Le retour en fanfare du « made in France » ? A la fois marotte politique et véritable enjeu pour toute une filière, la nécessité de « consommer français » est devenue une priorité d’achat pour beaucoup de ménages, néanmoins freinée par l’inflation de ces dernières années.
Interrogé ce lundi 26 février à l’occasion de sa 2ème visite au Salon de l’Agriculture, le président du Rassemblement National, Jordan Bardella, a expliqué vouloir donner une « priorité d’accès » dans les marchés publics aux produits français, notamment dans la restauration collective, mesure qui relève selon lui de « patriotisme économique ».
« Structurer la filière »
Déjà présent ce dimanche 25 février au Salon, quelques heures avant la visite « surprise » du Premier Ministre Gabriel Attal, le président du Rassemblement National et future tête de liste du parti aux élections européennes, avait estimé qu’il fallait « changer de logiciel » du fait d’une mise en concurrence de l’agriculture française « avec des produits ou des filières qui ne respectent aucune des normes ».
Invitée à réagir à la prise de parole de Jordan Bardella, la sénatrice LR des Yvelines, Sophie Primas, a quant à elle fait part de ses réserves sur la réalité économique et logistique d’une telle mesure : « Une partie de la loi EGALIM I appelait de ma part à un certain nombre de réserves car lorsqu’il est dit dans la loi qu’il faut 20% de bio dans la restauration collective, nous devons avoir des agriculteurs et des volumes qui soient organisés autour de la restauration collective pour le faire ». La sénatrice a également estimé que la mise en valeur de la production française implique la mise en place de tout un écosystème autour des établissements scolaires : « Nous devons embarquer les parents d’élèves, s’assurer qu’autour des écoles, une structuration de la filière soit organisée pour être efficace ».
Les efforts des agriculteurs « pas toujours récompensés »
Même son de cloche pour le vice-président des Jeunes Agriculteurs, Rémi Dumas. Selon l’agriculteur, il faut « bien sûr » privilégier le made in France, mais il sera difficile de fournir l’ensemble de la population car la France exporte massivement. Selon le viticulteur, il existe de nombreux freins administratifs empêchant la « mise au vert » des agriculteurs : « Depuis que je suis certifié haute valeur environnementale, je perds de l’argent » déplore-t-il, pointant des « normes contradictoires ». « On vend nos produits au même prix alors qu’ils sont plus coûteux à produire ».
« Les produits bio atteignent un plafond de verre, les agriculteurs font des efforts qui ne sont pas toujours récompensés » regrette pour sa part Julien Quéré, salarié agricole dans une exploitation de pommes en Corrèze. Sur les propos de Jordan Bardella, le producteur a estimé qu’il y avait « fort à faire, étant donné que l’agriculture française n’est pas en mesure de s’aligner face aux prix européens ». « Il faudrait nourrir les cantines scolaires, les enfants » appelle-t-il, estimant « dommage qu’on ne puisse pas le faire » aujourd’hui.