Superprofits des énergéticiens : « C’est de l’argent indu, de l’argent volé sur les factures ou sur les aides de l’Etat », affirme Jean-Philippe Tanguy

Invité de la matinale de Public Sénat, le député du Rassemblement national revient sur la modification du niveau du déficit public. L’élu de la Somme présente les pistes envisagées par son parti, mais cible également l’inaction de Bercy.
Henri Clavier

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“Il a raison de le maintenir, mais il est incapable de le tenir”, estime le député du Rassemblement national et membre de la commission des finances, Jean-Philippe Tanguy, à propos de l’objectif visant à ne pas dépasser les 3% de déficit public en 2027. “On ne nous a rien présenté”, continue l’élu RN qui a participé à une réunion sur l’état des finances publiques ce 28 mars. “Le sentiment que j’ai eu en sortant, c’est que Bruno Le Maire mise sur une relance mondiale de la croissance et qu’il n’a aucune solution en interne”, pointe Jean-Philippe Tanguy.

 

Le RN veut “appliquer une vraie taxe sur les énergéticiens”

 

Pour le député RN, le gouvernement devrait mobiliser de nouvelles recettes pour combler un déficit qui s’élève à 5,5% du PIB pour l’année 2023. En priorité, Jean-Philippe Tanguy souhaite taxer les profits et les marges exagérés réalisés par certains secteurs économiques, notamment celui de l’énergie. “La Cour des comptes vient de nous apprendre que les distributeurs d’énergie avaient fait plus de 30 milliards de surprofits”, en 2022 et en 2023, avance le député du Rassemblement national qui plaide pour une taxe sur ces surprofits. “C’est de l’argent indu, de l’argent volé sur les factures ou sur les aides de l’Etat. Il faut récupérer l’entièreté de ces 30 milliards”, poursuit l’élu de la Somme qui souhaite “appliquer une vraie taxe sur les énergéticiens”. Alors que la taxe actuelle sur les énergéticiens n’a rapporté que 600 millions d’euros en 2023, le ministre des comptes publics Thomas Cazenave confiait, le 27 mars, que le gouvernement était ouvert à une réforme de la taxe.

Si le RN plaide en faveur d’une taxation des marges réalisées par les énergéticiens, Jean-Philippe Tanguy souligne les différences avec la taxe proposée par la gauche sur les superprofits. “Les surprofits, dans le programme du RN, ce sont des profits abusifs. Il y a beaucoup d’exemples de profits indus. Taxer toutes les entreprises par principe ce n’est pas le sujet”, affirme le député de la Somme.

 

“Le déficit de 2023 aurait dû être encore plus important”

 

Malgré cela, Jean-Philippe Tanguy propose également un certain nombre d’économies. L’élu explique même que “le déficit de 2023 aurait dû être encore plus important”. “J’ai demandé au ministre s’il n’avait pas transféré des crédits de décembre à janvier pour limiter le déficit, j’ai vu sur la note obtenue par monsieur Husson qu’il y avait au moins 1,6 milliard de crédits militaires prévus pour décembre transférés en janvier”, ajoute le député de la Somme.

Pour réduire le déficit public, Jean-Philippe Tanguy identifie le fonctionnement de l’administration territoriale comme un poste de dépenses trop important et reprend l’idée de la création d’un poste de conseiller territorial fusionnant conseiller départemental et conseiller régional. “Il y a eu une erreur depuis 30 ans de croire que plus c’est gros moins c’est cher”, estime Jean-Philippe Tanguy en pointant l’échec financier de la réforme territoriale de 2015. Si l’élu RN propose un retour au découpage antérieur, les potentielles économies générées par ces mesures ne sont pas précisées. Interrogé sur la réforme de l’assurance-chômage en préparation, le député du RN rejette cette piste et estime que “la première réforme des dépenses à faire, c’est la priorité nationale sur les aides sociales

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