Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Sondage : Bardella largement en tête d’un premier tour des législatives à la participation historique
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À trois jours du premier tour des élections législatives, le Rassemblement national semble largement s’imposer avec 36 % des intentions de vote, selon un sondage mené du 21 au 24 juin par Ipsos pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof, l’Institut Montaigne, Radio France et France Télévisions. En deuxième position, le Nouveau Front populaire totalise 29 % des intentions de vote, dix points devant la coalition conduite par le parti présidentiel.
Des scores bien différents de ceux des législatives de 2022, où la majorité présidentielle – certes relative – était arrivée en tête du premier tour avec plus de 25 % des suffrages. La gauche, déjà unie il y a deux ans sous la bannière de la Nupes, progresse de son côté de trois points dans les intentions de vote au premier tour.
Des électeurs du RN très mobilisés, face à un « barrage républicain » affaibli
La progression est d’autant plus importante du côté du Rassemblement national, qui avait recueilli un peu plus de 18 % des voix en 2022. Moins d’un mois après les européennes, l’électorat de Jordan Bardella reste ainsi très mobilisé. L’extrême droite grapille même quelques points par rapport au scrutin du 9 juin, 4 % des électeurs indiquant leur souhait de voter pour un candidat LR allié avec le RN au premier tour des législatives.
Le pari d’Emmanuel Macron, dissoudre pour remobiliser son camp après un vote défouloir contre le gouvernement aux européennes, semble ainsi perdant. Car selon l’enquête électorale d’Ipsos, 56 % des partisans du RN ont avant tout voté pour la liste du parti « par adhésion aux valeurs et aux idées » qu’il défend, contre 42 % « par volonté de sanctionner le pouvoir en place ».
Le réflexe du vote barrage face au Rassemblement national semble par ailleurs s’affaiblir. Parmi les sondés déclarant voter au premier tour avant tout pour « faire barrage à d’autres candidats », 69 % affirment vouloir empêcher la victoire du RN mais presque tout autant – 63 % – indiquent vouloir barrer la route à un candidat du Nouveau Front populaire.
44 % des électeurs de droite sont toujours incertains de leur vote
La victoire du RN semble ainsi largement acquise. C’est en tout cas l’opinion majoritaire des sondés, qui sont 60 % à pronostiquer l’arrivée du parti en tête au soir du second tour, pour deux tiers d’entre eux cependant leur score ne sera pas suffisant pour obtenir la majorité absolue des sièges.
Face à ce constat, ces élections législatives comptent tout de même encore leur lot d’incertitudes, notamment sur les intentions de vote des électeurs de droite. Marqués par l’explosion de leur famille politique, ils sont en effet 44 % à affirmer que leur choix pour ce premier tour n’est pas encore définitif. Un chiffre deux fois plus élevé que la moyenne des sondés.
L’étude d’Ipsos tord d’ailleurs le cou à l’argument défendu par Éric Ciotti, selon lequel la majorité des sympathisants de son parti défendraient son alliance avec Jordan Bardella : 53 % des sondés se disant proches des Républicains désapprouvent en effet cet accord.
Un Nouveau Front populaire globalement soutenu à gauche, malgré la frilosité de certains électeurs socialistes
Du côté des sympathisants de la gauche, l’alliance formée par le Nouveau Front populaire recueille bien plus d’adhésion : 95 % des proches de La France insoumise approuvent l’accord, un chiffre qui descend tout de même à 72 % chez les proches du Parti socialiste.
Si 84 % des électeurs potentiels du Nouveau Front populaire se disent sûrs de leur intention de vote pour l’union de la gauche au premier tour, quelques déperditions de voix restent à envisager du côté des sympathisants du PS. Si le candidat de la coalition dans leur circonscription est un élu de La France insoumise, seulement 65 % des proches du PS affirment qu’ils voteraient pour lui.
Contrairement au Rassemblement national, la gauche peine ainsi à mobiliser la totalité de son électorat potentiel. Les électeurs de Raphaël Glucksmann, qui avait mené sa liste en troisième position aux européennes et talonné la liste de Renaissance, sont ainsi 16 % à affirmer ainsi qu’ils voteront pour le candidat du parti présidentiel dans leur circonscription. Le chiffre monte même à 17 % lorsqu’on interroge ceux qui ont voté pour l’écologiste Yannick Jadot au premier tour de l’élection présidentielle de 2022.
56 % des Français rejettent la décision de dissoudre
Une chose semble toutefois rapprocher les électeurs : la décision du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale est globalement mal reçue. Ils sont ainsi 56 % à exprimer « un sentiment négatif », partagés entre l’incompréhension pour la majorité d’entre eux (26 %), la peur (21 %) et la colère (9%).
Sans surprise, seuls les sympathisants du Rassemblement national se disent majoritairement favorables (à 75 %) à cette dissolution. Même les proches du parti présidentiel peinent à comprendre le choix d’Emmanuel Macron, qu’ils sont 58 % à désapprouver.
Malgré le rejet de la décision du président, le scrutin devrait mobiliser les électeurs de façon historique. Entre 61 et 65 % des sondés affirment qu’ils ont l’intention de se rendre aux urnes pour ce premier tour, alors que la participation s’élevait à 47,5 % en 2022, et 81 % se disent « intéressés » par ces élections. Autre indice d’une participation qui s’annonce inédite : 410 000 Français résidant hors de France ont procédé à un vote en ligne, un record, tandis que le nombre de procurations a plus que doublé par rapport à 2022.
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