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Sondage législatives : pour 71% des Français, l’absence de majorité absolue pour le RN serait la conséquence des désistements

Dans notre dernière étude Odoxa, réalisée pour Mascaret, Public Sénat, la presse quotidienne régionale et le Nouvel Obs, le parti dirigé par Jordan Bardella devrait pâtir des plus de 220 désistements d’entre-deux-tours. « En faisant ce sacrifice et en demandant à leurs électeurs de voter POUR un adversaire politique CONTRE le RN, [les candidats] ont clairement fait bouger les lignes », explique le président de l’institut.
Alexis Graillot

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Le « front républicain » est en panne sèche, mais le « désistement républicain » carbure. C’est le constat fait peu ou prou par la dernière étude de notre partenaire Odoxa, qui conclut sur une baisse significative de la coalition d’extrême-droite à l’Assemblée nationale (210-250 sièges), alors que celle-ci était encore largement dans les clous pour obtenir la majorité absolue, à la veille du 1er tour (265-305 sièges). Le RN et ses alliés se retrouvent désormais talonnés par le Nouveau Front Populaire (140-180 sièges), en légère baisse par rapport à notre précédente étude. La majorité présidentielle profite quant à elle largement de la vague de désistements (115-155 sièges) (lire notre article).

Notre dernier sondage du 27 juin faisait en effet état d’un « renversement » de la stratégie du barrage. En effet, 47 % des sondés s’estimaient prêts à faire barrage au Nouveau Front Populaire, contre 44 % pour le bloc présidentiel … et seulement 41 % pour le RN. En d’autres termes, le parti dirigé par Jordan Bardella constituait la force politique la moins exposée au vote barrage. Une donnée encore impensable il y a quelques années.

La stratégie de désistement, « mathématiquement efficace »

En revanche, le désistement semble bel et bien fonctionner chez les électeurs, puisque le RN se trouve en difficulté dans les configurations où le parti présidentiel ou l’alliance de gauche ont décidé de se retirer. « Un RN à 40% dans une circonscription où Renaissance (33%) et le NFP (27%) se dispute les 60% restants gagne systématiquement au second tour si les deux candidats se maintiennent, alors qu’il a de grandes chances de perdre si l’un des deux se désiste au profit de l’autre », note Gaël Silman, président de l’institut Odoxa.

Une stratégie « mathématiquement efficace » selon le sondeur, puisqu’elle semble avoir un impact non négligeable sur la perception des sondés quant à la victoire du RN. Ainsi, 71% d’entre eux approuvent l’assertion selon laquelle « si le RN ne parvient pas à obtenir la majorité absolue, ce sera la conséquence des « désistements républicains ». Une conviction partagée dans l’ensemble des votants, qu’ils soient électeurs du Nouveau Front Populaire (76%), de la majorité présidentielle (67%), des Républicains (75%), et encore davantage du Rassemblement National (82%). Seuls les abstentionnistes (50%) se montrent plus sceptiques.

Odoxa désistement 1

« Surmobilisation » face au RN

Au-delà même de cette conviction de l’impact des désistements, la majorité des électeurs semble être prête à jouer le jeu. « Ce désistement est redoutablement efficace pour surmobiliser contre le RN », note Gaël Sliman.

Ainsi, si pour 34% des sondés, un « désistement républicain » les incite encore plus à voter pour le RN, contre 32% qui au contraire, sont encouragés à voter pour le candidat qualifié au second tour face au RN, ce chiffre ne doit pas être pris en trompe-l’œil selon le sondeur. « Ce résultat s’explique surtout par l’exaspération que ce « barrage » provoque auprès des électeurs RN eux-mêmes : 71% disent que cela les pousse encore plus à voter RN contre 15% à pencher contre le RN… mais, ils auraient déjà tout autant voté pour le RN au second tour », analyse-t-il. Avant d’ajouter : « A l’inverse, les électeurs réellement concernés, eux, sont bien plus nombreux à dire que cela les mobilise bien pour un vote anti-RN ».

Et en effet, dans les chiffres, ce désistement tourne à plein régime pour les électeurs du NFP, de la majorité présidentielle, et dans une moindre mesure, des LR. Ainsi, les électeurs du NFP qui doivent choisir entre un candidat Ensemble et un candidat RN se déclarent à 64% incités à voter pour le candidat Ensemble, contre seulement 5% pour le candidat RN. La tendance est moins forte, mais toute aussi importante pour les électeurs du bloc central, « qui sont 4 à 5 fois plus nombreux (49% vs 11%) à dire que cela joue bien auprès d’eux pour ce vote de barrage plutôt que contre lui ». Pour les LR, la donne est plus contrariée, puisque seulement 35% d’entre eux se déclarent plus incités à faire barrage au RN, alors que 28% estiment que cela renforce leur volonté de voter en faveur de la coalition d’extrême-droite.

En revanche, pour 23% des sondés, cet appel au barrage n’a aucune incidence sur le choix de leur vote, un pourcentage quasiment identique, qu’il concerne les électeurs du NFP (20%), de la majorité (27%), ou des LR (25%). Seul un électeur sur 10 du RN (11%) estime que cela n’a aucune incidence.

Odoxa désistement 2

Scepticisme face à la dissolution

Enfin, dernier grand enseignement de ce sondage, une écrasante majorité des personnes interrogés (58%) estiment que la France sortira « plutôt affaiblie » de cette période électorale, une tendance décroissante selon que l’on soit placé à gauche ou à droite de l’échiquier politique.  Ainsi, seulement 41% des électeurs du RN partagent cette assertion, alors que les ¾ des électeurs du NFP (74%) le pensent.

« Quelle que soit l’issue du scrutin dimanche, la « clarification » souhaitée par Emmanuel Macron au moment de dissoudre l’Assemblée n’apparaît pas clairement aux yeux des Français », analyse pour sa part, Gaël Sliman.

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