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Sénatoriales 2023 : avec trois sénateurs, le retour inédit du Rassemblement national au Palais du Luxembourg
Par Stephane Duguet
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Le Rassemblement National (RN) pariait sur son retour au Sénat après les élections de ce dimanche où 170 sénateurs sur 348 ont été renouvelés par 78 000 grands électeurs. « Le fait que le RN revienne au Sénat était attendu pour nous », explique Sébastien Chenu, député du Nord et vice-président du parti sur Public Sénat. Ce soir, le parti de Jordan Bardella et de Marine Le Pen a gagné trois sièges dans trois départements : le Pas-de-Calais, le Nord et la Seine-et-Marne.
Il faut dire que le parti à la flamme ne comptait plus aucun élu à la chambre haute. Le dernier d’entre eux, Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône réélu en 2020, a quitté le RN pour Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, l’an dernier. Avant lui, David Rachline avait démissionné en 2017 pour retrouver son fauteuil de maire de Fréjus et sa suppléante avait été exclue du parti. Leurs élections remontaient au scrutin sénatorial de 2014. A cette époque, le RN, à l’époque nommé Front National, avait obtenu deux sénateurs pour la première sous la Ve République.
Gains dans les Hauts-de-France
Cette fois, comme espéré par l’état-major du RN, le parti d’extrême droite a obtenu deux sénateurs dans la région des Hauts-de-France. Christopher Szczurek a été élu dans le Pas-de-Calais où 7 sièges étaient en jeu. Sa liste a recueilli 14,12 % des suffrages, soit 557 grands électeurs sur 4 062, ce qui la positionne à la troisième place. Dans le département voisin du Nord, c’est Joshua Hochart, ancien directeur de campagne de Sébastien Chenu aux régionales et conseiller municipal de Denain, qui a glané l’un des onze sièges remis en jeu. Sa liste a terminé sixième sur les sept élues avec 7,60 % des suffrages (433 grands électeurs sur 5 899).
Le dernier siège bleu marine était, lui, plus inattendu puisque c’est la tête de liste RN en Seine-et-Marne qui l’a remporté. Aymeric Durox, également vice-président du groupe RN au conseil régional Ile-de-France, a obtenu 12,98 % des voix (413 grands électeurs sur 3 327). Dans ses projections, le RN misait plus sur des départements comme l’Oise ou la Moselle. Dans l’Oise, la liste de Mylène Troszczynski n’a rassemblé que 6,27 % des voix (146 grands électeurs sur 2 397 grands électeurs). En Moselle, la liste de Michel Rambour a obtenu 9,86 % (275 grands électeurs sur 2 894).
« Un tabou a explosé »
Sébastien Chenu vante des scores qui « ont multiplié par trois, quatre voire cinq les résultats du précédent renouvellement sénatorial » (en 2017) dans certains départements. Une progression qu’il attribue à la capacité des candidats RN à convaincre les grands électeurs. « Ce n’est pas une victoire tactique pour le RN, mais c’est une victoire stratégique parce que cette élection est extrêmement défavorable au RN », analyse le constitutionnaliste Benjamin Morel sur Public Sénat. Le chercheur explique que le scrutin est marquant pour le RN parce que « dans certains départements, on a des chiffres importants de grands électeurs qui ont pu voter pour le RN, jusqu’à 15 %. Un tabou a explosé. » Selon lui, pour les grands électeurs, « le vote RN est devenu quelque chose de possible. Cet ancrage existe, il faudra voir s’il est structurel. »
Même s’il y a eu une progression du nombre de voix pour le RN dans certains départements, le parti d’extrême droite a échoué à faire élire des sénateurs dans des circonscriptions alors qu’il y avait raflé tous les sièges aux élections législatives de 2022. Dans les Pyrénées-Orientales et la Haute-Marne, il n’y aura pas de sénateurs étiquetés Rassemblement national. Malgré la majorité RN de Louis Aliot à Perpignan, chef-lieu des Pyrénées-Orientales, son premier adjoint et candidat aux sénatoriales Charles Pons a terminé quatrième du second tour alors qu’il y avait deux sièges à pourvoir. Il a obtenu 14,87 % des voix, soit 186 grands électeurs sur 1 284. Même position pour le candidat RN dans la Haute-Marne. Benjamin Fèvre a obtenu 21,19 % des voix, c’est-à-dire 164 grands électeurs sur 791 au second tour.
Stratégie similaire à celle de l’Assemblée nationale
Il n’en reste pas moins qu’avec ces trois sièges, le Rassemblement national signe une nouvelle percée au Sénat. Cette entrée ne suffira tout de même pas à former un groupe politique à la chambre haute comme les 89 députés avaient pu le faire à l’Assemblée nationale. En effet, dix élus sont nécessaires à la formation d’un tel groupe. Sur l’attitude des trois nouveaux sénateurs RN, Sébastien Chenu promet qu’ils adopteront la même que leurs homologues de la chambre basse. « Ce sera la même stratégie qu’à l’Assemblée nationale, nous opposer à la politique du président de la République, faire des propositions et voter ce qui pourra aller dans le bon sens », affirme l’élu du Nord. Et l’examen du projet de loi immigration à partir du 6 novembre au Sénat leur servira certainement de vitrine pour révéler cette stratégie.
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