Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Sénatoriales : en Ile-de-France, la gauche espère gagner quelques sièges
Par François Vignal
Publié le
Le Sénat attise les convoitises, y compris à gauche. C’est sûrement l’un des scrutins les moins médiatiques, mais il n’en est pas moins disputé, et l’occasion de batailles internes. En vue des élections sénatoriales du 24 septembre prochain, les partis de gauche sont en plein dans leurs processus de désignation. En Ile-de-France, les choses se décantent petit à petit, entre listes d’union… et divisions. Dans ces départements élisant plus de trois sénateurs, la proportionnelle est la règle. Public Sénat dresse le tableau, à moins de cinq moins du scrutin.
À Paris, les écolos vont prendre un siège au PS
A Paris, c’est une élection à part. Ce sont les 163 conseillers de Paris, et leurs délégués, qui élisent les 12 sénateurs. Ce qui permet, plus qu’ailleurs, d’anticiper le résultat du vote. Théoriquement, il faut 13,5 conseillers de Paris pour faire élire un sénateur.
Dans la capitale, la gauche peut miser sur une stabilité. Elle détient aujourd’hui 7 sièges sur 12. Le PS devrait avoir 4 sièges, contre 5 en 2017 (en comptant Bernard Jomier qui a rejoint le groupe PS comme apparenté). Forts de leur progression aux dernières municipales, les écologistes comptent sur 2 sénateurs, contre 1 il y a 6 ans. Le PCF restera à un siège (Marie-Noëlle Lienemann, élue comme PS en 2017, a ensuite rejoint le groupe communiste sans être membre du PCF).
Si le PS n’a pas encore terminé son processus interne de désignation, c’est selon toute vraisemblance le sénateur PS sortant Rémi Féraud, président du groupe de Paris en Commun au Conseil de Paris, qui mènera la liste. Il sera suivi de Marie-Pierre de la Gontrie, autre sortante PS. Si rien n’est encore totalement arrêté, le Parti communiste pourrait faire liste commune avec le PS. Dans ce cas, la troisième place pourrait revenir à Ian Brossat, adjoint au maire d’Anne Hidalgo. Hélène Bidard, autre adjointe communiste, est aussi sur les rangs, mais Ian Brossat tient la corde.
Pour la quatrième place, c’est Colombe Brossel, adjointe PS chargée de la propreté, qui va en hériter. « C’est une candidate portée par la maire de paris », glisse un élu parisien. Le nom de la sénatrice PS Laurence Rossignol, dont la place est menacée dans l’Oise par un autre socialiste, Alexandre Ouizille, premier fédéral du département, a pu être évoqué dans les sphères socialistes pour occuper la quatrième place. Mais l’hypothèse ne semble plus d’actualité. D’autant que l’ex-ministre, qui s’est illustrée sur le droit des femmes, n’entend pas lâcher. Elle a reçu notamment l’appui d’Anne Hidalgo, Carole Delga, Nicolas Mayer Rossignol ou de Patrick Kanner pour que la direction du PS revienne sur le vote des militants locaux de l’Oise. « C’est une vraie épine dans le pied d’Olivier Faure », selon un socialiste. Si Alexandre Ouizille, que beaucoup disent très ambitieux et pressé, ne lâche pas le morceau, il n’est cependant pas totalement exclu qu’un département d’Ile-de-France, peut-être dans la petite couronne, soit aussi une solution pour Laurence Rossignol.
A Paris, la cinquième place reviendrait à un autre sortant, Bernard Jomier, qui n’a pas sa carte au PS mais qui est à la tête de la structure « Paris en commun ». A moins qu’il ne soit à la troisième place.
Pour compliquer les choses, cette composition de la liste ne va pas de soi pour la direction du Parti socialiste, qui pousse en faveur de Fatima Yadani, trésorière du parti et soutien d’Olivier Faure, pour la quatrième place. Elle soutient aussi Maxime Des Gayets, conseiller régional d’Ile-de-France. La direction met sur la table ses 40 % au sein de la « fédé » de Paris. Mais de l’autre côté, on souligne que la direction ne pèse pas grand-chose en nombre de conseillers de Paris. Et que toute velléité de liste dissidente serait vouée à l’échec.
Chez EELV, Alice Coffin revendique la tête de liste à Paris devant Yannick Jadot
Du côté des écolos, le gâteau des deux sièges assurés a suscité quelques appétits. Pas moins de 14 candidates et candidats se sont présentés lors d’un vote consultatif des militants en avril, pour prendre la suite de la sortante Esther Benbassa, qui avait été exclue du groupe écologiste du Sénat. Deux candidats de la direction sont sortis en tête, mais de peu. Pour le collège homme, c’est l’ancien candidat à la présidentielle, Yannick Jadot, qui est arrivé en tête, devançant Jean-Baptiste Pegeon. Pour les femmes, c’est Antoinette Guhl qui est sortie première, avec 131 voix, contre 123 pour Alice Coffin, soit 8 petites voix d’écart. Cette dernière, proche de Sandrine Rousseau, n’entend pas en rester là.
« On maintient la demande de la tête de liste, avec l’espoir de l’obtenir » auprès des instances nationales, explique Alice Coffin, qui n’est pas membre d’EELV. « Une liste que je mènerais n’enverrait pas du tout le même message à l’extérieur », fait valoir la militante féministe et antiraciste. Pour afficher leur volonté de féminiser leur groupe, c’est en effet une femme qui mènera la liste EELV, quoi qu’il arrive. Alice Coffin pointe aussi les difficultés apparues lors du scrutin, notamment « une énorme panne informatique, avec des gens qui ne pouvaient pas voter. Alors les 8 voix d’écart à un scrutin à un seul tour… »
Du côté des soutiens de Yannick Jadot, on pense que le vote sera respecté. « Ce sera très certainement Guhl, suivie de Jadot. La question, c’est qui sera troisième et quatrième », pense-t-on. De quoi faire pour Yannick Jadot, une fois élu, un tremplin pour une candidature à la mairie de Paris en 2026 ? « C’est ce que tout le monde se plaît à dire, mais ce n’est absolument pas le sujet », assure son entourage. Sur France Inter, le 25 avril, Yannick Jadot, qui est toujours député européen, a dit vouloir « s’investir pleinement à l’échelle nationale, car notre pays est en danger. […] J’ai envie d’agir sur les politiques législatives, les politiques publiques nationales ».
Du côté de la direction d’EELV, on assure que rien n’est encore arrêté. « Le vote des militants est indicatif. Ça peut bouger », assure Olivier Bertrand, chargé des élections au sein de la formation écologiste. La décision sera prise courant mai par la commission électorale d’EELV.
Quant à un accord avec le PS, si Europe Ecologie-Les Verts part de son côté pour l’instant, il n’est pas totalement exclu. « Tout est possible », assure le monsieur élections d’EELV. De son côté, le socialiste Rémi Féraud tend aussi la main. « Nous sommes prêts à faire une liste commune avec l’ensemble de la majorité municipale, avec les écologistes. La porte est ouverte », assure le sénateur PS. Il faut encore attendre que chaque formation termine son processus interne pour y voir plus clair.
Dans le Val-de-Marne, une liste dissidente se prépare déjà à gauche
Dans le Val-de-Marne, bastion historique communiste, le parti de la Place du Colonel Fabien a perdu des plumes lors des dernières municipales, soit les villes de Champigny, Villeneuve-Saint-Georges, Choisy-le-Roi ou encore Valenton. Sans oublier la perte historique du département, passé à droite en 2021. « La perte du département, ça joue peu en termes de grands électeurs, mais c’est quand même un élément de dynamique », reconnaît le sénateur PCF sortant Pascal Savoldelli. Résultat : les communistes, qui ont deux sénateurs, avec l’autre sortante, Laurence Cohen, ne devraient en garder qu’un. Sa collègue ne se représentant pas, c’est Pascal Savoldelli qui mènera la liste. « J’ai mis ma candidature à disposition de mon parti et de toute la gauche. J’ai développé trois idées : unité, ouverture et solidarité », explique le sénateur communiste.
La gauche a actuellement trois sièges en tout, avec le sénateur EELV Daniel Breuiller. Il est devenu sénateur il y a un an, quand la sénatrice Génération.s Sophie Taillé Polian a été élue députée en juin dernier.
Aujourd’hui, la gauche peut espérer conserver deux sièges, « mais il faut aller chercher l’unité. Après, ça dépend de combien de listes il y aura à droite, et combien de listes à gauche », souligne Pascal Savoldelli.
De leur côté, les socialistes ont désigné comme chef de file, lors d’un vote interne des militants, Jonathan Kienzlen. Il est à la tête de la fédération PS du Val-de-Marne et préside le groupe PS à la région Ile-de-France. Mais du fait de la parité, le second de la liste ne peut être qu’une femme. Or la troisième place est difficilement éligible. Ce qui complique la situation.
Le sénateur EELV Daniel Breuiller a lui aussi été désigné par les militants, tout comme Nadine Herrati, présidente du conseil fédéral d’EELV, une élue de Gentilly. Pour trouver une solution et permettre l’union, « j’ai dit que j’étais prêt à laisser la place à Nadine Herrati », explique Daniel Breuiller, qui soutient qu’« avec une liste d’union, nous pourrons conserver, malgré la perte de plusieurs villes, trois sièges de sénateurs. Deux, c’est certain, et le troisième c’est possible avec une dynamique ». L’écolo se dit prêt à se mettre « en queue de liste pour la pousser ». Reste qu’il « sent que du côté du PS, on est hésitant ». Si l’union ne se fait pas, Daniel Breuiller mènera alors sa propre liste écolo.
L’équation pourrait dépasser les frontières du département. « Il serait de bonne politique d’avoir une espèce de réciprocité entre les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne », glisse Daniel Breuiller (lire ci-après). Dans ce cas, ce serait aux instances nationales de trouver un accord gagnant-gagnant au niveau de la région. Reste qu’un élu communiste doute de la possibilité d’élire trois sénateurs :
Pour mettre un peu de piment, une liste dissidente – le lot de toute sénatoriale qui se respecte – se prépare dans le Val-de-Marne, autour d’Akli Mellouli, a appris publicsenat.fr. Cet élu socialiste, adjoint de Bonneuil-sur-Marne, a perdu le vote des militants, mais il n’entend pas lâcher. « On travaille sur une liste alternative, en fonction de l’évolution. Je suis déterminé, j’ai la capacité à faire un siège. Je suis élu depuis près de 20 ans », explique Akli Mellouli, qui compte sur « des dissidents écolos, des dissidents communistes et des gens de la société civile » pour faire sa liste. Voulant « mettre un coup de pied dans la fourmilière » pour « porter la voix des sans voix au Sénat », il ajoute :
Un observateur de la situation résume les choses ainsi : « Dans le Val-de-Marne, ça va être chaud tendu. Et ils ne se feront pas de cadeau, entre des apparatchiks et des gens qui se sentent trahis ». Une division qui pourrait faire le jeu de la droite.
Dans les Hauts-de-Seine, la gauche tente de partir unie derrière le communiste Pierre Ouzoulias
Le département des Hauts-de-Seine est marqué à droite, mais la gauche y a aussi des élus. En 2017, ils sont même deux à devenir sénateurs, le communiste Pierre Ouzoulias et le socialiste Xavier Iacovelli. Mais ce dernier, élu de peu il y a six ans, rejoint ensuite Emmanuel Macron via Territoire de progrès. Il est aujourd’hui membre de Renaissance et se représente sous ces nouvelles couleurs.
Pierre Ouzoulias est candidat à sa réélection. Et le communiste a bon espoir d’être réélu. D’autant qu’aux municipales, deux villes sont passées à gauche, « Colombes, avec un maire vert, et Chatillon, un maire PS », rappelle le sénateur PCF.
Dans les Hauts-de-Seine, avec 2.388 grands électeurs, il faut théoriquement 341 voix pour être élu sénateur, « ce qui est haut », souligne Pierre Ouzoulias. Mais tout dépend du nombre de listes, dans ce scrutin à la proportionnelle qui se fait au plus fort reste. « J’ai été élu avec 217 voix en 2017, du fait de la forte dispersion à droite, avec cinq listes, une UDI et une RN, et aussi pas mal de listes à gauche », rappelle le communiste. Mais cette année, les LR partent unis…
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Ce chercheur en archéologie au CNRS compte sur l’union. « Le point positif pour la gauche, c’est que toutes les composantes ont considéré qu’il était légitime que je sois tête de liste d’une liste d’union. Sur le papier, je devrais y arriver, s’il n’y a pas trop de dispersion », assure-t-il.
Reste à voir qui, du PS ou d’EELV occupera la seconde place. Et chaque formation s’y verrait bien… Un responsable national du Parti socialiste pense ainsi que la seconde place sera pour leur cheffe de file désignée, Fatoumata Sow, première adjointe de Colombes, quand les écolos s’y voient aussi, avec Catherine Candelier.
Pour Olivier Bertand, responsable des élections chez EELV, « c’est vite vu. On a beaucoup d’élus. On a Colombes, et on a très probablement plus de grands électeurs que le PS. Avec 36 communes, c’est facile de faire le calcul. Il n’est pas impossible qu’il y ait une liste commune. Pierre Ouzoulias est légitime. La vraie question, c’est si la seconde place est socialiste ou écologiste, et comment on fait pour aller chercher tous les déçus du macronisme dans ce département », avance le responsable d’EELV, qui n’écarte pas l’idée d’« une autre liste écologiste, si on estime que c’est comme ça qu’on peut aller chercher le siège. Il faut le faire en bonne entente », ajoute Olivier Bertrand, qui veut désamorcer toute idée de tension.
« Les écologistes disent que s’ils ne sont pas en seconde place, ils partent tout seuls… Mais s’ils partent seuls, il n’y aura pas de deuxième sénateur de gauche », met en garde Pierre Ouzoulias, qui estime que « Fatouma Sow est très estimée par tous les élus. Ça compte quand même pour un scrutin sénatorial. Et les écolos ont deux députés, le PS n’a aucun parlementaire dans les Hauts-de-Seine. Il ne serait pas scandaleux qu’il y ait une forme de rééquilibrage et que le PS obtienne une sénatrice ».
En Seine-Saint-Denis, face à face entre le PCF et le PS
La gauche détient aujourd’hui trois sièges en Seine-Denis-Denis, deux pour le PCF, avec Eliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat, et Fabien Gay, un pour le PS, avec le sortant Gilbert Roger. Mais là aussi, les dernières municipales changent la donne. Le PS a gagné Saint-Denis, grande ville de 113.000 habitants, avec Mathieu Hanotin, ainsi que Saint-Ouen, avec Karim Bouamrane. Le PS espère gagner ainsi au moins un siège, au détriment des communistes.
Sur les deux sortants PCF, Eliane Assassi et Fabien Gay, seul le second se représente. « C’est un choix personnel, mûrement réfléchi. Cela fait 19 ans que je suis sénatrice, 11 ans présidente de groupe. J’aspire à ce que les plus jeunes prennent le relais. C’est un choix tranquille, serein », nous explique Eliane Assassi. Fabien Gay, qui dirige par ailleurs le journal L’Humanité, sera donc à nouveau candidat et tête de liste. Pour Eliane Assassi, la perte de Saint-Denis ne signifie pas forcément la perte d’un siège : « Arithmétique et politique, ce n’est pas automatique. Bien évidemment, on a perdu des villes, mais le PS et la droite aussi. Il y a une nouvelle géographie des rapports de force. Mais ma boussole, c’est qu’il n’y a pas d’automaticité ». Celle qui était rapporteure de la commission d’enquête du Sénat sur les cabinets de conseil, dont les travaux ont marqué la dernière campagne présidentielle, ajoute que « les temps ont changé. Ce n’est plus le maire ou le parti qui dit de voter pour un tel, et tout le monde le fait. D’autant que les listes aux municipales sont très ouvertes aux citoyens de la société civile. Tout le monde n’est pas encarté ». Elle insiste :
Du côté du PS, on connaît maintenant la tête de liste, qui a été désignée en interne : c’est « Corinne Narassiguin », selon un responsable du parti. Cette proche du premier secrétaire Olivier Faure, secrétaire de section d’Aubervilliers, est secrétaire nationale à la Coordination et aux moyens du Parti socialiste.
La seconde place de la liste PS se jouera entre Adel Ziane, maire-adjoint à la ville de Saint-Ouen, et Daniel Guiraud, ancien maire des Lilas et conseiller départemental.
Il faudra voir ce que feront aussi les écologistes. « On est dans un département où si on met les bonnes personnes, qui ont un parcours qui parle aux grands électeurs, on peut avoir un sénateur EELV ou apparenté en Seine-Saint-Denis », espère le responsable des élections à EELV, Olivier Bertrand.
Dans le Val-d’Oise, le socialiste Rachid Temal vise la réélection
Dans le Val-d’Oise, la gauche n’a qu’un seul sortant, le sénateur PS Rachid Temal. Il sera à nouveau candidat à sa réélection en septembre. Lors des dernières municipales, le PS a gagné la ville de Bezons. Des élus divers gauche ont pris aussi des villes, comme Eaubonne ou Beaumont-sur-Oise.
« Comme en 2017, nous proposons aux partenaires de gauche et aux écologistes une liste de rassemblement. En 2017, ce n’était pas le cas. Mais la seule façon d’avoir un deuxième siège, c’est d’avoir une seule liste avec le PCF et EELV. On peut alors jouer le coup », explique Rachid Temal. Si « sur le papier, je fais mon siège », pense le sénateur socialiste, il est « comme Saint Thomas… Une élection, c’est une élection », lance Rachid Temal.
Dans ce département qui totalise 2.300 grands électeurs, la deuxième force sont les communistes. Les discussions se font avec la secrétaire départementale du PCF, Cécile Dumas, comme elles peuvent se faire, dans une moindre mesure, au niveau national. Les élections se prêtent aussi à certains bruits de couloirs parfois, auquel il faut faire attention. Certains évoquent ainsi l’arrivée dans le département de Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice (Gauche républicaine et socialiste, membre du groupe PCF) de Paris qui ne se représente pas dans la capitale. Mais son entourage dément totalement.
En Seine-et-Marne, le socialiste Vincent Eble mise sur l’union pour gagner un siège
En Seine-et-Marne, la gauche n’a qu’un seul sénateur, avec le socialiste Vincent Eble. L’ancien président de la commission des finances compte bien se représenter. « J’ai été désigné pour conduire la liste. Il n’y avait pas de concurrence à ma candidature », explique Vincent Eblé. Son investiture doit encore être officiellement entérinée par les instances nationales, fin mai.
Lors des dernières municipales, « on a progressé de façon raisonnable », estime Vincent Eblé, avec quelques conquêtes comme Villeparisis, Moret-sur-Loing ou encore Lizy-sur-Ourcq. « En 2017, si nous avions fait un accord à gauche, nous aurions eu deux sièges. Là, si nous trouvons une solution pour un accord, alors que nous avons progressé aux municipales, je pense que nous garantissons au minimum deux sièges. Mais mon objectif, c’est d’en faire trois », soutient Vincent Eblé. Avec environ 3.300 grands électeurs, le quotient, en divisant par 6, soit le nombre de sénateurs, est à 550 grands électeurs. Mais cela reste théorique. « On peut faire moins que le quotient et faire un siège », rappelle le socialiste. L’ancien président de la commission des finances insiste :
Si en 2017 la gauche n’avait pas fait l’union en Seine-et-Marne, le PCF et EELV partant de leur côté, le sénateur PS espère cette fois « une liste de large rassemblement à gauche ». « Là, les discussions avancent bien », assure le sortant, qui remarque que « la période des retraites a créé un état d’esprit favorable au rassemblement ». Mais il met en garde : « Si on refait le scénario de 2017, on finira avec un seul siège à gauche ».
En Essonne, la gauche veut tirer profit des succès des municipales et vise au moins un siège
La gauche peut caresser quelques espoirs en Essonne. Dans ce département, elle n’a pas un seul sénateur aujourd’hui. Mais après les municipales et le gain de 17 communes, c’est 450 grands électeurs en moins pour la droite au profit de la gauche. Le PS compte bien dans cette équation gagner un siège. Elle mise pour cela sur David Ros, maire d’Orsay depuis 2008. « C’est un fauriste, mais pas acharné », dit de lui un socialiste qui ne soutient pas le premier secrétaire. Il faut y voir un compliment.
« On a gagné Corbeil-Essonnes (le maire, Bruno Piriou, est un ancien communiste, ndlr) pour la plus grande ville, Athis-Mons, Les Ulis, Chilly-Mazarin, Epinay-sous-Sénart, Epinay-sur-Orge. Donc mécaniquement, cela nous permet d’avoir au moins un sénateur à gauche. On se bat pour avoir une union la plus large possible. Et après, si on est bien rassemblés, et suivant les configurations, on peut peut-être avoir même l’ambition d’avoir deux sièges », soutient David Ros. Ce professeur de physique à l’université de Paris Saclay pourrait peut-être profiter des forces centrifuges qui traversent et travaillent la droite. Les LR sont en effet divisés et feront deux listes, et les centristes partent à nouveau de leur côté.
Encore faut-il réussir l’union. Selon le rapport de force, la deuxième place est censée revenir aux communistes. Mais pour l’heure, « le PCF préfère exister en tant que tel. Ils laissent entendre qu’ils feraient une liste. Mais seuls, ils ne feront pas d’élus », selon un élu local. Les éventuels accords, dans les autres départements d’Ile-de-France, pourraient peut-être débloquer les choses, dans une logique plus globale.
S’il est élu, ce scientifique entend « porter les idées d’expérimentations » aux politiques publiques, défendant « un pragmatisme ». Pour David Ros, il faut « avoir des données avant de savoir de quoi on parle ».
Dans les Yvelines, reconstruire une « gauche qui a été laminée »
Dans les Yvelines, la gauche n’a pas de sénateur. Difficile, sur le territoire du président LR du Sénat, Gérard Larcher, solidement implanté. « La gauche a été laminée. C’était le département de Benoît Hamon. Et le PS s’est divisé. Benoît Hamon a créé Génération.s et une partie du PS a rejoint LREM. Mais c’est du passé. Les élus qui ont voté LREM en 2017 en sont revenus », pense Olivier Bertrand, le responsable des élections chez EELV.
« Dans les Yvelines, les écologistes ont une histoire longue d’opposition à Pierre Bédier, président LR du département. J’ai bon espoir qu’on arrive à un accord à gauche dans ce département, avec une candidature écologiste », avance ce membre du bureau exécutif d’EELV. Si les territoires plus urbains de la petite couronne ont des élus facilement répertoriés, dans les Yvelines, « il y a une partie du département, notamment dans le sud, avec beaucoup de villages, des petites communes, où il peut y avoir des mouvements qu’on a du mal à estimer avec un tableau Excel », décrypte Olivier Bertrand. Que ce soit dans les Yvelines ou ailleurs, les sénatoriales réservent toujours leur part de surprise.
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