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Sénatoriales 2023 : les communistes vont-ils conserver leur groupe ?
Par François Vignal
Publié le
C’est l’un des enjeux des sénatoriales du 24 septembre prochain. Le groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE) du Sénat joue gros à l’occasion de ce scrutin. Car le groupe, composé actuellement de 15 sénateurs, voit 11 de ses membres se retrouver en position renouvelable. Soit près des trois quart (73 %) ! Et à la Haute assemblée, pour former un groupe politique, il faut être 10 sénateurs. On comprend pourquoi le scrutin, où la moitié des sièges du Sénat est remise en jeu, ne sera pas une formalité pour la Place du Colonel Fabien.
« Je ferai tout pour qu’il y ait un groupe communiste au mois de septembre », soutient Eliane Assassi
Sur le papier, le groupe communiste pourrait même disparaître. Mais est-il réellement menacé ? On n’imagine pas le Parti communiste perdre 11 sièges et se retrouver à 4 sénateurs. Peut-il en revanche en conserver au moins 6, pour atteindre la barre fatidique des 10 membres ?
Pour la présidente du groupe CRCE, Eliane Assassi, perdre le groupe n’est pas une option. « Je ferai tout pour qu’il y ait un groupe communiste au mois de septembre. La politique n’est pas une science exacte. Ce n’est pas de l’arithmétique, on a à faire à un électorat », soutient la sénatrice PCF de Seine-Saint-Denis. Affichant une démarche « offensive », elle ajoute :
« L’électorat des sénatoriales n’est pas aussi partisan qu’avant »
Une chose est sûre : si le groupe se maintient en septembre, il changera de président(e). Eliane Assassi a choisi de ne pas se représenter. En Seine-Saint-Denis, c’est l’autre sortant, Fabien Gay, qui mènera la liste. Dans ce département, le PS, qui a un siège, espère en gagner un second au détriment des communistes. Les dernières municipales et des victoires socialistes sont passées par là. « On pourra me dire « vous avez perdu Aubervilliers et Saint-Denis ». Mais c’est une élection, et les grands électeurs ne sont pas des chiffres qu’on rajoute ou soustrait. Fabien Gay sera élu. Et je fais tout pour qu’on ait une deuxième sénatrice, avec Nathalie Simonnet », secrétaire de la fédération de Seine-Saint-Denis, rétorque Eliane Assassi.
Ce qui laisse la présidente du groupe espérer conserver le second siège en Seine-Saint-Denis, et même gagner des sièges pour l’ensemble du groupe, c’est la nouvelle physionomie des conseils municipaux. Un constat que font tous les candidats, dans tous les départements. « L’électorat des sénatoriales n’est pas aussi classique, pas aussi partisan qu’avant. Aux municipales, les listes ont été largement ouvertes à la société civile, avec des gens qui ne sont pas encartés, ce qui mérite une campagne de proximité », explique Eliane Assassi, qui illustre son idée :
« C’est quoi notre plus-value ? C’est de résister et de continuer à proposer »
Elle n’exclut pas par ailleurs que « la colère » qui s’exprime dans plusieurs quartiers populaires ces nuits dernières puisse « peut-être influencer » le vote. Reste que « la crise démocratique » que traverse le pays n’épargne pas les grands électeurs. On lui a remonté des cas de personnes qui ont refusé d’être à nouveau désignés comme grands électeurs, dans les villes de plus de 30.000 habitants. C’est pourquoi « ce n’est pas une campagne pour dire « c’est moi le meilleur » ou « votez pour nous les communistes, on est les plus beaux ». C’est montrer que les parlementaires peuvent être utiles, au moment où le Parlement est méprisé par le Président », explique la sénatrice de Seine-Saint-Denis, qui veut monter « en quoi un groupe renforcé, avec plus d’élus qui portent la vision des citoyens, c’est important ». Pour résumer, « c’est quoi notre plus-value ? C’est de résister et de continuer à proposer ».
Si ces conseillers municipaux moins politisés donnent des espoirs de rassembler plus large, reste que rien n’est acquis. « On a fait les comptes, la marge d’incertitude est plus large qu’avant. Dans les conseils municipaux, il y a un fort renouvellement et il est difficile de situer politiquement les uns des autres », nous expliquait Eric Bocquet, sénateur PCF du Nord. Une situation qui s’aiguise quand les candidats se multiplient. « Quand il y a beaucoup de listes, ça a l’avantage de faire baisser le quotient (soit le nombre de grands électeurs nécessaires pour faire un siège). Mais l’inconvénient, c’est qu’il faut capter un électorat volatile, ou qui n’est pas en accord avec votre formation politique », ajoute de son côté Eliane Assassi.
Plusieurs sortants ont de bonnes chances d’être réélus
Pour se rassurer, le Parti communiste peut se dire que plusieurs sortants ont de bonnes chances d’être réélus. Dans le Nord, Eric Bocquet se représente et mène la liste, suivi de l’autre sortante, Michelle Gréaume. Celui qui s’est fait connaître pour son travail sur la fraude et l’évasion fiscales espère être réélu, la seconde place est plus compliquée. « Pour le deuxième siège dans le Nord, il a toujours fallu le gagner. Il n’est pas acquis d’emblée. C’est le cas depuis trois décennies. C’est un challenge à relever. Mais c’est possible », nous assurait fin mai Eric Bocquet.
Dans le département voisin du Pas-de-Calais, le sortante Cathy Apourceau-Poly, qui a succédé à Dominique Watrin après sa démission en 2018, se représente et accueille à la seconde place de sa liste un autre sortant, qui n’est pas communiste, Jean-Pierre Corbisez. Cet ex-dissident du PS siège au Sénat au groupe RDSE. De quoi gagner un siège… « Peut-être que dans le futur, le groupe, s’il gardera bien évidemment une majorité de communistes, n’aura pas que des communistes », nous glisse Eliane Assassi.
Un siège en moins pour le groupe à Paris et dans le Val-de-Marne
A Paris, l’ancien numéro 1 du PCF, Pierre Laurent, ne se représente pas. Les communistes devraient cependant garder un siège dans la capitale, avec Ian Brossat, adjoint au maire d’Anne Hidalgo, qui devrait occuper la troisième place de la liste. Le cas de Marie-Noëlle Lienemann, qui ne se représente pas, est plus particulier. Elue en 2017 sur la liste PS, elle a ensuite rejoint le groupe communiste quand elle a quitté le PS pour créer la Gauche républicaine et socialiste. Cela fera un siège de moins pour le groupe CRCE à Paris.
Dans le Val-de-Marne, le sortant Pascal Savoldelli mènera une liste d’union avec les socialistes – la sénatrice PS Laurence Rossignol occupera la seconde place – et sera élu. L’inverse serait pour le coup une énorme surprise, dans ce territoire qui a longtemps fait figure de bastion du Parti communiste. Mais le parti y a perdu des villes et le département. L’autre sortante, Laurence Cohen, ne se représente pas. Le PCF perdra donc un siège dans le Val-de-Marne.
Dans les Hauts-de-Seine, Pierre Ouzoulias sera à nouveau candidat, avec de bonnes chances d’être élu sur une liste où il sera suivi d’une socialiste. Dans la Loire, Cécile Cukierman vise un troisième mandat.
Espoirs de conquêtes en Meurthe-et-Moselle ou Seine-et-Marne
Si Eliane Assassi évoque malgré tout des gains de sièges, c’est parce que le PCF caresse quelques espoirs de nouvelles victoires, comme en Meurthe-et-Moselle, où le socialiste Olivier Jacquin aura en numéro 2 une communiste, tout comme en Seine-et-Marne, derrière le socialiste Vincent Eblé. On peut citer aussi l’Essonne, où le PC sera derrière le maire PS d’Orsay.
Sans oublier l’Isère, derrière le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard. Il faut se rappeler que l’écologiste a d’abord siégé au groupe CRCE, lors de son élection, en 2017. « Il peut y avoir aussi des conquêtes dans des départements à scrutin uninominal (qui élisent un ou deux sénateurs, ndlr) », souligne la présidente de groupe. Il faudra regarder du côté de l’Outre-Mer également.
Un accord avec le PS pour des listes communes dans de nombreux départements
Ce qui devrait faciliter le maintien d’un groupe pour le Parti communiste, c’est aussi, on le voit dans la composition des listes, l’accord national que le PCF et le PS ont conclu. Pas encore officiellement, car la Place du Colonel Fabien doit justement entériner cet accord ce week-end. Mais du côté du PS, on en parle comme d’une chose faite. Et entre alliés de gauche, on n’hésite pas à se donner un petit coup de pouce. « Je n’imagine pas un seul instant que nous ne faisions pas tout pour que le groupe communiste puisse continuer à exister. Et pas dans une logique condescendante, mais les trois groupes de gauche apportent une richesse politique », nous expliquait Patrick Kanner, président du groupe PS.
Outre Paris, le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine, la Seine-et-Marne et la Meurthe-et-Moselle déjà évoqués, le 14 juin dernier, le responsable des élections du PS, Pierre Jouvet, citait également le Puy-de-Dôme, l’Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher, la Haute-Loire, la Loire-Atlantique, le Loiret, le Maine-et-Loire, la Manche, la Marne, la Haute-Marne ou encore l’Oise, comme départements faisant l’objet d’un accord avec le PCF.
Plutôt qu’un accord « gagnant-gagnant », Eliane Assassi préfère simplement dire qu’« on travaille ensemble. Et ce n’est pas nous aider. Je ne souhaite pas que le PS perde de sénateurs. Il n’y a pas de concurrence entre nous. On essaie de construire des rassemblements, avec pour objectif de réduire la majorité de droite au Sénat et faire en sorte qu’il n’y ait pas de sénateur RN ». « On a des listes de rassemblement qui sont construites », ajoute Eliane Assassi, mais maintenant, « faut aller au charbon ! »
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