Après un déplacement au Stade de France la semaine dernière, les sénateurs de la commission des lois et de la culture terminent leurs travaux ce mardi par une série d’auditions. Avant d’entendre les représentants des supporters et le maire de Saint Denis, cet après-midi, c’est Martin Kallen, directeur général de l’UEFA Events qui s’est chargé d’éclairer encore un peu les élus sur la préparation et le déroulement des évènements du 28 mai dernier.
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Pourquoi avoir choisi la France ? Le délai de trois mois pour organiser la finale était-il suffisant ? Pourquoi avoir accepté d’éditer autant de billets papiers ? Ce sont les trois axes de questionnements adressés au représentant de l’UEFA.
« Le président Macron et le gouvernement français n’ont jamais fait de lobbying pour accueillir cette finale »
« Suite à l’invasion de l’Ukraine, il a été décidé de ne plus organiser la finale de la Champions League à Saint-Pétersbourg. Tout le monde a convenu que c’était une excellente décision prise en un temps record », a-t-il rappelé.
Le Stade de France remplissait pour ça les critères. « Il nous fallait un stade d’une capacité de 70 000 places […] libre au 28 mai et la semaine précédente […] dans une ville facile d’accès […] dans un pays qui a l’expérience pour accueillir les grands événements sportifs […] Paris semblait la ville idéale et le Stade de France, le stade idéal ».
« Vous avez dit que vous auriez préféré Wembley (Londres). Pourquoi ? », demande le sénateur LR, Jean-Raymond Hugonet. « Il a une capacité de 90 000 personnes […] C’est le seul avantage. Mais il n’était pas disponible », explique le dirigeant de l’UEFA qui précise un peu plus loin le calendrier.
Le président de l’UEFA s’est entretenu avec Emmanuel Macron le 24 février pour lui indiquer que le choix du Stade de France était entériné. La FFF a été informé le 25 février. « Le président Macron et le gouvernement français n’ont jamais fait de lobbying pour accueillir cette finale », assure-t-il.
Les jours suivants la finale, le ministre de l’Intérieur et le préfet Lallement ont pointé du doigt la responsabilité des supporters anglais assurant que « 30 000 à 40 000 supporters anglais » s’étaient retrouvés au Stade de France, « soit sans billet soit avec des billets falsifiés ». « Une fraude massive et industrielle et organisée de faux billets », avait pointé Gérald Darmanin deux jours après la finale.
Ce chiffre qui peine à être vérifié, interpelle les élus et l’opinion publique. Il n’a pas été confirmé par l’UEFA. « On sait qu’on a eu autour de 2 600 faux billets qui ont été présentés devant les tourniquets. Il y a sûrement eu plus de 2 600 faux billets. Combien ? Nous ne savons pas. Mais on ne croit pas que c’est le chiffre mentionné de 30 à 40 000 ».
Gérald Darmanin avait également mis en avant la demande des supporters de Liverpool d’éditer 22 000 billets qui leur étaient réservés en version papier. Une demande qui a, selon lui, accentué les fraudes.
« Pourquoi avoir accepté ? », demande François-Noël Buffet, président LR de la commission des lois.
« Nous avons pour objectif d’éditer tous les billets en digital. Mais ça nécessite beaucoup de tests pour en arriver là. Trois semaines avant la finale, nous avons discuté avec les deux clubs sur cette question des billets, digitaux ou papier. Nous avons conclu qu’il fallait maintenir des billets papiers parce qu’ils sont vendus par les deux clubs. C’était la seule manière, pour Liverpool, pour vendre les billets à ses supporters ».
Enquête indépendante diligentée par l’UEFA
François-Noël Buffet relance. « Est-ce que pour vous, il est matériellement possible que de vrais billets aient été contrôlés comme invalides ? » Martin Kallen rappelle que les spectateurs devaient activer le Bluetooth de leur téléphone pour activer le QR Code du billet.
Si le représentant de l’UEFA indique que le club de Liverpool les avait alerté en amont d’un risque de faux billet, il relativise grandement l’impact de ces faux billets sur les défaillances survenues lors de l’organisation de la finale. « Les causes sont multiples. Il y a eu la grève des transports qui a changé le flux des supporters. Il y a eu la mauvaise réaction des stadiers et des forces de l’ordre, les problèmes de délinquance aux abords du stade… »
Enfin, l’UEFA a rappelé aux sénateurs qu’ils n’étaient pas les seuls à enquêter sur les incidents de la finale de la Ligue des Champions. Une enquête indépendante vient d’être confiée à un ancien ministre des Sports du Portugal, Tiago Brandão Rodrigues. « Toutes les parties prenantes vont être auditionnées. Tous les sujets seront abordés. Les investigations vont durer au moins trois mois.