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Sécurité des Jeux Olympiques 2024 : un rapport de la Cour des comptes confirme les craintes du Sénat
Par Henri Clavier
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« Sur ces 280 000 porteurs de carte professionnelle d’agent de sécurité fin 2022, seulement 90 000 étaient localisés en Île-de-France. L’évaluation des besoins du COJOP est de 17 000 agents de sécurité par jour en moyenne durant les Jeux », pointe le rapport de la Cour des comptes. Alors que dans son rapport de janvier 2023, la Cour des comptes identifiait déjà une difficulté relative au recrutement des agents de sécurité privée pour les Jeux Olympiques, la situation semble se confirmer malgré les divergences d’estimation entre le COJOP et la Cour des comptes. Un élément mis en exergue par les sénateurs durant les débats sur le projet de loi relatif aux Jeux Olympiques. Si la juridiction financière planchait sur un besoin de 22 000 à 32 000 agents par jour, le COJOP retient pour sa part un besoin de 17 000 par jour en moyenne avec des pics à 22 000.
« Le risque de ne jamais atteindre le nombre d’agents de sécurité privée est évident »
« Le risque de ne jamais atteindre le nombre d’agents de sécurité privée est évident, le Sénat alerte sur ce point depuis plusieurs mois », affirme sans détour Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône. Comme rapporté par la Cour des comptes, le secteur professionnel des agents de sécurité privée connaît d’importantes difficultés depuis le Covid avec des effectifs en diminution. Si ces difficultés sont bien connues, et que « les services de l’État ont engagé un effort de grande ampleur pour attirer de nouveaux candidats » les solutions envisagées ne semblent pas suffisantes pour atteindre le nombre d’agents de sécurité nécessaires. Des difficultés de recrutement logique pour « un secteur où les conditions de travail sont pénibles et les rémunérations pas à la hauteur », estime le sénateur centriste Claude Kern.
Fin 2022, la ligne budgétaire « sécurité » a connu une augmentation de 24 millions d’euros afin de proposer une rémunération horaire plus attractive pour les agents de sécurité. Le COJOP rappelle également que le tarif horaire est supérieur de 25 % à la grille tarifaire habituelle mais ne prend ni en compte les difficultés relatives au logement , ni le fait que « les critères financiers ne sont que secondaires » pour les prestataires. Un constat relativement implacable puisque sur les 226 lots soumis à des appels d’offres depuis avril 2022, 55 n’ont pas été pourvus. « On ne peut pas penser qu’une formation accélérée va régler le problème, l’Etat ne peut pas attendre octobre et la fin de troisième vague d’appels d’offres pour agir, il faut des solutions concrètes tout de suite », alerte Guy Benarroche. « Le gouvernement démontre des lacunes évidentes en termes d’anticipation et d’organisation de l’événement. »
Le recours à l’armée, « une hypothèse bien avancée »
Au fur et à mesure des semaines, la rumeur d’une mobilisation des militaires court. Pourtant, cette hypothèse n’est pour l’instant qu’une alternative et « Gérald Darmanin était assez mal à l’aise lorsqu’il a été interrogé sur le sujet », souligne Guy Benarroche. Même si le recours à l’armée « est pour l’instant, dans le discours, un plan B », Claude Kern perçoit « une hypothèse bien avancée ». Alors, secret de polichinelle ou solution de repli ? Un peu des deux. « Le préfet Michel Cadot, délégué interministériel aux jeux, me confirme que tout est prêt pour mobiliser l’armée et qu’on attend seulement l’autorisation », révèle Claude Kern. Ce dernier précise que « c’est la solution qui, selon Michel Cadot, est la plus probable ».
Par ailleurs, la mobilisation de l’armée et des policiers et gendarmes de réserves ne répond pas pleinement à la problématique de la formation du personnel pour un événement aussi particulier. Partant de ce constat, « il est peut-être plus pertinent de mobiliser essentiellement des forces de l’ordre non-réservistes », estime Guy Benarroche. « On peut aussi demander à nos voisins européens de mobiliser leurs forces de l’ordre sur le terrain », conclut le sénateur écologiste.
Une cérémonie d’ouverture plus qu’incertaine
Dans ces conditions, le maintien d’une cérémonie d’ouverture aux contours aussi flous qu’ambitieux interroge. Pour rappel, la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 doit se dérouler en plein centre de la capitale, sur les bords de la Seine. Une cérémonie inédite dont les détails, pas encore arrêtés, pourraient avoir des conséquences majeures sur le dispositif de sécurité. « La jauge n’est pas encore arrêtée, mais on sera au minimum à 400 000 personnes, au maximum à 600 000 », souligne Claude Kern. A titre de comparaison, la cérémonie d’ouverture des jeux de Londres, en 2012, avait réuni 80 000 spectateurs au stade olympique.
Si la crainte d’une répétition des événements du Stade de France est présente, « le gouvernement a pris en compte les recommandations du Sénat pour éviter les mouvements de foules et a mis en place une billetterie obligatoire, infalsifiable et avec plusieurs points d’accès », tempère Claude Kern. A l’inverse, Guy Benarroche juge « la cérémonie d’ouverture totalement démesurée alors qu’il reste beaucoup de variables et d’indécisions ». Un aspect également évoqué par la Cour des comptes qui s’inquiète que le format et le déroulé de la cérémonie d’ouverture ne soient pas encore fixés. « Si le choix devait être fait d’intégrer aux festivités des éléments de spectacle visibles de loin (tels qu’un spectacle pyrotechnique), des besoins accrus de sécurisation en résulteraient compte tenu des attroupements que de tels spectacles ne manqueraient pas de provoquer », note le rapport de la Cour des comptes. Une indécision également constatée par Guy Benarroche qui déplore « l’impossibilité d’obtenir, sur divers sujets, un chiffrage clair et concret appuyé par des solutions satisfaisantes. On a l’impression d’être coincés, c’est le serpent qui se mord la queue ».
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