Trois jours de carence dans la fonction publique : « Ce sont des économies de bouts de chandelle », estime Aurore Lalucq

Ce mardi, Aurore Lalucq, députée européenne et co-présidente de Place Publique, était l’invitée de la matinale de Public Sénat. La présidente de la commission des affaires économiques du Parlement européen a qualifié la hausse des jours de carence dans la fonction publique d’« opération de contre-feu populiste ». Dénonçant plusieurs autres mesures du budget, elle regrette que les débats au Parlement soit « pourris » par la menace du 49.3.
Camille Gasnier

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Lutter contre l’absentéisme des fonctionnaires, voilà la nouvelle mesure proposée par le gouvernement pour réduire le déficit. Pour cela, Laurent Saint Martin a annoncé vouloir faire passer le délai de carence des fonctionnaires de 1 à 3 jours. En complément de cette mesure, le ministre a déclaré qu’il souhaitait plafonner le remboursement des arrêts maladies, actuellement effectué à 100 %, à 90 %.

Interrogée sur ce sujet, Aurore Lalucq considère que le gouvernement « s’attaque aux absents et pas à l’absentéisme », et précise qu’« il y a des fonctionnaires qui sont beaucoup moins absents que des personnels du privé ». Pour la présidente des affaires économiques du Parlement européen, cette proposition n’a pas lieu d’être, la taxant « d’économie de bouts de chandelle ». Une disposition qui témoigne, selon la députée européenne, d’une stratégie plus globale du gouvernement : « Plutôt que d’accepter qu’il y ait eu des erreurs faites en matière de politique économique, le gouvernement préfère rester dans la logique de la grenade dégoupillée, en jetant des contre-feux, des choses qui abîment la société, qui vont cristalliser un peu plus les divisions, c’est extrêmement irresponsable ».

« Ces 60 milliards, ce n’est pas cela qui est demandé à la France au niveau européen »

De manière générale, la présidente de la commission des affaires économiques au Parlement européen assure que l’effort budgétaire proposé par le gouvernement n’est pas adapté aux demandes européennes en la matière : « Ces 60 milliards, ce n’est pas cela qui est demandé à la France au niveau européen, c’est 110 milliards sur 5 ans, soit autour d’une vingtaine de milliards par an ».

Sur les autres mesures marquantes proposées par le gouvernement pour faire des économies, la co-présidente de Place Publique est tout aussi critique. Le décalage au 1er juillet de la revalorisation des pensions de retraite est peu opportun pour Aurore Lalucq : « On n’a pas besoin d’aller vers ce type de mesure ». Même constat pour l’effort budgétaire demandé aux collectivités territoriales, fortement dénoncé par les sénateurs et les élus locaux : « [Les collectivités locales] n’ont pas du tout les mêmes contraintes que l’Etat, elles ont une obligation d’être à l’équilibre, on leur demande de plus en plus et on leur enlève des recettes ».

« Quand on est milliardaire, être taxé, c’est indolore, cela ne change strictement rien à votre mode de vie »

Elle félicite néanmoins la pérennisation de la taxation des hauts revenus. Proposée par deux amendements du MoDem et du Nouveau Front populaire, elle a été adoptée par l’Assemblée nationale la semaine dernière. La co-présidente de Place Publique salue cette mesure estimant que « quand on est milliardaire, être taxé, c’est indolore, cela ne change strictement rien à votre mode de vie ». Si les détracteurs de cette taxe craignent une fuite des milliardaires vers d’autres pays fiscalement plus avantageux, Aurore Lalucq estime qu’il serait nécessaire de mettre en œuvre cette taxe au niveau européen, et le cas échéant, « hausser le ton et dire aux ultras riches que les Français méritent mieux que des les voir partir car on touche à de l’argent qu’ils n’utilisent pas ».

Néanmoins, rien n’assure que cet impôt figure dans la loi de finances pour 2025, en raison du risque de 49.3 qui pèse, depuis le début de l’examen du budget, sur l’Assemblée nationale. Sur la possible utilisation de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution par Michel Barnier, Aurore Lalucq considère que « cela pourrit le débat ». Pour la députée européenne, « certes, une chance a été donnée au Parlement, mais c’est une chance un peu fictive, les débats n’ont pas été organisés de manière sereine ».

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