Alors que François Bayrou a publiquement affirmé son opposition au rétablissement de l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans, l’issue du conclave sur les retraites semble compromise. Une ligne rouge pour la CGT qui a quitté les négociations tandis que la CFDT fait de la négociation sur l’âge légal de départ une priorité. Un positionnement qui pourrait exposer le gouvernement au dépôt d’une motion de censure alors que le Parti socialiste avait accepté de ne pas censurer le gouvernement en échange de l’ouverture de négociations pour remettre en question certains paramètres de la réforme Borne.
« La discussion commence », rapporte le président de la commission des finances à l’Assemblée nationale, Éric Coquerel (LFI) qui songe à déposer une motion de censure. « Mais on ne peut pas la faire seule », rappelle le député de Seine-Saint-Denis qui révèle avoir testé « communistes et écologistes pour voir s’ils seraient disposés à la signer ». En effet, conformément à l’article 49 alinéa 2 de la Constitution, aucun député ne peut signer plus de trois motions de censure par session. Les motions déposées à la suite d’un recours à l’article 49 alinéa 3 sont exclues de ce décompte.
Une motion de censure commune à venir ?
Depuis le début de la session parlementaire, une première motion de censure consécutive à la déclaration de politique générale de Michel Barnier a été signée par l’ensemble des parlementaires de gauche et une seconde a été déposée à l’initiative du groupe de Mathilde Panot contre François Bayrou, le 14 janvier. Le deuxième texte signé par le nombre minimum de parlementaires (58) a été soutenu par une large majorité de parlementaires issus de la France insoumise ainsi que quelques députés des groupes écologistes et communistes. Les cartouches s’amenuisent donc pour la France insoumise qui sollicite les autres groupes de gauche pour tenter de faire tomber le gouvernement.
Si les communistes et les écologistes « ne sont pas réticents », ces derniers hésitent encore, confrontés à « l’incertitude de savoir si cette motion de censure peut passer ou non », explique Éric Coquerel. Par conséquent les groupes de gauche veulent d’abord s’assurer que ce texte sera soutenu par tous les opposants, et surtout par toute la gauche. Si LFI veut « essayer d’être autonome sans [les socialistes] », le président de la commission des finances à l’Assemblée nationale « espère qu’ils reviendront à la raison ».