Après la Commission, c’est au tour du Parlement européen de mettre la pression sur les Vingt-Sept. Si la Commission s’en est tenue aux sanctions sur le charbon russe dans ses recommandations d’hier, le Parlement européen – institution traditionnellement plus aventureuse – a « exigé » ce jeudi « un embargo total sur les importations de pétrole, charbon, combustible nucléaire et gaz en provenance de Russie. » La résolution adoptée n’est absolument pas contraignante juridiquement, mais avec 513 eurodéputés qui ont voté pour, 22 qui ont voté contre et 19 abstentions, le signal politique n’en reste pas moins puissant, alors que les discussions autour d’un embargo sur le pétrole et le gaz agitent les Etats-membres.
Une « résolution » symbolique
Une réunion des ministres des Affaires étrangères devrait avoir lieu lundi, alors que l’embargo sur le charbon est discuté ce jeudi à Bruxelles. Mais, même si ce 5ème volet de sanctions comportait finalement ledit embargo, la portée de la décision resterait anecdotique. Après les sanctions bancaires et monétaires, le nerf de la guerre pour aller plus loin sur d’éventuelles sanctions concernant le secteur énergétique restent le pétrole et le gaz. L’Allemagne, extrêmement dépendante du gaz russe, s’est toujours exprimée contre ce type de sanctions sur le gaz et le pétrole. Même pour d’autres pays européens, qui importent une grande partie de leurs énergies fossiles de Russie, un embargo sur le gaz et le pétrole pourrait représenter soit des difficultés d’approvisionnement énergétique, soit des coûts importants (entre 0,15 % et 0,3 % de perte de PIB pour la France d’après le Conseil d’analyse économique), soit le reniement d’objectifs climatiques, soit les trois.
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C’est pourquoi l’Union européenne a eu du mal à clairement prendre position sur la question, et que les sanctions économiques n’ont pas encore véritablement mis en cause l’interdépendance énergétique entre l’Europe et la Russie. Les exportations d’énergies fossiles ont même permis à Vladimir Poutine de contourner certaines sanctions bancaires en sécurisant des paiements étrangers. La résolution adoptée ce jeudi est donc certes symbolique, mais son adoption marque un premier pas dans une éventuelle évolution de la position européenne à propos des importations russes de pétrole et de gaz. A minima, c’est un signal envoyé par une grande majorité des familles politiques européennes représentées au Parlement européen, mais dans le cadre d’un débat symbolique. Reste à savoir si les gouvernements nationaux – et notamment à l’Est de l’Europe – seront aussi favorables à un nouveau train de sanctions, puisqu’un embargo sur le pétrole et le gaz nécessiterait une unanimité des Vingt-Sept.
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