Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Retraites : les parlementaires socialistes ne souhaitent pas participer à la concertation avec la Première ministre
Par Henri Clavier
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Rassembler et élargir la majorité, voilà la mission confiée par Emmanuel Macron à sa Première ministre. Mais, la tâche s’avère difficile pour l’exécutif. Dans un communiqué, le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, et Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, ont rejeté l’idée de la participation à une consultation sur la suite du calendrier parlementaire. « Nous ne souhaitons participer à aucune consultation sur la suite du calendrier parlementaire et les modalités de sa définition avant de connaître les suites données à votre rencontre avec l’intersyndicale prévue le 5 avril prochain », annonce le communiqué des socialistes.
Une position partagée par les autres groupes de gauche présents au Parlement, notamment les écologistes qui ne rencontreront pas Élisabeth Borne. Fabien Roussel et les communistes estiment que la décision se prend à l’Elysée et iront devant l’Elysée, avec des députés de la France Insoumise, remettre une lettre au chef de l’Etat pour lui demander de retirer la réforme des retraites.
« Le retrait de la réforme », un préalable aux négociations
Un boycott partagé par les autres groupes de la gauche parlementaire, qui souhaitent suspendre la réforme des retraites avant de pouvoir évoquer la suite du calendrier parlementaire. Pour le PS, « la condition de l’apaisement du pays, comme de la restauration d’un dialogue avec les parlementaires, est dans le retrait de la réforme », affirme le communiqué.
Les parlementaires de gauche refusent catégoriquement de lâcher du lest au gouvernement tant que la réforme des retraites n’est pas retirée. « C’est dans cet état d’esprit également que, conjointement avec l’ensemble des groupes de gauche et écologistes de l’Assemblée nationale et du Sénat, nous demandons à être reçus par le Président de la République mardi prochain », précise le communiqué du Parti Socialiste. Une position confirmée par le sénateur Bernard Jomier, apparenté au groupe socialiste, qui affirmait ce matin qu’Emmanuel Macron devait « inviter à une grande conférence sociale à l’Elysée ».
Une possibilité d’ouverture ?
Pourtant, les parlementaires socialistes ne sont pas opposés à toute discussion avec la Première ministre. « On ne dit pas non. On dit que s’il y a, avec l’intersyndicale, un bout de quelque chose, de médiation, et de remise en question, on est prêts à aller rencontrer Élisabeth Borne, avec nos propositions », affirme Patrick Kanner.
Une forme d’ouverture pourrait être acceptée ? « La rencontre qui était prévue, ce n’était pas que sur l’agenda et les retraites, mais sur la manière de sortir le pays de la crise. C’est ce que m’a dit Élisabeth Borne, que j’ai eu au téléphone ce week-end. Et nous, on viendra avec nos propositions, qui ont un point commun : plus de justice. Plus de justice pour notre pays, justice fiscale, sociale et territoriale. S’ils sont prêts à écouter nos propositions, why not », soutient Patrick Kanner. Peu de chance donc que le gouvernement accepte les demandes des socialistes, déjà formulées lors de l’examen de la réforme des retraites devant le Parlement. Surtout, le président du groupe socialiste au Sénat compte s’aligner sur la position des syndicats : « Je lui ai dit [à Élisabeth Borne] que s’il y avait une logique d’ouverture après l’entretien avec l’intersyndicale, nous serons prêts à la rencontrer avec Boris Vallaud ».
Faure ira à Matignon pour « évoquer la situation générale du pays »
Même si la gauche pose la suspension de la réforme des retraites comme préalable à la négociation et que l’exécutif refuse de discuter de l’âge légal de départ, Olivier Faure rencontrera tout de même Élisabeth Borne. « C’est aux seules fins d’évoquer la situation générale du pays qu’Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, se rendra à votre rencontre », écrivent les leaders du PS. Olivier Faure doit donc se rendre à Matignon en tant que Premier secrétaire du PS et non pour discuter de l’agenda parlementaire.