Alors que les socialistes continuent de réclamer des engagements supplémentaires de la part de François Bayrou sur une éventuelle remise en chantier de la réforme des retraites, Hervé Marseille, le patron des sénateurs centristes, appelle à la fois les oppositions et le gouvernement à trouver des « compromis » au nom de la stabilité.
Retraites : « Seuls le Medef et Ciotti vous soutiennent encore », lance Eliane Assassi à Elisabeth Borne
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« La société toute entière est vent debout contre votre réforme injuste. » Avant la journée de mobilisation de demain, la présidente du groupe communiste a chauffé la salle, ce mercredi après-midi lors des questions d’actualité au gouvernement. Déroulant l’argumentaire de la gauche contre une réforme qui touchera « principalement les ouvriers, les employés et les femmes », Eliane Assassi entend bien « relayer » dans la haute assemblée « le vaste mouvement qui s’enclenche. »
« C’est parce que votre réforme est injuste qu’elle est rejetée massivement »
« Votre projet ne sera pas pérenne parce que vous ne changez pas de logiciel de financement », a lancé la sénatrice de Seine-Saint-Denis. « Alors qu’il suffirait, et ce n’est qu’un exemple, de taxer de 2% la fortune des milliardaires. Ce quoi qu’il en coûte qui a bénéficié aux entreprises et au CAC 40 gorgé de dividendes, ne peut-il pas être décidé pour une bonne retraite en bonne santé et sereine ? », a-t-elle poursuivi ?
Sur la forme aussi, la présidente du groupe communiste fustige les méthodes de l’exécutif, qui, en passant par un projet de loi rectificative de financement de la Sécurité sociale, pourrait profiter des délais contraints pour faire passer le texte à l’Assemblée sans vote, voire pour légiférer par ordonnance : « Vous comptez restreindre les débats parlementaires à 20 jours à l’Assemblée nationale et 15 jours au Sénat. C’est un super 49-3 que vous avez dégainé, des voix s’élèvent pour souligner l’inconstitutionnalité de votre démarche. »
Le résultat, d’après Eliane Assassi, c’est que cette réforme « injuste » est « rejetée très massivement » : « Seuls le Medef et M. Ciotti vous soutiennent encore. Dès demain nous serons dans la rue avec le peuple qui exige le retrait de votre projet. »
Réforme des retraites : « Un projet de justice et de progrès social »
« Comme vous, je suis fermement attachée à notre système de retraite par répartition, je considère que c’est l’un des piliers de notre système social. Nous sommes confrontés à des faits : le nombre d’actifs baisse par rapport au nombre de retraités », lui a répondu Elisabeth Borne. « Si nous ne faisions rien, cela conduirait à creuser les déficits, cela conduirait à baisser les pensions, augmenter les impôts ou remettre en cause le système. Avec le Président de la République, nous n’en voulons pas. »
La Première ministre a concédé « mesurer » ce que le report de l’âge légal « peut représenter pour beaucoup », mais elle veut croire que le gouvernement a « construit un projet de justice et de progrès social » : « Au total, 4 Français sur 10, souvent les plus modestes, les plus fragiles, pourront partir après 64 ans. Ce sont les 20% des travailleurs les plus modestes qui auront le moins à décaler leur départ à la retraite. »
Elisabeth Borne a poursuivi : « Le progrès social, c’est aussi augmenter la pension minimale pour une carrière complète au niveau du SMIC, soit une augmentation de 100 euros par mois. 2 millions de personnes bénéficieront de cette hausse. » Pour la Première ministre, c’est « grâce à cette réforme que nous assurerons une retraite digne à toutes celles et ceux qui ont travaillé toute leur vie. »