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Sénatoriales 2023 : dans le Lot, la succession de Jean-Claude Requier rebat les cartes
Par Samia Dechir
Publié le
C’est une terre de gauche, plutôt modérée. Dans le Lot, les deux sièges de sénateurs se partagent historiquement entre les socialistes et les radicaux. Mais cette année, l’équilibre pourrait basculer au profit du PS. A 74 ans, le sortant Jean-Claude Requier a décidé de ne pas se représenter. Cet élu lotois est aussi le président du groupe radical au Sénat. Dans le Lot, la course à sa succession est ouverte, deux candidats sont sur les rangs.
Officiellement, Jean-Claude Requier soutient les deux candidats radicaux. Mais on le dit proche de Raphaël Daubet, maire de Martel, tout comme l’a été avant lui le sénateur sortant. Raphaël Daubet est un valoisien, nom donné à branche macron-compatible des radicaux, plus vieux parti de France désormais divisé en plusieurs tendances.
A 46 ans, il se présente aux élections sénatoriales pour succéder à celui qu’il considère comme « un ami très proche, quelqu’un qui a incarné quelque chose au Sénat avec sa verve, son sens de l’humour, son coup de fourchette, mais aussi une certaine humanité, quelqu’un [qu’il] admire ». Jean-Claude Requier n’a pas pourtant appelé à voter pour lui. « Je ne lui ai pas demandé parce que je crois que ça peut être compliqué pour lui vis-à-vis des autres candidats, mais je n’ai aucun doute sur son soutien ».
Naturellement légitime ?
Face à lui, une autre candidate revendique elle aussi le soutien du sénateur sortant. Geneviève Lasfargues est l’actuelle suppléante de Jean-Claude Requier, et se voit donc naturellement la mieux placée pour lui succéder. « Je suis légitime pour me présenter aux élections sénatoriales, étant donné que je suis remplaçante de Jean-Claude Requier » tranche d’emblée la candidate. Elle représente le Parti Radical de Gauche (PRG), l’autre branche des radicaux.
Avec deux candidats pour une seule place, les radicaux pourraient perdre leur siège dans le Lot. S’il n’a pas fait de choix entre les deux candidats à sa succession, Jean-Claude Requier a tout de même laissé une consigne. En cas de second tour, il demande au moins bien placé des deux prétendants de se retirer au profit de l’autre. Mais rien n’est écrit. « On verra bien le 24 septembre, on verra le second tour » lâche Geneviève Lasfargues, sans exclure totalement d’appeler à voter pour son concurrent. Une situation qui pourrait profiter à la
Le favori du Parti Socialiste
Dans le Lot, l’autre siège de sénateur revient historiquement au Parti Socialiste. Pour l’occuper, un candidat fait figure de favori : le maire de Cahors. Ce proche de Carole Delga en est à son troisième mandat à la tête de la première ville du Lot. Le dernier, avait-il prévenu. A 51 ans, il se lance donc dans la course aux sénatoriales, et à en croire ses concurrents, son élection ne ferait aucun doute. « On dit que je serai élu dès le premier tour, moi je n’en sais rien. Je me comporte comme un challenger. J’aurais fait les 313 communes, et plus de 7 000 km, donc on verra ça le 24 septembre » nuance le candidat.
Mais il reconnaît qu’un atout de taille peut faire la différence. Jean-Marc Vayssouze-Faure préside l’association des maires et élus du Lot, un réseau précieux dans cette élection indirecte, où 95 % des grands électeurs sont des élus municipaux. « Forcément que [cela] me donne un avantage par rapport aux autres concurrents » admet le maire de Cahors.
Une seule sortante dans la course
Angèle Préville est l’autre candidate investie par le Parti Socialiste. Elle est surtout la seule sortante de ces sénatoriales lotoises. A la fin de son premier mandat, celle qui s’est illustrée au Sénat sur la lutte contre la pollution plastique veut poursuivre son travail à la chambre haute. « J’ai découvert tout ce qu’on pouvait faire au Sénat : inscrire dans la loi de belles avancées, intervenir de manière concrète ». Angèle Préville se dit confiante, mais une autre candidature à gauche pourrait bien lui compliquer la tâche.
Comme sur une piste d’athlétisme
Anne Laporterie a été la collaboratrice parlementaire d’Angèle Préville. Aujourd’hui, elle se présente face à elle. « Personne ne se présente contre personne » élude-t-elle, « on est neuf candidats, comme sur une piste d’athlétisme, on présente chacun notre programme ». Contrairement à son ancienne patronne, Anne Laporterie n’a pas l’investiture du PS. Le parti l’a suspendue après les dernières législatives, où elle s’est présentée comme suppléante face au candidat officiel de la Nupes. « Ce n’est pas ce qui intéresse les grands électeurs, les questions de partis. Ce qui les intéresse, c’est ce que chacun peut apporter. Leurs problèmes sont liés aux ruralités, au financement de leur projet. Ce sont ces questions-là qu’ils me posent » se défend la dissidente, élue municipale à Figeac.
Ses concurrents disent d’elle qu’elle fait une bonne campagne, au rythme de huit ou neuf mairies visitées par jour. Dans le Lot, le scrutin sénatorial se joue moins sur l’appartenance à un parti que sur la personnalité des candidats, et leur capacité à convaincre des élus majoritairement sans étiquette. Cette année, l’élection s’annonce particulièrement ouverte entre radicaux et socialistes.
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