La passe d’armes se poursuit. Depuis le choix du Parti socialiste de ne pas voter la censure du gouvernement de François Bayrou, jeudi, socialistes et insoumis se rendent coup pour coup par médias interposés. Invité de Public Sénat ce lundi 20 janvier, Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, a insisté à son tour sur les désaccords entre les deux formations, toutes deux réunies au sein du Nouveau Front populaire. Selon lui, le PS a accepté « une reculade » en n’appuyant pas la motion de censure, ce « qui permet à François Bayrou de continuer à appliquer la politique d’Emmanuel Macron ».
Dimanche, le fondateur de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, avait déjà taclé la stratégie des socialistes. « Le Parti socialiste n’est plus un partenaire, c’est un allié. Et encore, de circonstance », avait-il ainsi justifié sur RTL/Public Sénat. L’ex-candidat à la présidentielle a également visé lors de cette prise de parole François Hollande, qualifié de « machine à tromper ». Une réaction aux propos, le même jour, de l’ancien chef de l’État dans une interview accordée à La Tribune dimanche. Ce dernier y affirmait que les socialistes, n’ayant pas voté la censure, constituaient dorénavant « le pôle central de l’Assemblée » et détenaient « la clé jusqu’en 2027 ».
Revenir au pouvoir, « l’obsession » de François Hollande, selon Eric Coquerel
Une déclaration critiquée par Eric Coquerel. « Avec François Hollande, ils vont peut-être redevenir un des pôles de la majorité macroniste », déclare le président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale. Pour lui, l’ex-président de la République (2012 – 2017) « a fait le choix du NFP par opportunisme » lors des dernières élections législatives et « n’a jamais adhéré au programme de rupture » proposé par l’union de la gauche. « François Hollande est là pour en finir avec le NFP et favoriser une politique qu’il a lui-même suscitée par son quinquennat et qu’il nous a donnée avec Emmanuel Macron », poursuit-il.
D’après le député de Seine-Saint-Denis, le positionnement de François Hollande ces derniers jours est lié à une anticipation d’un scrutin présidentiel. « Tout le monde sait que François Hollande ne pense qu’à (…) se représenter », pointe Eric Coquerel. « François Hollande, que je sache, n’est même pas majoritaire au Parti socialiste. Mais manifestement, c’est son obsession. Il est prêt pour ça à diviser le NFP et à laisser vivre le macronisme. » En cas d’élection présidentielle anticipée, l’élu insoumis attend de son côté la présence d’« un candidat qui représentera, je l’espère, tout le NFP ».
Alors que les débats sur le projet de loi de finances se poursuivent au Sénat cette semaine, Eric Coquerel espère que le groupe socialiste s’opposera au gouvernement au retour du texte à l’Assemblée nationale. « Si les socialistes ne votent pas la motion de censure au moment de l’examen du budget, à partir de là, on ne peut plus avoir confiance » car « ils seront repartis dans le hollandisme », développe-t-il. « Ce n’est pas nous qui divisons le NFP et qui choisissons de laisser vivre le macronisme pendant trois ans. » L’élu appelle à une prochaine rencontre entre socialistes et insoumis « pour mettre les points sur les i » sur leurs positions respectives.