Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Travail parlementaire : « J’entends le gouvernement parler de majorité sur des textes depuis juin dernier », regrette Roger Karoutchi
Par Henri Clavier
Publié le
Ce mercredi, la séance des questions d’actualités au gouvernement s’est, en grande partie, focalisée sur les violences dans les manifestations. Les violences de ce week-end, lors de la mobilisation contre le projet de « méga bassines » à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, ont particulièrement choqué à droite où le souvenir de Notre-Dame-des-Landes reste vif. Alors que le sénateur écologiste Thomas Dossus a demandé au ministre de l’intérieur d’expliquer ces violences, Roger Karoutchi considère que « les gendarmes à Sainte-Soline étaient là pour protéger », et rappelle que la manifestation était interdite.
Roger Karoutchi « regrette infiniment que des élus avec écharpes soient allés à des manifestations interdites par le préfet »
Roger Karoutchi se refuse donc à qualifier d’échec la stratégie du maintien de l’ordre du gouvernement considérant que « quand vous respectez la loi il y a peu de chances que ça se passe mal ». La sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie a pourtant interpellé le gouvernement sur des témoignages de personnes ayant subi des violences injustifiées. Des allégations de violences policières écartées par Roger Karoutchi : « Qui imagine dans ce pays que les policiers, gendarmes ou militaires se délectent d’aller massacrer un manifestant ? Bien entendu que ça n’existe pas. »
Roger Karoutchi s’est montré critique sur la présence d’élus aux manifestations de Sainte-Soline et « regrette infiniment que des élus avec écharpes soient allés à des manifestations interdites par le préfet ». Un acte présenté par Thomas Dossus comme une démarche de contrôle de l’action du gouvernement, une vision contestée par Roger Karoutchi qui estime que « contrôler l’action du gouvernement ce n’est pas participer à des manifestations ».
« On nous dit constamment qu’on va faire des majorités sur des projets, pour le moment je ne vois rien »
Le soutien au gouvernement pour sa doctrine de maintien de l’ordre a laissé place à une position plus critique sur la capacité d’Élisabeth Borne à gouverner après la réforme des retraites. « J’entends le gouvernement et le président de la République parler de majorité sur des textes depuis juin dernier », soupire Roger Karoutchi. Si le gouvernement n’avait pas vraiment le choix, en l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, le discours de la première ministre peine à convaincre. « On nous dit constamment qu’on va faire des majorités sur des projets, pour le moment je ne vois rien », regrette Roger Karoutchi.
Alors que la réforme des retraites était perçue par la majorité présidentielle comme une possibilité de construire une majorité avec la droite sénatoriale, la méthode ne convainc pas. « Si vous voulez faire avancer les choses, il faut dire aux formations politiques : sur quoi voulez-vous travailler, quels sont les textes que vous souhaitez et dans quelles conditions », critique Roger Karoutchi. Le gouvernement, après avoir eu recours à l’article 49 alinéa 3, n’avait pas manqué de critiquer « l’irresponsabilité » des oppositions. Néanmoins, pour Roger Karoutchi, le gouvernement ne peut pas dire « je fais ce que je veux et je vous demande de bien vouloir le voter ».