Réunis à Rennes pour leurs journées parlementaires, députés et sénateurs écologistes dessinent ensemble leurs lignes rouges. Sans abrogation de la réforme des retraites, renforcement du volet environnement du budget et nouvelles mesures de justice fiscale, le nouveau gouvernement risque la censure. Une position qu’ils partagent avec le reste de la gauche, même s’ils reconnaissent des divergences de méthode.
Revenir sur l’âge de départ à la retraite à 64 ans ? « La porte est ouverte », assure Agnès Pannier-Runacher
Par Théodore Azouze
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Une réforme des retraites qui pourrait être chamboulée ? « Il n’y a pas de tabou », a estimé Agnès Pannier-Runacher sur Public Sénat ce jeudi. Ces derniers jours, le ministre de l’Économie Eric Lombard et la ministre chargée des Comptes publics Amélie de Montchalin ont reçu les représentants de différents partis d’opposition à Bercy dans la quête d’un accord de non-censure sur le budget. Mercredi, les socialistes, les écologistes et les communistes ont notamment pu échanger avec les nouveaux responsables en poste au gouvernement.
Au cœur des revendications de la gauche : l’abrogation ou la suspension de la réforme des retraites. Un des points d’achoppement avec Bercy concerne l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. François Bayrou pourrait-il revenir sur cette date ? « La porte est ouverte et la main est tendue », a lancé la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche ce jeudi. « Sur la réforme des retraites, bien sûr qu’on est prêt à avancer. »
Appel à la « coconstruction »
En revanche, Agnès Pannier-Runacher pose ses conditions à un potentiel accord et une évolution de la loi. « On est prêt à avancer de manière à ne pas reculer sur une chose essentielle : le financement des retraites. Je rappelle que cette réforme visait à une chose : sauver notre système de retraites », a ainsi précisé la responsable. La réforme des retraites avait été adoptée au début de l’année 2023 après l’utilisation par le gouvernement de l’article 49-3 de la Constitution à l’Assemblée nationale.
Pour Agnès Pannier-Runacher, la situation financière des comptes publics, avec un déficit de la Sécurité sociale atteignant 18,5 milliards d’euros en 2024, appelle à trouver des solutions pour « sauver le système de retraites » en cas de modification de la loi sur la question. « Les faits et les chiffres sont têtus, a-t-elle souligné. Nous sommes dans un déficit majeur. La population vieillit. Là où il y a 40 ans, on finançait en moyenne 13 ans de retraites, aujourd’hui, c’est quasiment le double. »
Après un nouvel échange à Bercy, le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a déclaré jeudi matin sur TF1 « prolonger » la discussion avec le gouvernement. « J’ai compris une chose simple, c’est qu’il n’y a pas de veto » posé par les ministres au sujet des retraites, a rappelé le chef de file socialiste. La poursuite du dialogue est également demandée par Agnès Pannier-Runacher. « Si on a cet esprit de coconstruction et de responsabilité, on y arrivera », résume-t-elle. « Si des gens veulent faire de la petite politique, bien sûr qu’on n’y arrivera pas. Mais ce ne sera pas dans le sens de l’intérêt des Français. »
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