Retraites : « Il y a de la démagogie chez ceux qui expliquent que l’on peut aussi revenir sur la réforme Touraine », alerte Bernard Jomier

Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
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La gauche a réussi à faire adopter en commission, à l’Assemblée nationale, sa proposition d’abrogation de la réforme des retraites. Ce texte, porté par La France insoumise, et qui a également reçu le soutien du Rassemblement national, ramène l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans. Mais il va au-delà de la réforme de 2023, puisqu’il s’attaque également à la réforme dite « Touraine », adoptée sous François Hollande, en ramenant la durée de cotisation de 43 à 42 annuités. Les socialistes, qui ont toujours défendu le mécanisme mis en place en 2013 à l’initiative de la ministre Marisol Touraine, ont finalement accepté de joindre leurs voix à celles des autres groupes de gauche pour permettre à la proposition d’abrogation d’être débattue dans l’hémicycle, le 28 novembre.

« La réforme Touraine était nécessaire », a voulu défendre le sénateur de Paris Bernard Jomier (Place Publique), invité ce vendredi 22 novembre de l’émission « Parlement Hebdo » sur Public Sénat et LCP. Invoquant le vieillissement de la population française et l’allongement de la durée de vie, il invite ses collègues socialistes à ne pas tomber dans « la démagogie », la question des retraites étant devenue un marqueur emblématique pour les oppositions de gauche, mais aussi l’extrême droite, face au camp présidentiel et à ses alliés de droite. « J’appelle chacun à la responsabilité, pas à la démagogie, car il y a de la démagogie chez ceux qui expliquent que l’on peut aussi revenir sur la réforme Touraine », estime l’élu.

« Je ne suis pas sûr que tous les députés socialistes l’acceptent »

« La réforme de Marisol Touraine, elle, avait été mise en concertation et il y avait eu des centrales syndicales qui l’avaient approuvée parce qu’il y avait des dispositifs dedans sur les carrières longues et sur la pénibilité », veut rappeler Bernard Jomier, tandis que la réforme de 2023, finalement adoptée après le déclenchement du 49.3, a vu se former contre elle un large front syndical. Elle a également durablement entamé les relations de l’exécutif avec les partenaires sociaux.

Le sénateur estime que les débats en séance publique risquent de raviver certaines fractures au sein du Nouveau Front populaire : « Je ne suis pas sûr que tous les députés socialistes l’acceptent », glisse-t-il.

« Vous ne trouvez pas un pays autour de nous où l’on part avant 65 ans »

« Il y a ces fameuses deux gauches, la gauche de gouvernement et l’autre gauche, qui est celle des insoumis et maintenant des écologistes, qui sont irréconciliables », commente le député MoDem Philippe Vigier, également invité de « Parlement hebdo ». « La réforme Touraine, il fallait la faire », abonde-t-il. « Depuis 30 ans, pouvez-vous me citer une réforme des retraites qui a été abrogée par un gouvernement ? Jamais. Vous voulez qu’on parle une seconde des pays qui nous entourent ? Vous ne trouvez pas un pays où l’on part avant 65 ans », note-t-il

En revanche, ce parlementaire se dit ouvert à des aménagements sur les métiers pénibles et les trimestres de maternité. En 2023, François Bayrou, le patron du MoDem et l’un des principaux soutiens d’Emmanuel Macron, avait estimé qu’une « autre réforme était possible ».

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