateurs de l'Etat, dans un contexte de réduction de la dépense publique. Mais le niveau d’économies ainsi espéré laisse dubitatifs les membres de la commission d’enquête que le Sénat a ouvert sur ce sujet, devenu un marronnier de la simplification administrative. Derrière la rationalisation des moyens, les élus suspectent le détricotage de certaines politiques publiques.
Après la relaxe de 5 boulangers par le tribunal de police de La Roche-sur-Yon qui avaient été verbalisés après avoir ouvert le 1er mai 2024, les sénateurs centristes ont déposé, avec l’appui du gouvernement, une proposition de loi pour permettre à certains salariés de travailler le jour de la fête du Travail.
Après un accord entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire, la proposition de loi, d’origine sénatoriale, visant à sortir la France du piège du narcotrafic, a été adoptée définitivement et à l'unanimité par la chambre haute. « DEA à la française », statut du repenti, nouveau parquet national… Le texte contient de nouveaux dispositifs pour que la France ne bascule pas vers un « narco-Etat ».