La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Sur la route des sénatoriales dans le Nord, la multiplication des listes crée la confusion
Par François Vignal
Publié le
La température monte. A un peu plus de deux semaines des élections sénatoriales du 24 septembre, les candidats sont dans la dernière ligne droite. Dans le Nord, les 11 sièges à pouvoir suscitent des vocations. Aux dernières nouvelles, on compte 16 ou 17 listes. Un candidat évoque même 18 rendez-vous pris en préfecture… Les candidats ont jusqu’à ce vendredi, 18 heures, pour déposer leur liste.
Une campagne en minibus pour le sénateur PS Patrick Kanner
Une profusion de listes qui crée une forme d’incertitude. Les calculs habituels sur le nombre de voix possibles sont devenus plus difficiles. De quoi donner peut-être quelques coups de chaud. Et ce n’est pas que le soleil, qui tape fort ce mercredi, à l’heure du déjeuner, à Saint-Python, commune rurale de la région de Cambrai. C’est ici que Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat, nous a donné rendez-vous. En toile de fond, les pales des éoliennes, nombreuses sur cette terre plate qu’est le Nord, dépassent au-dessus des maisons en brique. Les tracteurs et les camions se succèdent devant la mairie, qui jouxte l’église.
Le sénateur PS du Nord, qui mène à nouveau sa liste, arrive… en minibus. « C’est le même qu’en 2017 », raconte le sénateur, à peine descendu. « C’est notre local de campagne et notre kakémono ambulant », sourit Patrick Kanner. De quoi parcourir une partie des 648 communes du département, long de 220 km.
« L’alliance de circonstance de la Nupes pour les législatives ne se retrouve pas localement », selon la socialiste Audrey Linkenheld
Il est accompagné de la seconde de liste, Audrey Linkenheld, première adjointe de Martine Aubry à la mairie de Lille, et vice-présidente à la métropole, qui compte être élue. Si les relations entre Patrick Kanner et Martine Aubry n’ont pas toujours été bonnes, c’est le cas de le dire, sa présence aidera certainement à ramener des grands électeurs, au nombre 5.899 dans le Nord. Être élu de Lille, « ça pèse », résume cette proche de la maire de la capitale des Flandres.
L’autre sénatrice PS sortante, Martine Filleul, en a fait les frais. Les militants ont validé la liste officielle où elle ne figure pas. Elle a donc décidé de lancer la sienne, compliquant les choses pour Patrick Kanner. « J’ai été évincée de la liste socialiste. Cela m’a rendu ma liberté », défend-elle. « Je tente ma chance et nous jugerons si les électeurs considèrent que j’ai été bonne sénatrice », explique Martine Filleul. « Il faut respecter les règles de son parti », dit de son côté Patrick Kanner, « et personne n’est propriétaire de son mandat ». Pour compliquer un peu plus le jeu à gauche, EELV a aussi sa propre liste, avec Céline Scavennec, et la petite dernière vient de LFI, avec le député Ugo Bernalicis à sa tête. Pas de quoi faire un siège, mais il entend porter les couleurs de la Nupes. Si le PS a conclu un accord avec EELV et le PCF dans de nombreux départements, rien avec Les Insoumis, qui pèsent très peu en termes de grands électeurs. « L’alliance de circonstance pour les législatives ne se retrouve pas localement », pointe Audrey Linkenheld, qui avait perdu lors des législatives de 2017 face à… Ugo Bernalicis.
« Championnat du monde du décorticage de crevette »
« Il y avait déjà une liste dissidente PS il y a 6 ans et plusieurs listes de gauche », tempère Patrick Kanner. Autrement dit, pas de quoi couper l’appétit. Le président de groupe et ses colistiers sont attablés sur la terrasse du Rossignol, avec le maire de Saint-Python, George Flamengt. Cet ancien du PS, qui en est à son cinquième mandat, occupe la neuvième place de la liste. « Pour les personnes âgées, c’est important de s’hydrater. Pour moi, ce sera une bière ! » sourit l’élu, qui n’hésite pas, pour se protéger du soleil, à mettre sur la tête le document de campagne du sénateur.
Une campagne pas comme les autres où « l’alchimie du contact individuel » et la proximité jouent à plein. Patrick Kanner enchaîne « les fêtes locales : Fête de la fraise, Fête de l’ail, Fête de la rhubarbe » et même… « championnat du monde du décorticage de crevette, à Leffrinckoucke ». Il ne faut rien laisser au hasard.
« Je vais te laisser mon numéro »
Quand il rencontre des maires, qui sont les grands électeurs des sénateurs, les questions liées aux collectivités occupent bien sûr le haut de la pile. Vérification à quelques kilomètres de là, à Bermerain, avec le maire sans étiquette, Yvan Bruniau. « Mon souci, ce sont les finances », explique celui qui a déjà reçu « 5-6 candidats. Ça devient illisible toutes ces listes ». Pour occuper un bureau de La Poste vacant, il a pour projet de regrouper dans le même bâtiment la maternelle et la primaire, aujourd’hui séparées. Un projet à « 2 millions d’euros », quand son budget d’investissement est de « 800.000 euros par an ». « J’ai eu 0 euro de l’Etat cette année », regrette le maire de cette commune de 750 habitants, qui ajoute :
Pour tenter de débloquer le dossier, « je peux bouger auprès du sous-préfet ou du préfet », lui glisse Patrick Kanner. Quand la fin de la rencontre arrive, l’élu s’interroge : « On vous revoit après ? » « Oui », promet le socialiste, « je vais te laisser mon numéro de téléphone », lui assure-t-il, avant de remonter dans le bus. Une réunion est prévue dans la soirée avec d’autres élus sur le thème des déserts médicaux, avec le député Guillaume Garot. « On va rentrer à Lille à 23 heures ».
« Jean-Louis Borloo, c’est un ami intime, ce n’est pas un secret », glisse le sénateur LR Marc-Philippe Daubresse
Un quart d’heure de départementale au milieu des champs et des éoliennes, on arrive à Préseau, près de Valenciennes. Sous la torpeur estivale tardive, le calme règne dans cette commune de 2.000 habitants. Un autre candidat arrive : c’est Marc-Philippe Daubresse. Sénateur LR sortant, il se représente, en compagnie de Brigitte Lherbier, l’autre sortante. Chacun espère garder son siège. Il a pris rendez-vous avec Sandrine François-Lagny, élue depuis 2014. « Encartée UDI à un moment », elle est aujourd’hui sans étiquette. « J’ai reçu une dizaine de demandes de rendez-vous, j’ai reçu 5 candidats », raconte celle qui est aussi professeure d’histoire-géographie et d’éducation civique. « Je recherche le contraire de la politique politicienne. C’est ce qui tue la France », lance la maire, dont la commune voit l’arrivée de familles travaillant à Valenciennes, à moins de 10 km.
A peine assis dans le bureau de la maire, Marc-Philippe Daubresse va droit au but. « Je suis très proche du président du Sénat, Gérard Larcher », commence-t-il, en regardant droit dans les yeux, avant de lâcher les mots qui font tilt dans ce territoire. « J’ai été secrétaire d’Etat au Logement auprès de Jean-Louis Borloo. On était avec d’autres ce qu’on appelait le « baobab », la boîte à outils de Jean-Louis Borloo », lance-t-il, « c’est un ami intime, ce n’est pas un secret ».
Le centriste a été maire de Valenciennes pendant 13 ans. L’empreinte qu’il a laissée est forte. Sandrine François-Lagny ne tarit pas d’éloge : « Jean-Louis, c’est un mythe. C’est une légende, mais réelle ! » « J’ai appris beaucoup avec Jean-Louis », rebondit Marc-Philippe Daubresse, dont le grand-père était fondateur des jardins ouvriers du Valenciennois.
« Trois chouettes et trois têtards »
Le sénateur LR parle, comme tous les candidats, des collectivités. « On ne peut pas construire avec cette bureaucratie, qui va du haut vers le bas. Les élus n’en peuvent plus. Et là, on ajoute la transition écologique. Et je fais des ZAN (zéro artificialisation nette), et je fais des ZFE (zone à faibles émissions), avec des objectifs louables, mais… » pointe le candidat, raillant aussi les « trois chouettes et trois têtards » à sauver. S’ajoutent selon le candidat LR « les contraintes financières de plus en plus fortes, avec l’argent qui va aller sur la transition écologique. Et on va s’épuiser pour peu de résultats ».
Pour Marc-Philippe Daubresse, il faut à l’inverse aller « du bas vers le haut ». Il défend la mise en place de « contrats territoriaux. Il faut tout centraliser à l’échelle de l’intercommunalité, et avoir une pompe à finances unique, avec les différents financeurs qui se voient ensemble ». Il ajoute : « Je pourrais vous dire je vais appeler le préfet, mais je pense qu’il faut mettre un coup de pied dans la fourmilière ».
Maire « agressé physiquement au moment des émeutes »
Le candidat LR parle aussi de « rétablissement de l’autorité » et évoque sa rencontre, une heure plus tôt, avec le maire d’Aubry-du-Hainaut, « agressé physiquement au moment des émeutes, à côté de sa maison. On a démoli sa voiture ».
Madame la maire acquiesce et semble plutôt conquise par le discours. « J’approuve », réagit Sandrine François-Lagny, qui aimerait avoir « des échanges plus fluides entre élus de la Nation et les maires, qui devrait participer à la construction législative ».
C’est déjà la fin de ce speed dating politique, contraint par un emploi du temps chargé. Marc-Philippe Daubresse doit filer près de Lille, où il tient une réunion à Mouvaux. Il y attend près d’une cinquantaine de grands électeurs. Ce sera « le même topo », mais avec « des problématiques très urbaines, la question des finances ».
Si les rendez-vous s’enchaînent, la fin de campagne de Marc-Philippe Daubresse se retrouve en partie polluée par une affaire révélée la semaine dernière par La Voix du Nord (lire ici). Il se retrouve mis en examen, depuis plusieurs mois, pour prise illégale d’intérêt dans une enquête sur un marché public, qui remonte à 2017, lorsqu’il était encore maire de Lambersart. « Tout soupçon est écarté. C’est une peau de banane. Ça fera plouf à la fin », soutient le sénateur LR. Pointant la plainte « d’un ennemi intime », il assure qu’« on ne (lui) en parle quasiment pas » dans la campagne. Marc-Philippe Daubresse monte dans la voiture qui l’attend. Encore une heure de trajet devant lui et la route est chargée.
« Difficile de dégager une tendance », reconnaît le communiste Eric Bocquet
Autre réunion, mais pas le même public. C’est aussi du côté de la métropole que le sénateur communiste, Eric Bocquet, organise en début de soirée une rencontre avec les élus de plusieurs communes. L’invitation se fait à la mairie d’Anstaing, commune située à cheval entre zone urbaine et champs de maïs. A sa tête, Etienne Dumoulin, sympathisant communiste, présent en cinquième position sur la liste. Dans la salle grande ouverte, la chaleur se fait pesante. Elle se remplit petit à petit avec une vingtaine d’élus.
Dans ce scrutin, Eric Bocquet confirme la part d’incertitude que tous ressentent « Il y a 40 % de nouveaux conseillers municipaux. Comment vont-ils se déterminer ? Difficile de dégager une tendance. Je le dis avec beaucoup d’humilité. Mais on est mobilisés pour garder nos deux sièges », avance le sénateur PCF du Nord. « Ce n’est plus autant politisé. Sur les professions de foi, il n’y a plus les étiquettes politiques, à droite surtout », ajoute avec l’autre sortante PCF, Michelle Gréaume, en deuxième place sur la liste.
« C’est une élection politique. Ce n’est pas un gros mot »
S’ils parlent comme tous les candidats des enjeux des collectivités, Eric Bocquet fait figure d’exception : malgré une forme de dépolitisation, il ne gomme pas pour autant son discours de militant communiste. « Le dogme absolu, c’est la réduction des dépenses publiques, c’est en raison de cette dette qu’on impose la réforme des retraites, de l’assurance chômage et les restrictions des dépenses pour les communes », commence le sénateur dès le début de la réunion. Il fait le lien avec les fermetures des bureaux de Poste, « soumis aux logiques marchandes. Et comme l’activité est réduite, on dit au maire qu’on va fermer le bureau le matin ». Les sénatoriales, « c’est une élection politique. Ce n’est pas un gros mot », revendique Eric Bocquet. Insistant sur l’importance du « statut de l’élu », Michelle Gréaume souligne au passage qu’elle est « fille d’ouvrière. Et s’il n’y a qu’une catégorie de personne qui arrive au Sénat, ce ne sera pas bon ».
Un dialogue s’ouvre avec les conseillers municipaux présents. Le premier interroge les sénateurs sur « le rôle du Sénat. On a du mal… Un jeune de 20 ans sait ce qu’est un député. Pas un sénateur ». La réunion politique se transforme en petit cours pédagogique. Eric Bocquet rappelle que la Haute assemblée « vote la loi, contrôle le gouvernement », « il y a aussi les questions d’actualité au gouvernement, qui sont un peu trop codifiées ». Il évoque bien sûr « les commissions d’enquête, ce que je préfère dans le travail du Parlement ». Eric Bocquet s’est fait remarquer ainsi par son travail sur l’évasion fiscale. « Ça a changé ma vision du monde », lâche le communiste. Il espère pouvoir continuer à siéger en septembre prochain : « On a 450/500 grands électeurs communistes. C’est le socle. La fois dernière, on a fait 749 voix. Et on a eu le second siège avec 379 votes. C’est là qu’une voix peut faire un siège ».
« Les sénatoriales, c’est une campagne de soft power » selon le sénateur UDI Olivier Henno
Chaque voix comptera aussi au centre droit, où c’est un sérieux embouteillage. On compte pas moins de trois listes dans le Nord… Le sortant Olivier Henno, sénateur UDI, qui compte aussi des LR sur sa liste, Guislain Cambier, vice-président UDI de Xavier Bertrand à la région, chargé de l’aménagement du territoire, et Marie-Hélène Quatrebœufs, une conseillère départementale UDI.
Et on peut encore en ajouter. « Entre le sénateur Dany Wattebled, qui était à l’UDI, Marc-Philippe Daubresse, qui était à l’UDF, comme moi, on est tous cousin, au centre-droit et à droite », reconnaît Olivier Henno. Plus que la spécificité centriste, Olivier Henno mise sur « le concept de majorité sénatoriale, qui parle ». « Ça n’aurait pas de sens de s’inscrire dans une logique canal historique. Ce n’est pas notre stratégie de campagne, d’autant que nos soutiens sont divers : Gérard Larcher, et surtout Xavier Bertrand, ou le maire de Cambrai ».
S’il s’inscrit moins dans une logique purement centriste, c’est aussi parce que « le poids des partis est devenu beaucoup moins fort, d’où la profusion des listes. Même les consignes au sein des conseils municipaux, on ne les voit plus. Autrefois, vous aviez le soutien du maire, vous aviez de grandes chances d’avoir ses délégués. Mais ce n’est plus comme ça. Chacun joue sa chance ». « Les sénatoriales, c’est une campagne de soft power », continue Olivier Henno, « c’est pour ça que c’est plus ouvert et qu’il y a plus de candidats ».
Embouteillage à l’UDI
Le sortant doit faire face à la candidature de Guislain Cambier, chargé de l’aménagement du territoire à la région, et surtout soutenu par l’autre sortante UDI, Valérie Létard, qui ne se représente pas. « Le corps électoral a beaucoup changé et il faut être en adéquation. Valérie Létard a bien senti cela, et a décidé de passer le témoin, avec cette idée de renouvellement. On est compagnons de route depuis des années et elle a choisi de soutenir notre équipe. Elle préside notre comité de soutien », explique Guislain Cambier, fort aussi de l’appui de l’ancien maire de Valenciennes :
S’il laisse bien sûr les grands électeurs trancher, son « objectif est d’apporter deux sièges au groupe Union centriste, car notre positionnement est clair. On ne va pas se cacher derrière notre petit doigt ».
Dany Wattebled assure avoir vu « tous les 648 maires plusieurs fois » durant son mandat
Il y a un candidat qui compte bien faire au moins deux sièges aussi : c’est Dany Wattebled. Il siège au groupe Les Indépendants, présidé par Claude Malhuret, membre d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe. Le candidat lui n’est pas encarté et se place au-dessus des partis dans cette campagne, ce qui irrite plusieurs candidats – « il a voté la retraite à 64 ans », rappelle Patrick Kanner. « On fait ce qu’on sait faire, le terrain », explique benoîtement Dany Wattebled. Il a sur sa liste, en position non-éligible, le sénateur Jean-Pierre Decool, qui siège aussi chez Les Indépendants, et surtout deux soutiens de poids : le président divers droite du conseil départemental, Christian Poiret, qui occupe la dernière place de la liste, et Damien Castelain, président de la Métropole européenne de Lille (MEL), à la cinquième.
« Je n’ai pas d’objectif. Il sera fixé par les grands électeurs. Mais j’espère quelque chose de bien. Je pense qu’il va se passer de belles choses… » lance le candidat. « J’ai beaucoup de respect pour les partis politiques, mais aujourd’hui, on voit où ils en sont lors des présidentielles. C’est nécessaire, mais on a l’impression que les partis n’existent qu’au moment des élections. Ça parle beaucoup aux maires qui ont fait des listes d’intérêt général », soutient Dany Wattebled, qui entend « redonner absolument à l’élu local son pouvoir ». Il devra cependant faire avec la liste de Luc Waymel, l’ancien président des maires ruraux du Nord, présent sur la liste de Patrick Kanner en 2017. Il pourrait lui faire de la concurrence.
« Accélérer des dossiers avec les services de l’Etat ou le préfet »
Celui qui se targue d’avoir « aidé beaucoup de mairies pour accélérer des dossiers, avec les services de l’Etat ou le préfet », revendique le rôle de « médiateur ». Dany Wattebled assure avoir vu « tous les maires, qui sont 648, plusieurs fois » durant ses six ans de mandat. « On est au service de », lance le candidat, dont on dit que le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, soutient officieusement sa candidature.
« Tout ça ce sont des fantasmes », s’agace Frédéric Marchand, sénateur Renaissance du Nord, candidat à sa réélection. « On a une réunion organisée avec les grands électeurs Renaissance le 15 septembre. Je pense qu’il va s’exprimer, je n’ai pas de soucis. Gérald Darmanin est président de Renaissance Nord », rappelle le candidat macroniste.
« Le be to be, c’est le meilleur levier. Les grands électeurs n’ont pas très envie de s’afficher », selon Frédéric Marchand (Renaissance)
Dans cette campagne, il mise sur des rencontres en tête à tête. « Le be to be, c’est le meilleur levier. Les grands électeurs n’ont pas très envie de s’afficher », explique Frédéric Marchand. « Je n’ai délibérément pas opté pour un catalogue de La Redoute avec des propositions démagogiques, sur la protection de l’élu, le statut de l’élu, la vie de l’élu et la décentralisation. C’est un peu se foutre du monde et les électeurs s’en rendent bien compte. J’axe surtout sur les partenariats Etat/collectivité. Je me considère comme un mécanicien du quotidien », avance le candidat, qui évoque « un maire qui veut transformer un presbytère en café. Il y a justement un dispositif sur les “1000 cafés”, lancé par Emmanuel Macron ».
Il bénéficie du soutien de l’ex-sénateur UMP et ancien président du département, Jean-René Lecerf, présent sur sa liste. Mais ce qui n’arrange pas les affaires de Frédéric Marchand, c’est la candidature de Franck Dhersin, membre d’Horizons. Une concurrence au sein de la majorité présidentielle qui fait mauvais genre. « Il n’a jamais été investi par Horizon », rappelle le sénateur Renaissance, qui ajoute :
Franck Dhersin, vice-président à la région chargé des transports, récuse toute division, car il ne se place pas tout à fait dans la majorité présidentielle… « Je ne suis pas macroniste, je suis philippiste. Et à la région Hauts-de-France, je suis un ami très fidèle de Xavier Bertrand. J’ai la plus grosse vice-présidence », s’enorgueillit le candidat, qui continue : « J’ai voté deux fois Macron car je ne veux pas de Le Pen. Mais je ne suis pas un fervent macroniste, non. Et moi je travaille pour la suite. Et pour moi, c’est Edouard Philippe, président de la République. Je vais l’aider. Macron va finir son mandat. Je suis Philippe à fond. Donc je n’estime pas qu’il y a division ».
« Je ne suis pas macroniste, je suis philippiste », lance Franck Dhersin (Horizons)
Maire « depuis 32 ans » de Téteghem-Coudekerque-Village, près de Dunkerque, cet ancien député reconnaît ne pas être « officiellement soutenu par Horizons. Mais Edouard est venu me voir en début d’année ». Une situation avantageuse pour le maire du Havre : en cas de victoire, l’élu pourra grossir les rangs des sénateurs Horizons. En cas de défaite, ce ne sera pas tout à fait celle d’Horizons, puisque Franck Dhersin n’a pas l’investiture…
Ce chiraquien a connu l’ancien premier ministre lors de la création de l’UMP. « On a bossé ensemble ». Lui en était le délégué général, quand Edouard Philippe occupait le poste de directeur général de l’UMP.
« Avec le nombre de listes, je pense que le ticket va descendre à 350 voire 330 voix pour faire un siège », selon le candidat RN, Joshua Hochart
Face à cette profusion de listes, le Rassemblement national (RN) compte tirer son épingle du jeu. La meilleure chance de faire élire un sénateur pour le RN est plutôt dans le département voisin du Pas-de-Calais. Mais Joshua Hochart, qui mène la liste dans le Nord, espère faire son siège.
Sur le papier, il n’a pas assez de grands électeurs. Mais il rappelle qu’en 2017, « on comptait sur 80/100 voix. On en a eu 248 ». Théoriquement, le quotient pour avoir un siège est à 536 voix. Mais avec le calcul à la plus forte moyenne, dans ce département au scrutin proportionnel, le niveau va baisser. « A 400 voix, on est sûr de faire le siège. Mais avec le nombre de listes, je pense que le ticket va descendre à 350 voire 330 voix », avance le candidat RN. Une analyse que partagent d’autres candidats. Ce qui donne quelques espoirs au parti d’extrême droite.
Mais l’ambition du RN pourrait être contrecarrée par une liste Reconquête, apparue il y a peu, qui pourrait, avec comme tête de liste Stéphane Maurice, lui prendre les quelques voix qui lui manqueront. « Leur liste va essayer de récupérer des gens chez nous, et sûrement chez LR. Ce n’est pas de nature à nous inquiéter. On a un très bon accueil depuis le début de la campagne. Je pense que les électeurs iront voter utile. Pas la peine de perdre sa voix », lance Joshua Hochart.
Celui qui est aussi collaborateur de Sébastien Chenu au groupe RN de la région explique que « certains maires nous affirment leur soutien, mais qu’il ne faut pas en parler, pour que l’agglomération ne leur tombe pas dessus et enlève des subventions… Des conseillers municipaux ne veulent pas afficher publiquement leur soutien ». Y aurait-il un vote caché RN aux sénatoriales ? Réponse le 24 septembre.
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