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Sénatoriales : le RN espère mettre un premier pied dans la porte du Sénat
Par François Vignal
Publié le
Les législatives de juin dernier ont été historiques pour le Rassemblement national (RN), avec 89 députés à la clef. Les sénatoriales du 24 septembre prochain, où la moitié des sièges sont en jeu, devraient être beaucoup moins flamboyantes pour le parti d’extrême droite. Ce ne serait pas une surprise. Le scrutin sénatorial a toujours été compliqué pour le parti présidé aujourd’hui par Jordan Bardella. « Clairement, c’est une élection difficile, on le sait. Car il y a l’effet retard. Les gens qui votent ont été élus il y a 4 ans, lors des municipales. C’est presque une photographie de la France de cette époque », reconnaît Laurent Jacobelli, porte-parole du parti et député RN de Moselle.
« Pour nous, c’est une élection très importante »
Le parti de Marine Le Pen dessine cependant quelques espoirs certains pour les sénatoriales. Ils restent mesurés, ou plutôt réalistes. Mais ils sont là. Il faut dire que le RN part de… zéro. Stéphane Ravier, le seul sénateur qui lui restait, est parti rejoindre Eric Zemmour et Reconquête, lors de la présidentielle. Dans ces conditions, le RN ne peut que progresser.
Le parti a déjà terminé ses investitures. Il présentera des candidats dans tous les départements renouvelables, à l’exception de Paris, « un cas à part », explique le directeur général du RN, Gilles Pennelle, chargé des élections et du scrutin sénatorial en particulier. « Pour nous, c’est une élection très importante, comme toutes les élections. Pour avoir des sénateurs déjà, et nous en aurons. Et ensuite, cela nous sert à renforcer notre implantation locale », soutient le responsable du parti.
Jusqu’à 5 à 10 sièges pour le RN ?
Dans ce scrutin indirect, où ce sont les grands électeurs qui élisent les sénateurs, l’implantation locale et surtout le nombre de mairies et de conseillers municipaux, qui représente 95 % du corps électoral, est essentiel. Or lors des municipales de 2020, le RN a reculé. « En 2014, le RN avait comptabilisé 1.438 sièges dans 463 communes. Six ans plus tard, ils n’obtiennent que 840 sièges dans 258 communes », avait comptabilisé France Info. Mais tout dépend du poids politique dans chaque département. Si le RN a perdu Mantes-la-Ville en 2020, il a gagné Moissac, dans le Tarn-et-Garonne (mais le département n’est pas renouvelable. Lire ici la liste des départements concernés par l’élection), Bruay-La-Buissière, dans le Pas-de-Calais et surtout Perpignan, ville de 120.000 habitants des Pyrénées Orientales, remportée par Louis Aliot. Et plusieurs mairies gagnées en 2014 ont été facilement conservées, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Hayange (Moselle), ou Fréjus (Var), Beaucaire (Gard) et Villers-Cotterêts (Aisne), mais ces trois départements ne sont pas renouvelables.
De quoi espérer pour le RN gagner des sièges ? C’est en tout cas ce que semble ne pas écarter Gérard Larcher, le président LR du Sénat. Selon Le Point, « Gérard Larcher s’attend à une « poussée » du RN, en mesure, selon lui, de récolter de 5 à 10 sièges entre les Pyrénées-Orientales, le Pas-de-Calais, le Nord et l’Oise », écrit cette semaine l’hebdomadaire. Des estimations optimistes ? « Vu le mode de scrutin, oui. Mais peut-être que les grands électeurs ne répondront plus aux mots d’ordre des grands partis politiques et feront ce qu’ils veulent. Et dans ce cas, le jeu sera plus ouvert. Mais il est trop pour le dire », soutient auprès de publicsenat.fr Louis Aliot, premier vice-président du Rassemblement national.
Si « on sait » que l’élection est traditionnellement difficile pour le RN, reconnaît Gilles Pennelle, le directeur général du parti est plus optimiste. Interrogé sur cette fourchette de 5 à 10 sièges, il « pense que Gérard Larcher nous donne une tendance qui est assez réaliste ». Le responsable du parti rappelle que « les législatives ont toujours été présentées comme un barrage pour le RN. Et là, le barrage a cédé, avec 89 députés. Et pourquoi ceci n’existerait pas pour les sénatoriales ? Nous avons un climat de sympathie extrêmement puissant chez les maires ruraux. Nous avons une forte poussée auprès des grands électeurs », assure directeur général du RN, qui ajoute :
« Ce serait compliqué qu’au Sénat, il n’y ait pas de groupe RN, premier parti d’opposition de France »
Les espoirs du RN vont-ils jusqu’à créer un groupe ? Il faut être 10 au Sénat, contre 15 à l’Assemblée, pour en former un. « C’est souhaitable en tout cas, car ce serait compliqué qu’au Sénat, il n’y ait pas de groupe RN, premier parti d’opposition de France », souligne Laurent Jacobelli.
Quelques territoires, où le RN a ses plus grandes chances, sont à suivre. « Il y a des départements, comme le Nord, le Pas-de-Calais ou la Moselle, où clairement, on a identifié qu’on avait une chance d’avoir au moins un sénateur. Ce sont dans les départements des Hauts-de-France, que c’est le plus statistiquement possible. Mais ce ne sont pas les seuls », avance Laurent Jacobelli, qui ajoute à la liste « les Pyrénées-Orientales évidemment, où on a tous les députés, la mairie de la principale ville. Donc évidemment, en termes de grands électeurs et d’influence, ça peut jouer », espère le porte-parole du RN.
Un siège très difficile à gagner dans les Pyrénées-Orientales
Localement, Louis Aliot est moins affirmatif pour son département. « C’est très difficile à dire, car chez nous, c’est le scrutin majoritaire, ce n’est pas la proportionnelle (le scrutin majoritaire à deux tours est de mise dans les départements élisant un ou deux sénateurs, la proportionnelle à partir de trois sénateurs, ndlr). Il faut faire la moitié des grands électeurs. Or on dispose de 160 voix à peu près. Il faut aller en chercher 350 de plus… Il faut 500 grands électeurs pour avoir un siège. Ce n’est pas facile à déterminer. C’est pour ça qu’on ne fait pas de prévision, ni optimiste, ni pessimiste », explique Louis Aliot. Son premier adjoint, Charles Pons, sera candidat. C’est un ancien UMP, aujourd’hui RN.
Autrement dit, sur le papier, le RN ne peut pas « faire de siège » dans les Pyrénées-Orientales, sauf à aller chercher des voix au-delà de son camp. Bref, ce n’est pas fait. « C’est le moins qu’on puisse dire », reconnaît le premier vice-président du RN, qui « suppose qu’une partie des maires et des grands électeurs basculeront de notre côté. Mais au point de nous permettre d’avoir un siège ? Très honnêtement, ce n’est pas facile à dire. Le fait d’avoir les quatre députés et la ville de Perpignan est un appui important, mais ce n’est pas majoritaire dans le département ». Louis Aliot ajoute :
« On aura au moins un sénateur dans le Pas-de-Calais, c’est presque acquis »
Il faut alors regarder ailleurs. « Les sièges, on peut les faire là où c’est le scrutin à la proportionnelle, sinon ça paraît très délicat », reconnaît le maire de Perpignan, qui « pense que c’est le Pas-de-Calais, où on a une chance d’avoir un élu ».
« Dans le Pas-de-Calais, c’est Christopher Szczurek qui mènera la liste. Il a des chances », assure Laurent Jacobelli. C’est le premier adjoint de Steeve Briois à Hénin-Beaumont et le vice-président du groupe RN au conseil régional des Hauts-de-France. Dans le Nord, c’est Joshua Hochart, conseiller municipale de Denain et collaborateur du député RN Sébastien Chenu, qui sera tête de liste.
Les plus grandes chances sont bien dans les Hauts-de-France. « On aura au moins un sénateur dans le Pas-de-Calais, c’est presque acquis. Christopher Szczurek fait partie des sénateurs qu’on va avoir, oui », soutient Gilles Pennelle. « Dans ce département, ça passe à 11,5 ou 12%. C’est complètement accessible pour nous », précise-t-il, ajoutant que « dans le Nord, vu le nombre de sénateurs à élire, avec un score de 8 ou 8,5%, on a un sénateur, voire deux avec un score qui monte à 14/16% ».
En Moselle, le RN mise sur Michel Rambour, maire de Vannecourt, commune de 250 habitants. Mais dans ce département, un sénateur sortant est déjà proche, par les idées, du RN, sans y être encarté. C’est Jean-Louis Masson. Il est bien implanté. « Je me représente », nous annonce le sénateur qui siège parmi les non-inscrits, ce qui pourrait peut-être ne pas faciliter les choses pour le RN. « Si je ne pensais pas être réélu, je ne serais pas candidat », ajoute Jean-Louis Masson.
L’Oise aussi, fait partie des départements à suivre. « Ce n’est peut-être pas aussi évident que les autres, mais c’est théoriquement possible. Dans l’Oise, on a des députés, ils font le travail de terrain, ils connaissent les conseillers municipaux, les maires. Le fait qu’il y ait maintenant un lien avec les élus locaux et nos élus va jouer », espère Laurent Jacobelli.
« Les maires se rendent compte qu’avec des députés RN, ça se passe bien. Alors pourquoi pas des sénateurs RN ? »
Le parti d’extrême droite compte notamment faire campagne sur la situation des maires. « On a beaucoup parlé de burn out des élus locaux. Je pense que c’est vrai, sur l’usure des maires qui ne sont plus protégés, plus défendus, plus financés », pointe Gilles Pennelle.
Dans ce scrutin, le RN mise aussi sur son groupe de députés, qui devient sa carte de visite, synonyme selon lui du « sérieux », qu’il chercher à démontrer. « Grâce à ce groupe puissant à l’Assemblée, et l’image qu’il donne, cela change complètement la perception que peuvent avoir les conseillers municipaux », croit Gilles Pennelle, qui insiste : « Les maires se rendent compte qu’avec des députés RN, ça se passe bien. Alors pourquoi pas des sénateurs RN ? Cela joue beaucoup et ça change la donne ». Si le parti espère une « poussée », reste que le mode d’élection des sénatoriales pourrait cependant limiter les ambitions du RN.
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