Salon de l’Agriculture : Agnès Pannier-Runacher dénonce « l’instrumentalisation » de la crise par Jordan Bardella
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Au lendemain d’un week-end d’ouverture du Salon de l’agriculture marqué par une grande tension en marge de la visite du président de la République, le sujet de la crise agricole continue de cliver les responsables politiques et permet au match entre la majorité présidentielle et le Rassemblement national de s’installer en vue élections européennes. Contrastant avec le chahut et la grogne rencontrés par Emmanuel Macron samedi, Jordan Bardella s’est invité au Salon de l’agriculture dimanche, entouré de militants, pour une opération séduction de l’électorat agricole. Bénéficiant de la bienveillance d’une partie des acteurs du monde agricole – notamment du puissant syndicat Coordination rurale, le Rassemblement national semble mieux parvenir à capter la colère agricole que le gouvernement. Une colère sur laquelle le parti compte ensuite capitaliser pour se présenter en opposant crédible à la majorité présidentielle.
« Instrumentalisation »
Pour la ministre déléguée à l’Agriculture et à la Souveraineté alimentaire, Agnès Pannier-Runacher, « il ne faut pas surestimer » la fronde à laquelle a été confronté Emmanuel Macron samedi. « On avait 300, 400 personnes qui ont donné une image pas très positive de notre salon », déplore la ministre, sans que cela soit, d’après elle, très significatif. Concernant la ferveur rencontrée par le Rassemblement national, Agnès Pannier-Runacher pointe une « instrumentalisation » de la crise agricole par le parti d’extrême droite. « Quand vous n’avez aucune proposition à avancer et que votre seul propos est de dire ‘vous avez raison d’être en colère’, bien sûr que vous avez de l’écoute », tacle la ministre déléguée. Pour Agnès Pannier-Runacher, le Rassemblement national n’a pas de « ligne » sur la question agricole, dénonçant « Monsieur Bardella qui vote pour la PAC les jours pairs et contre la PAC les jours impairs ». « Il a fait la politique de la chaise vide au Parlement européen. Quand il était en situation d’agir, il n’a rien fait, il n’a pas apporté de solution », dénonce-t-elle.
« Les agriculteurs ont raison »
Ce dernier a pourtant émis une proposition forte hier lors de sa visite au Salon : « Sortir des accords de libre-échange ». Une idée que la ministre considère comme « une bêtise énorme », les accords de libre-échange étant selon elle « une façon de réguler le commerce ». Face aux mesures protectionnistes mises en avant par le Rassemblement national, la ministre déléguée à l’agriculture répond « simplification des normes, compétitivité », et déplore que le parti d’extrême droite « surfe » selon elle sur « les difficultés des agriculteurs » sans pour autant « proposer de solutions ». « Beaucoup de nos opposants nous expliquent qu’il faut refuser les exportations. Mais nous exportons deux tiers des calories que nous produisons ? Comment penser une minute que notre agriculture peut vivre dans un monde fermé ? », fait mine de s’interroger la ministre. Face à la détresse des agriculteurs et au manque de revenu dont souffrent certains, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place de « prix plancher ». Une solution que la ministre Agnès Pannier Runacher défend comme un moyen de « responsabiliser les interprofessions », sans que ce soit non plus « la mesure ultime », a précisé la ministre. Et Agnès Pannier Runacher de courtiser à son tour les agriculteurs. « Nous devons balayer devant notre porte, c’est très clair », concède-t-elle. « Les agriculteurs ont raison de nous interpeller, ils ont raison de dire qu’il y a trop de paperasserie, ils ont raison de dire que sur certains sujets, ils connaissent mieux leur exploitation que nous », énumère la ministre déléguée à l’agriculture. Un discours que devrait probablement s’approprier la future tête de liste Renaissance aux élections européennes, qui aura fort à faire pour rattraper son retard sur le Rassemblement national de Jordan Bardella, loin devant dans les sondages. D’après plusieurs médias, dont La Tribune dimanche qui l’a révélé le 25 février, il devrait s’agir de l’eurodéputé Valérie Hayer, fille d’agriculteurs.
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