Laurent Fabius, Lionel Jospin, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Jean-Pierre Bel, Ségolène Royal, Édith Cresson, les deux présidents des groupes socialistes du Parlement, Patrick Kanner et Boris Vallaud… le gratin du parti socialiste, passé et présent, était présent l’espace de quelques heures au Sénat, pour un hommage à l’ancien sénateur et ministre, Robert Badinter, organisé par l’Institut François Mitterrand en présence d’Élisabeth Badinter.
Malgré nos tentatives, François Hollande et Bernard Cazeneuve seront restés muets lorsqu’on les interroge sur la question politique du moment, à savoir la composition du nouveau gouvernement. « Nous sommes souvent ensemble avec Boris (Vallaud) en cette période. Il doit y avoir un évènement particulier qui anime la vie politique française », souligne pourtant, amusé, Patrick Kanner avant l’intervention « des grands témoins » qui ont fait appel, durant leur carrière politique, à Robert Badinter, ancien sénateur et garde des Sceaux.
Parmi eux, François Hollande rappelle que Robert Badinter, en 2016, avait été chargé de remettre un rapport au Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, sur la réforme du code du travail. « Celle qui simplifie, qui allège, qui donne de grands principes […] Ce travail a-t-il été traduit comme il convenait ? Je laisse aux historiens […] faire la lumière sur ce sujet », avance dans un sourire, le député de Corrèze.
« Il faut parfois utiliser la force si l’on veut que le droit l’emporte »
L’ancien chef d’Etat indique aussi que Robert Badinter « l’appuyait sur les choix » qu’il avait à faire en matière de politique étrangère, « notamment sur la situation en Ukraine et en Syrie ». Au lendemain de la chute du dictateur Bachar al-Assad, François Hollande rappelle l’un des regrets de son quinquennat. En 2013, les preuves de l’usage d’armes chimiques par le dirigeant syrien sur sa population avaient conduit la France et les Etats-Unis à prendre la décision de frapper militairement le régime de Damas. Mais au dernier moment, le président des Etats-Unis avait fait volte-face.
« En 2013, il eut été possible de le renverser (Bachar al-Assad), si Barack Obama nous avait suivis. Ce qui veut dire qu’il y a des interventions qu’il ne faut pas faire, parce qu’elles peuvent avoir des conséquences graves, c’est ce qui produit en Irak. Et il y a des interventions qu’il faut faire malgré toute la réticence que nous avons à utiliser la force quand nous défendons le droit. Mais il faut parfois utiliser la force si l’on veut que le droit l’emporte », a-t-il préconisé.