La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Sénatoriales 2023 à Paris : Agnès Evren perd sa place au sein de la commission d’investiture LR
Par Romain David
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Le jeu de chaises musicales à la tête des Républicains se poursuit, dans la foulée de l’élection d’Éric Ciotti à la présidence du parti en décembre dernier. Les Etats généraux de la droite, qui se sont tenus au Cirque d’Hiver à Paris samedi dernier, ont été l’occasion de valider la recomposition de deux instances clefs dans le fonctionnement de LR : le bureau politique (BP) et la commission nationale d’investiture (CNI). À l’approche des sénatoriales de septembre, cette dernière est au cœur des préoccupations des sortants et des nouveaux candidats, qui espèrent obtenir un laissez-passer pour partir à la conquête d’un (nouveau) mandat. Si des noms sont déjà pressentis dans de nombreux départements, c’est à la commission d’investiture qu’il revient de valider les différentes compositions.
Dans les semaines à venir, ses membres, présidés depuis 2018 par la députée des Alpes-Maritimes Michèle Tabarot, auront à trancher sur un certain nombre de cas litigieux. Parmi lesquels celui de Paris, qui doit être abordé lors d’une réunion prévue le 4 juillet. La droite ne semble pas prête d’échapper à ses vieux démons dans la capitale où elle part, comme lors des précédents scrutins sénatoriaux, divisée avec plusieurs listes dissidentes déjà annoncées.
Face à la liste « Changer Paris » emmenée par la sénatrice sortante Catherine Dumas, liste soutenue par Rachida Dati et qui rassemble des élus de droite au Conseil de Paris, la députée européenne Agnès Evren envisage de présenter une liste autonome. Or, celle qui préside également la fédération LR de Paris a eu la mauvaise surprise de découvrir qu’elle ne figurait pas dans la nouvelle CNI, où elle siégeait jusqu’à présent.
« J’ai toujours été loyale à mon parti »
Une annonce qui a choqué le camp d’Agnès Evren, d’autant que cette nouvelle mouture compte une petite vingtaine d’entrants. « On aurait au moins aimé recevoir un coup de fil pour avoir une explication », nous glisse-t-on. Faut-il relier cette décision au contexte parisien ? « Je trouve ça injuste et brutal. J’ai toujours été loyale à mon parti », fait valoir Agnès Evren auprès de Public Sénat. Philippe Goujon, le maire LR du 15e arrondissement, qui soutient sa candidature, a également perdu sa place au sein du Bureau politique.
Catherine Dumas, en revanche, fait son entrée dans la nouvelle composition de la CNI. Son colistier, Francis Szpiner, le maire du XVIe arrondissement, y a conservé sa place. « Franchement je ne sais pas si la situation d’Agnès Evren a un lien avec ce qu’il se passe à Paris », balaye Catherine Dumas. « J’avais demandé à rentrer dans la commission compte-tenu des fonctions que j’occupe au Conseil de la ville [où elle est vice-présidente du premier groupe d’opposition, ndlr]. Mais la composition de la commission reste une prérogative de l’exécutif LR ».
Agnès Evren a déjà reçu le soutien de 16 grands électeurs la semaine dernière, lors de la désignation des délégués des conseils municipaux, une étape préalable au scrutin de septembre. De quoi lui assurer un siège de sénatrice, alors qu’elle a été sortie de la liste emmenée par Catherine Dumas, où elle figurait initialement à la troisième place, derrière Francis Szpiner. Conseillère municipale élue dans le XVe, Agnès Evren rappelle que son éviction de la liste « Changer Paris » signe aussi la mise au ban de son arrondissement, pourtant l’un des principaux pourvoyeurs de conseillers municipaux pour la droite. « Je n’ai pas cherché à créer cette situation. Je suis la représentante de l’un des plus gros arrondissements de Paris. Je ne pouvais pas laisser le XVe affaibli, j’ai pris mes responsabilités ».
Dans le camp de Catherine Dumas, on invoque le mélange des genres en expliquant que c’est le mandat européen d’Agnès Evren qui a joué en sa défaveur, puisque celui-ci court encore jusqu’en en 2024. Ironie du sort, elle devrait théoriquement assister à la réunion de la CNI qui désignera la liste officiellement investie par la rue de Vaugirard : le président de la fédération concernée est toujours invité à participer aux débats.
Dissidences en cascade
Débats qui devront également trancher le sort de Pierre Charon. Le sénateur parisien – reconduit au sein de la CNI – pilotait la liste officiellement investie en 2017, et aimerait rempiler pour un troisième mandat. Il s’est vu proposer la quatrième place sur la liste de Catherine Dumas – à rebours de l’usage toutefois, qui veut que les sénateurs sortant soient placés en tête de liste -, mais a opposé une fin de non-recevoir, préférant s’assurer une place éligible. La droite peut espérer décrocher trois sièges à Paris, éventuellement quatre comme en 2017, mais les divisions menacent ce scénario.
« Ma liste ne bougera plus. La campagne est lancée, personne ne sortira », avertit Catherine Dumas. Pierre Charon menace lui aussi de partir en dissidence s’il n’obtient pas gain de cause. C’est d’ailleurs avec une liste dissidente qu’il avait été élu pour la première fois au Palais du Luxembourg, en 2011.
Autre cas en suspens : celui de Céline Boulay-Espéronnier. Elue en 2017 à Paris sur une liste divers-droite emmenée par Philippe Dominati qui ne se représente pas, la sénatrice espère pouvoir rempiler. Parce qu’elle a toujours siégé au sein du groupe LR au Sénat, Céline Boulay-Espéronnier espère donc un coup de pouce de la part de la rue de Vaugirard, mais réfléchit également à présenter sa propre liste.
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