Un délibéré scruté par l’ensemble des forces politiques. La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, saura ce lundi 31 mars si elle est condamnée ou non dans l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés FN. Mise en examen dans cette affaire pour « détournement de fonds publics » et « complicité » de ce délit, la responsable encourt une longue peine d’inéligibilité, applicable immédiatement même en cas d’appel – ce qui mettrait un terme à ses ambitions présidentielles en 2027. Selon le maire (PS) de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, une telle décision de justice aurait pour conséquence « un big bang politique ».
« On ne peut pas faire comme si les choses n’allaient pas évoluer », soutient l’édile socialiste, invité de la matinale de Public Sénat ce lundi. « Toute la donne serait modifiée sur le plan politique. » Dimanche, un sondage Ifop publié par le Journal du dimanche a placé Marine Le Pen comme la favorite du premier tour de l’élection présidentielle 2027, réunissant entre 34 % et 37 % des intentions de vote selon les scénarios. En cas d’inéligibilité prononcée contre elle par la justice, « il va y avoir un déplacement de la tectonique des plaques au sein du RN » pour trouver une alternative à la figure du parti, prédit Karim Bouamrane.
« Ça ne nous affaiblira pas », dit Louis Aliot
Le maire de Saint-Ouen estime-t-il qu’un tel jugement constituerait un problème politique ? « Non », écarte-t-il. « Dura lex sed lex. C’est la loi », poursuit Karim Bouamrane. « Aujourd’hui, je comprendrais la frustration d’une bonne partie de ses électeurs, mais à partir du moment où la loi s’est exprimée de façon claire et nette et où tous les recours ont été explorés, exploités, il va falloir que le RN trouve un nouveau candidat. » Dans le détail, le parquet a requis contre Marine Le Pen lors de son procès à l’automne dernier cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, cinq ans de prison dont deux ans ferme, ainsi que 300.000 euros d’amende.
L’ex-candidate à la présidentielle estime qu’un jugement l’empêchant de se présenter à un scrutin constituerait « une décision profondément antidémocratique ». Au total, 25 prévenus, dont le maire (RN) de Perpignan Louis Aliot, risquent une condamnation dans cette affaire. « Dans tous les cas de figure, ça ne nous affaiblira pas », a défendu ce dernier sur TF1 ce lundi. Le dernier baromètre Odoxa réalisé par Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale montre que 66 % des Français estiment qu’une peine d’inéligibilité ne serait pas un handicap pour le Rassemblement national.