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Retraites : « La porte d’Olivier Dussopt est ouverte », répond Élisabeth Borne aux syndicats
Par Stephane Duguet
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Le coup était attendu, mais il n’en demeure pas moins virulent. « En 11 mots, vous allez sacrifier 18 millions de Français sur l’autel de la rentabilité financière avec cette simple phrase de votre projet de loi de réforme des retraites : le mot 62 est remplacé par le mot 64 » a lancé le président du groupe socialiste Patrick Kanner à Élisabeth Borne, la Première ministre lors de la séance hebdomadaire de questions au gouvernement du mercredi 8 mars.
« La nuit dernière, votre gouvernement de droite était main dans la main avec la droite sénatoriale », accuse Patrick Kanner
L’examen du texte qui est en cours jusqu’à dimanche soir au Sénat a donné lieu à une passe d’arme entre les sénateurs de gauche et de droite dans la nuit de mardi à mercredi. Par la voix du président de groupe Les Républicains Bruno Retailleau, l’article 38 du règlement du Sénat a été déclenché pour accélérer les débats en limitant le temps de parole de l’opposition. Ensuite, 1 000 amendements de la gauche ont été balayés par un amendement de réécriture de l’article 7 sur le report de l’âge légal. L’annulation de milliers de sous-amendements a provoqué l’ire des partis de gauche qui dénonce un « coup de force démocratique ».
Le sénateur du Nord Patrick Kanner n’a pas manqué de viser la Première ministre qu’il tient pour responsable de cette accélération du débat : « La nuit dernière, votre gouvernement de droite était main dans la main avec la droite sénatoriale de M. Retailleau pour empêcher qu’on discute correctement du report de 2 ans de l’âge de la retraite alors que le même jour des millions de Français étaient dans la rue pour dire non. » Élisabeth Borne a balayé toute ingérence : « Je peine à comprendre votre ton, vos insinuations et vos attaques, comme vous le savez, le gouvernement n’intervient pas dans l’organisation des débats ! »
« C’est dans le dialogue que ce texte a été construit »
Après avoir dénoncé une réforme des retraites qui tend à « préserver les privilèges », Patrick Kanner s’est fait le porte-voix des organisations syndicales qui ont demandé à rencontrer Emmanuel Macron, le président de la République, suite à la mobilisation du 7 mars. La non-réponse du chef de l’Etat est un « vrai problème démocratique » d’après l’intersyndicale et le sénateur socialiste qui a demandé à Élisabeth Borne : « Pouvez-vous demander au Président de la République d’entendre les Français, pouvez-vous lui demander de recevoir l’intersyndicale comme elle le demande, pouvez-vous lui demander de retirer cette réforme ? »
La réponse de la Première ministre se veut pour le moins claire : « Si les organisations syndicales souhaitent évoquer certains points particuliers, la porte du ministre du Travail Olivier Dussopt reste toujours ouverte ». Élisabeth Borne a vanté la concertation menée pendant trois mois entre le gouvernement, les syndicats, les organisations patronales et les différents partis politiques qui ont abouti selon elle à des modifications comme le décalage de l’âge minimum de départ en retraite à 64 ans et non 65 comme l’exécutif le prévoyait à l’origine.
« Je condamne les coupures d’électricité »
Élisabeth Borne est également revenue sur la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites qui a rassemblé 1,28 million de manifestants selon le ministère de l’Intérieur et 3,5 millions selon la CGT soit « sensiblement le même nombre de manifestants que fin janvier » d’après la Première ministre. Elle ne s’étonne pas de ces mobilisations : « Comme toutes les précédentes, la réforme que nous portons pour les retraites suscite certaines oppositions qui s’expriment dans la rue. C’est le droit des syndicats et de nos concitoyens. Je le respecte ».
La cheffe du gouvernement a salué des défilés « dans la plupart des cas sans débordements », remerciant les policiers et gendarmes mobilisés. Élisabeth Borne a aussi évoqué certaines actions menées par les syndicats comme les coupures de courant ciblées. « Je condamne les coupures d’électricité dans certains tribunaux, certaines universités, certains quartiers et certaines permanences parlementaires (dont celle du président du Sénat Gérard Larcher ; ndlr). Le droit de grève, ce n’est pas le droit de blocage. »
Poursuite des débats sous tension
Les débats autour de l’article 7 et le report de l’âge légal ont repris suite à la séance de questions au gouvernement. Si les sénateurs de gauche comme Patrick Kanner pour les socialistes et Guillaume Gontard pour les écologistes ont dénoncé les manœuvres de la droite qui a pris une nouvelle disposition afin de réduire encore le temps de parole des oppositions, la Première ministre « note toutefois que les débats avancent. Vous avez pu voter hier la première partie du texte, et vous avez déjà pu débattre plusieurs heures sur l’article 7 ».
La cheffe du gouvernement enjoint le Sénat et notamment les oppositions de gauche à continuer d’examiner le texte de la réforme jusqu’au bout : « Plus de 100 heures de débats sont encore prévues au Sénat. Vous avez les cartes en main pour agir, enrichir le texte et pour donner à tous les Français le débat démocratique qu’ils réclament ». Non content de sa réponse, Patrick Kanner estime que « l’entêtement » du gouvernement « c’est de l’aveuglement sur la situation dans le pays », ajoutant qu’avec les écologistes et les communistes : « Les Français pourront compter sur nous pour faire face à cette réforme indigne par rapport à leurs intérêts. Ils peuvent compter sur nous au Sénat, pour être leurs porte-voix ».