La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Elections sénatoriales : Renaissance investit ses sortants et met ses alliés Modem et Horizons devant le fait accompli
La décision de Renaissance, le parti présidentiel, d’investir ses sortants pour les prochaines élections sénatoriales étonnent chez les alliés du Modem et d’Horizons, avec qui les discussions venaient à peine de commencer. Chez les élus du parti d’Edouard Philippe, on prévient que « la décision prise de manière unilatérale par Renaissance ne peut pas engager Horizons ».
Par François Vignal
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Si les regards se concentrent sur la réforme des retraites, les formations politiques planchent déjà sur le prochain scrutin : les élections sénatoriales. La moitié des 348 sièges de la Haute assemblée sera en effet renouvelée, comme tous les trois ans, en septembre 2023. Sont concernés par le renouvellement, les départements allant du numéro 37 (Indre-et-Loire) à 66 (Pyrénées-Orientales), ainsi que ceux d’Île-de-France, six territoires d’Outre-mer et six sénateurs des Français de l’étranger. Lors du dernier scrutin, en 2020, les LR et les centristes avaient conservé la majorité au Sénat.L’élection est moins médiatique du fait de son mode d’élection, où les grands électeurs, essentiellement les conseillers municipaux (à 95 %) élisent les sénateurs. Elle n’en est pas moins un enjeu, surtout dans le contexte de la majorité relative à l’Assemblée. Outre leur rôle dans le vote de la loi, les sénateurs sont aussi une source de financement public pour les partis politiques.
« Il est normal que les sénateurs sortants puissent bénéficier d’ores et déjà de l’investiture », soutient François Patriat
A huit mois de l’élection, Renaissance a décidé d’avancer. Lors de son bureau exécutif, lundi soir, le parti présidentiel a réinvesti ses sénateurs sortants renouvelables, comme l’a révélé Le Figaro. Une célérité qui a quelque peu surpris les alliés du Modem et d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, avec qui les discussions étaient engagées depuis une réunion du 19 décembre, avec autour de la table les responsables des élections de chaque formation : le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Franck Riester, pour Renaissance, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, pour le Modem, et l’ex-député Pierre-Yves Bournazel, secrétaire général délégué aux élections d’Horizons.Une prime aux sortants assumée par Renaissance. « Sur les 12 renouvelables, 11 sénateurs se représentent. Il est normal que dans la majorité, chaque parti reconduise ses sortants, s’ils souhaitent y aller. Il ne peut pas y avoir de débat entre nous pour le remplacement d’un parlementaire de la majorité par un autre. Il est normal qu’ils puissent bénéficier d’ores et déjà de l’investiture », soutient François Patriat, président du groupe RDPI, qui compte 24 membres. D’autant qu’« ils commencent les cérémonies des vœux. Ils peuvent ainsi le dire lors de leurs déplacements », ajoute le sénateur de la Côte-d’Or.Certains choix déjà arrêtés sont mal compris par les alliés
Du côté des alliés, on s’étonne de ce choix des marcheurs. « La décision prise de manière unilatérale par Renaissance ne peut pas engager Horizons », prévient un élu du parti philippiste, « ce qui ne veut pas dire qu’Horizons ne soutiendra pas des sortants Renaissance », ajoute le même. Manière de calmer le jeu. L’heure n’est pas (encore ?) à présenter des candidats Horizons face à des Renaissance. D’autant que cela mettrait à mal l’accord signé lors des législatives, au sein d’Ensemble. Mais certains choix déjà arrêtés sont mal compris.Particularité de la Chambre haute, les sénateurs Modem siègent au groupe Union centriste, composé de 57 membres, avec à leur tête le président de l’UDI, Hervé Marseille, et surtout membres de la majorité sénatoriale de Gérard Larcher, avec le groupe LR. C’est le côté baroque du Palais de Luxembourg. Quant aux sénateurs philippistes, on les trouve au sein du groupe Les Indépendants, qui compte actuellement 7 sénateurs Horizons sur les 14 du groupe présidé par Claude Malhuret. Sur ces 7 sénateurs membres d’Horizons, 3 sont renouvelables. Le parti revendique aussi des « amis » un peu partout, chez les centristes, au groupe RDSE et même chez les LR.A la recherche des grands électeurs
Le parti d’Edouard Philippe, qui dispose de grands électeurs dans tous les départements, ne présentera pas pour autant des candidats partout. La situation est étudiée au niveau de chaque département, et non au niveau national. D’autant que l’équation personnelle est essentielle dans ce scrutin particulier.Lire aussi » Emmanuel Macron lance Renaissance et met en garde contre « la division » de son campLe parti d’Edouard Philippe peut raisonnablement avoir des visées sur le Maine-et-Loire, sa « place forte », dans la Marne, mais aussi dans quatre départements avec des sortants macronistes : le Nord, Paris, les Yvelines et les Hauts-de-Seine. Aux yeux d’Horizons, il convient de présenter plutôt le candidat qui aurait le plus de chances, et pas forcément le sortant. Du côté du Modem, on regarde notamment le Pas-de-Calais et les Pyrénées-Atlantiques, où le parti de François Bayrou compte deux sortants (Jean-Marie Vanlerenberghe et Denise Saint-Pé), ou encore les Hauts-de-Seine.A Paris – où le sortant Julien Bargeton a eu l’investiture mais où le Modem pourrait avoir des vues, tout comme Pierre-Yves Bournazel, co-président du groupe Indépendants et Progressistes au Conseil de Paris – il ne sera pas évident pour la majorité de faire un siège, après l’échec macroniste aux municipales. Dans cette recherche de grands électeurs dans la capitale, un autre sénateur sortant se retrouve courtisé par plusieurs partis de la majorité présidentielle. C’est Philippe Dominati. Il a déjeuné avec plusieurs possibles candidats. S’il siège au groupe LR, l’élu de droite a été élu en tant qu’indépendant la dernière fois, et laisse encore planer le doute sur sa candidature. Ses grands électeurs, davantage sur une ligne de droite modérée, attirent les convoitises.« Il reste 148 sièges à pourvoir » tempère François Patriat
Face à ces questions qui agitent quelque peu la majorité, François Patriat répond qu’« il reste 148 sièges à pourvoir », « et personne de chez nous va contester les candidats Modem, Horizons ou indépendants ». Ce fidèle macroniste glisse au passage que « lors des législatives, François Bayrou avait dit qu’il fallait une règle intangible pour la reconduction de ses sortants… » En cas de tentation, au sein de la majorité présidentielle, de présenter malgré tout des candidats face à des candidats Renaissance, François Patriat met en garde : « S’il y a des dissidences, on perdra tout, on perdra des sièges. Compte tenu de l’électorat des municipales de 2020, on ne peut pas se permettre de fautes de quart ».« Celui qui porterait la responsabilité d’une candidature dissidente, porterait la responsabilité de l’échec du parlementaire », insiste le président du groupe RDPI, qui assure que les discussions continuent. « Sur les 148 sièges à pourvoir, il faut pouvoir trouver entre nous le meilleur candidat de nos trois formations, et avec le Parti radical aussi », soutient François Patriat. L’ancien socialiste glisse qu’il peut aussi y avoir « pas mal de départements où on peut s’entendre avec les centristes ». Au sein du groupe Union centriste, il faut dire qu’une bonne partie des sénateurs a soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle.En septembre prochain, François Patriat a pour « objectif de faire réélire les sortants, et de gagner des sièges ». Combien ? Le patron des sénateurs macronistes, qui s’était essayé aux pronostics en 2017, ne se risque plus depuis à donner des chiffres.Pour aller plus loin