Jordan Bardella sera-t-il à Matignon ce lundi 8 juillet, en lieu et place de Gabriel Attal ? Cette perspective semble s’éloigner jour après jour dans cet entre-deux-tours, avec le retrait de 224 candidats qualifiés, la plupart pour faire barrage au RN. Cette augmentation du nombre de duels, au détriment des triangulaires, semblerait grandement pénaliser le RN.
Le RN ne devrait donc pas atteindre la barrière fatidique des 289 sièges, seuil pour obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Il faudrait plus d’une quarantaine de sièges alliés pour que Jordan Bardella puisse entrer à Matignon, loin des quelques députés que le parti espère séduire après les législatives pour former une majorité.
Majorité relative pour le bloc d’extrême-droite, en forte baisse
Selon la dernière étude réalisée par Odoxa, le RN pourrait obtenir entre 210 et 250 sièges, soit 55 sièges de moins (265-305 sièges) par rapport au sondage précédent réalisé par l’institut avant le 1er tour.
« Malgré tout, le RN restera la première formation politique de France et le grand vainqueur de ces législatives, en multipliant par plus de 2 voire presque 3 le nombre de ses députés à l’Assemblée (89 actuellement) », observe Gaël Sliman.
Le Nouveau Front Populaire (NFP) patine, Ensemble en profite
Loin de profiter de ces « désistements républicains », la gauche en sortirait même affaiblie. La faute à des « désistements inégaux » selon le président d’Odoxa, alors que la gauche a retiré plus de 130 candidats pour ce second tour. En conséquence, le nombre de sièges du Nouveau front populaire se tasse légèrement de 10 sièges, et est désormais estimée entre 140 et 180 sièges.
A ce petit jeu, c’est la majorité sortante qui pourrait tirer les marrons du feu, étant désormais estimée entre 115 et 155 sièges, soit 45 de plus que la dernière enquête de l’institut, réalisée avant le 1er tour. Si l’on prend même la fourchette haute du bloc présidentiel (155 sièges) et la fourchette basse de l’alliance de gauche (140 sièges), les deux forces politiques du pays pourraient être presque équivalentes.
Néanmoins, « par rapport à la précédente Assemblée, le NFP devrait avoisiner le nombre de sièges de la NUPES (entre -11 et +29) alors que la majorité s’effondrera malgré ce coup de pouce de dernière minute (entre -95 et -135 députés) », note Gaël Sliman.
LR touché mais pas coulé
Enfin, alors que beaucoup d’observateurs pariaient sur son effacement, voire une disparition de son groupe au sein de la chambre basse, LR résiste plutôt bien dans cette configuration (40-60 sièges), et pourrait même atteindre un nombre de sièges relativement proche de celui de 2022 (où le parti avait obtenu 62 sièges). Et ce, alors même que le parti s’est retrouvé dans le tourbillon médiatique ces dernières semaines, après l’annonce d’Éric Ciotti de faire alliance avec le RN.
Là encore, la droite peut compter sur ce petit miracle des « désistements républicains » d’entre-deux-tours : « LR « canal historique » peut dire merci au NFP et à Renaissance : grâce aux désistements républicains à sens unique (LR ne les fait pas en retour), le parti de droite pourrait bonifier d’une vingtaine de sièges son score de la semaine dernière et ainsi ne pas trop en perdre par rapport à l’Assemblée de 2022 (entre -2 et -22), surtout si l’on ajoute les LR-Ciottistes », analyse le président d’Odoxa.
Méthodologie
Enquête réalisée par Internet les 3 et 4 juillet 2024 sur un échantillon représentatif de 1005 Français âgés de 18 ans et plus dont 952 inscrits sur les listes électorales. Marge d’erreur de +/- 2,5 points.