Les socialistes vont-ils revenir à la table des négociations ? Pas sûr. Après avoir annulé mardi leur présence à une réunion à Bercy sur le budget, suite aux propos de François Bayrou sur « le sentiment de submersion » migratoire, confirmés hier à l’Assemblée, les socialistes attendaient le premier ministre au Sénat, ce mercredi, pour les questions d’actualité au gouvernement sous forme de cession de rattrapage.
Le locataire de Matignon a tenté de les rassurer, à sa manière. « Les mots sont des pièges » a soutenu François Bayrou, dans une réponse écrite lue par le ministre Patrick Mignola. « On ne retient dans cette expression que le mot de submersion et non celui de sentiment », dit-il. Il parle un langage plus doux aux oreilles des socialistes, insistant sur « l’intégration » et les étrangers qui travaillent dans le pays.
« Le temps se raccourcit très vite en ce moment. S’il veut vraiment un accord ponctuel de non-censure, je lui demande encore des efforts »
Mais pour Patrick Kanner, ce n’est pas encore ça. Interrogé au micro de Public Sénat après les questions d’actualité, le patron du groupe PS de la Haute assemblée, qui a interpellé le premier ministre, lui demande « d’aller plus loin ». « Il ne m’a pas apporté de réponse sur deux questions précises : que fait-on des crédits diminués sur l’aide médicale d’Etat et est ce qu’il abandonne la question de la submersion migratoire, qui est un terme d’extrême droite », souligne le patron des sénateurs socialistes, « déçu de sa réponse, qui aurait pu être plus claire ». « Pourquoi servir la soupe à l’extrême droite, quand je vois hier les mines réjouies des députés RN ? » demande le sénateur du Nord. Il attend plutôt des réponses « sur le pouvoir d’achat » ou le financement « de la bifurcation écologique ».
La situation peut-elle mener à la censure ? « Ce sont des motifs de mécontentement, de colère », préfère dire Patrick Kanner. « Est-ce que cela ira à la censure ? Ce sont les instances du PS, qui décideront », rappelle celui qui fait partie des plus ouverts à l’idée de non-censure. S’il doit encore « réfléchir avec Olivier Faure », numéro 1 du PS, « au moment où je vous parle, les négociations sont bloquées. Nous n’avons pas repris les négociations avec le gouvernement, à quelques heures de la commission mixte paritaire », soutient le sénateur, qui fait partie des négociateurs, ne sachant « pas si cette réponse justifierait que nous revenions à la table des négociations ». Mais il met en garde : « Le temps se raccourcit très vite en ce moment. S’il veut vraiment un accord ponctuel de non-censure, je lui demande encore des efforts ».