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Tendre la main à de nouvelles alliances : les limites du nouveau pari d’Emmanuel Macron
Par François Vignal
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Promis, il ne va pas faire campagne. Mais c’est encore lui, Emmanuel Macron, qui a donné la ligne pour son camp, en vue de la campagne expresse pour les législatives des 30 juin et 7 juillet. Trois jours après avoir subitement écroulé le château de cartes, en annonçant une dissolution surprise qui place le pays face au vertige d’une possible victoire de l’extrême droite, le chef de l’Etat a tenté de convaincre, lors d’une conférence de presse, du sens d’un acte qui paraît encore incompréhensible à une partie des Français.
La dissolution, « une décision rationnelle » et « un choix maîtrisé », assure l’Elysée
« Ne pas rester sourd », « des extrêmes à plus de 50% », chercher « un moment de clarification » : pour Emmanuel Macron, la dissolution s’imposait. Face aux doutes – nombreux – que suscite la dissolution, on sent le besoin de préciser, à l’Elysée, que « c’est une décision qui est rationnelle. Il n’a pas réagi sous le coup de l’émotion », soutient l’entourage du Président… Face à une dissolution qui paraissait « inéluctable », après le vote probable d’une motion de censure lors du budget, on assure que « c’est un choix maîtrisé ». Si le pilote pense maîtriser, reste qu’il donne sauvagement l’impression d’être pied au plancher en plein brouillard… avec tout le pays qui suit derrière.
Pour espérer s’en sortir, Emmanuel Macron met sur la table l’idée d’une nouvelle majorité. Encore devrait-on dire. Mais cette fois, au pied du mur, il propose de vrais compromis, un peu comme la démocratie allemande nous a habitués. Mais difficile de changer de culture politique en un mois.
« Ce n’est pas un programme fermé »
Il appelle « les femmes et les hommes de bonne volonté, qui assument de dire non aux extrêmes », à « bâtir en commun un projet sincère pour le pays ». « Je dis rassemblement, et non se rallier », précise le locataire de l’Elysée. Autrement dit, les oppositions n’ont pas comme unique choix de se rallier à son panache blanc. Ces alliés potentiels, il les nomme : « Je suis convaincu que des socio-démocrates, des radicaux, des démocrates-chrétiens, des écologistes, ceux qui ne se retrouvent pas dans les extrêmes » ou encore « les gaullistes » pourront « bâtir un projet nouveau, une fédération de projets pour gouverner ».
Fédération de projets, un nouveau concept qui fait penser à une fédération d’Etats Nations, où chaque pays/parti reste ce qu’il est, avec son histoire, tout en s’unissant sur quelques grands principes, « des valeurs ». On comprend que dans « le jour d’après » la dissolution et les législatives, les forces alliées n’auraient pas à se dissoudre dans un grand parti unique présidentiel.
Emmanuel Macron lâche quelques mots clefs : il parle d’« un accord de gouvernement, de plateforme d’action ». « Ce n’est pas un programme fermé », « il y a des discussions possibles, avant et après » les législatives. Et « il faut gouverner différemment, avec respect, calme ». On pourrait ajouter, « c’est ne pas bibi ou le chaos ».
« Une vraie rupture par rapport à ce qu’il s’est passé avant »
On serait tenté de le croire. Mais Emmanuel Macron avait déjà tendu la main après les législatives de 2022. Il avait déjà chargé Elisabeth Borne d’élargir la majorité. Et rien ne tout cela ne s’est passé. « En 2022, on lui avait reproché un peu de ne pas le faire » vraiment, reconnaît l’entourage du chef de l’Etat, qui assure qu’aujourd’hui, la donne a changé, la volonté de discuter et de trouver des compromis est réelle : « C’est une vraie rupture par rapport à ce qu’il s’est passé avant », « il peut y avoir de la coconstruction », assure un proche d’Emmanuel Macron.
Un « travail, qui peut être un peu long, et durer au-delà du premier tour » des législatives. Cette base de projet, qu’a présentée Emmanuel Macron ce matin, n’est pas à prendre ou à laisser. « Il est prêt à l’enrichir, à l’amender », assure encore l’entourage du Président, « le projet peut être modifié substantiellement ».
L’union de la gauche, un problème… ou une chance pour Emmanuel Macron ?
Reste qu’avant d’obtenir un « deal », il y a du chemin. Car la suite des événements reste à écrire. Et chaque jour, c’est une nouvelle surprise. A gauche, la Nupes, devenu Nouveau front populaire, renaît de ses cendres, compliquant sérieusement le jeu pour un Emmanuel Macron qui devait miser sur la division de LFI et du reste de la gauche. Elle aurait facilité la qualification de ses candidats pour le second tour des législatives, et augmenté ainsi les chances de gagner des sièges. Ces gauches sont réconciliables, malgré Gaza, malgré l’Ukraine, même si la fin de l’histoire n’est ici pas totalement écrite.
Mais pour Emmanuel Macron, l’union de la gauche peut inversement être aussi une chance. Dans le camp macroniste, on vise ici l’électorat sociale-démocrate. « On a intérêt à parler aux déçus de Raphaël Glucksmann. Quand on a dit que c’était l’arbre qui cache la Nupes, on ne s’est pas trompé. Il faut parler à ceux qui ne se reconnaissent ni dans l’alliance LR-RN, ni dans l’alliance Nupes », avance un responsable de Renaissance, qui demande « comment un électeur de Glucksmann peut voter LFI. On va dire à ces électeurs pro européens qu’on peut se retrouver sur un compromis ». Le même remarque qu’au fond, « il y avait deux campagnes qui se ressemblaient », celle du leader de Place Publique et celle de Valérie Hayer, reprenant la thématique du début de campagne des européennes.
Emmanuel Macron salue lui-même « Raphaël Glucksmann, qui a mené une campagne vraiment respectable, digne »
Emmanuel Macron lui-même a salué ce matin « Raphaël Glucksmann, qui a mené une campagne vraiment respectable, digne, avec beaucoup d’idées fortes »… Il est à deux doigts de nous dire qu’il a voté pour lui. Celui qui était la tête de liste PS-Place Publique fait clairement partie des personnalités qu’espère attirer l’Elysée. « Quelqu’un comme Raphaël Glucksmann, évidemment qu’il pourrait avoir sa place, comme d’autres », lâche-t-on dans l’entourage du Président. On cite aussi les noms de Bernard Cazeneuve ou d’Anne Hidalgo, qui ne se retrouvent pas dans le nouvel accord avec LFI. A l’Elysée, on pense même que « au sein du Front populaire, plusieurs y vont, mais ils pourront venir (vers nous), à la fin, dans une majorité républicaine », à condition d’« être clair » sur le projet et les valeurs. « Et il peut y en avoir quelques-uns qui n’auront pas de candidat en face », confirme-t-on.
Mais pour négocier ce projet, quel numéro de téléphone ? Olivier Faure qui vient de signer l’accord avec le reste de la gauche ? Pas possible. Alors les quelques individualités socialistes qui seraient prêtes à rejoindre le navire ? Dans ce cas, on revient plus dans du débauchage. Au nom de quoi, et de qui, pourront-ils demander de revoir la réforme de l’assurance chômage, sujet sur lequel Emmanuel Macron est prêt à négocier ? Tout dépendra de leur nombre en réalité.
Les LR vont y réfléchir à deux fois avant de « toper » avec Emmanuel Macron
A droite, l’alliance entre LR et RN, voulue par un Eric Ciotti plus isolé que jamais, pourrait sur le papier attirer vers la majorité quelques élus. Emmanuel Macron a d’ailleurs bien souligné que « le Président LR du Sénat, la totalité des sénateurs LR, la quasi-totalité des députés LR, ont dit « pas nous ». Ils devraient essayer de prendre une initiative politique pour dire, voilà notre offre », avance le chef de l’Etat. Dans l’entourage du Président, on remarque que si Gérard Larcher a rejeté l’idée de coalition, « c’était avant la dissolution ». Autrement dit, la donne a changé. Mais Gérard Larcher, attendue au 20 heures de TF1 ce mercredi soir, a de nouveau critiqué mardi l’idée de coalition, du moins pas « sans accord politique préalable ».
Mais cet instinct de survie, dont viennent de faire preuve les derniers chapeaux à plume LR, en refusant unanimement l’aventure solitaire d’Eric Ciotti et en excluant du parti son président – du jamais vu – pourrait pousser la droite à continuer sur une ligne d’autonomie. Le parti n’explose pas, pour l’heure. C’est celui à sa tête qui implose. Dans la perspective de 2027, les LR vont y réfléchir à deux fois avant de « toper » avec Emmanuel Macron, même sur la base d’un accord de gouvernement. Ou alors, ce sera à leurs conditions. Mais dans ce cas, la cohabitation avec le RN à laquelle le chef de l’Etat aura échappé sera remplacé par une quasi-cohabitation avec LR. Dans ces conditions, attirer des socio-démocrates ou des écologistes sera encore plus difficile. Emmanuel Macron touche du doigt ici les limites intrinsèques du macronisme. C’est cette transgression des clivages gauche/droite qui l’a porté au pouvoir. C’est peut-être cet ADN macroniste qui pourrait aujourd’hui lui faire perdre.
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