Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.
Rentrée des députés RN à l’Assemblée : « Ils veulent montrer que le chaos et la pagaille, ce n’est pas eux »
Par Steve Jourdin
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Les troupes de Marine Le Pen ont fait leur entrée mercredi à l’Assemblée nationale, et ont promis d’être « irréprochables » afin d’arriver « demain » aux responsabilités. Dans l’hémicycle, le parti à la flamme et ses alliés devraient compter 143 députés, contre 88 en 2022. Il n’a jamais compté autant d’élus au Palais Bourbon.
Une rentrée en ordre de bataille
« C’est une victoire différée » affirme Marine Le Pen, tout sourire devant une nuée de journalistes. Ce mercredi, accompagnée de la centaine de députés RN, la future cheffe du groupe tente d’effacer l’idée d’une défaite aux législatives. « C’est une rentrée un peu similaire à celle de 2022 sur la forme, précise Arnaud Benedetti. En insistant sur le fait que les élections n’ont pas été un échec, et qu’il y a même eu une progression en termes de suffrages récoltés, Marine Le Pen garde la ligne qui a été la sienne par le passé » note le professeur associé à la Sorbonne, auteur de « Aux portes du pouvoir – RN, l’inévitable victoire ? » (Michel Lafon).
Au total, le RN et ses alliés devraient compter quelque 143 députés, loin de la majorité absolue (289). « Il s’agit d’une rentrée un peu paradoxale pour le RN, observe le politologue Bruno Cautrès. Le parti essaye de digérer l’immense déception que le second tour a provoqué dans ses rangs, mais en même temps, au regard de la cacophonie à l’œuvre dans les autres blocs de la gauche et du centre, il est à l’abri des critiques trop acerbes. Il ne renvoie pas l’image de divisions que l’on peut constater ailleurs » selon le politologue.
« Être irréprochables »
L’entre-deux-tours a pourtant provoqué de lourdes tensions en interne. Gilles Pennelle, directeur général du Rassemblement national en charge du « Plan Matignon », a démissionné mardi. Un départ lié à ce que le parti nomme des « erreurs de casting » : ces dizaines de candidats sulfureux, antisémites ou racistes qui briguaient un poste au Palais Bourbon et qui pour certains ont fait leur entrée à l’Assemblée mercredi, l’eurodéputé Jordan Bardella a demandé aux parlementaires d’être « irréprochables », et a promis que son parti effectuerait un « examen de conscience ».
« Le RN veut remettre au goût du jour la stratégie de la cravate après cet entre-deux-tours calamiteux, analyse la communicante Emilie Zapalski, en référence au processus de dédiabolisation mis en avant par Marine Le Pen et qui vise, par exemple par l’allure vestimentaire, à lisser voire écarter les éléments les plus radicaux. Il faut montrer que le chaos et la pagaille ce n’est pas eux. Mais la marche est très haute, car on a revu lors de ces élections que le RN avait encore des choses à voir avec l’ancien Front National. Aujourd’hui, il y a un enjeu très fort de crédibilité pour le RN ». Réélu dans l’Yonne, le député Daniel Grenon, qui avait estimé qu’un « Maghrébin binational a sa place en France, mais dans les hauts lieux, [je] ne pense pas. » On a besoin de protéger la France », n’a pas été convié pour la rentrée du groupe. Mercredi le député du Loir-et-Cher Roger Chudeau était lui en revanche bien présent pour la photo de famille, malgré ses propos sur l’ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem
Censurer… ou ne pas censurer ?
Malgré les velléités d’unité, un nouveau couac a émaillé cette rentrée. Alors que le secrétaire général du groupe, Renaud Labaye, avait indiqué jeudi que le RN « ne censurerait pas » automatiquement un potentiel gouvernement de gauche si celui-ci proposait « des mesures consensuelles », Marine Le Pen a dû démentir. Sur X (ex-Twitter) la présidente du groupe RN a précisé que « le RN censurera tout gouvernement où des LFI et des écologistes auraient des responsabilités ministérielles ». Pourquoi les écologistes, et pas les socialistes ou les communistes ? « Le RN veut activer dans son électorat l’idée que les écologistes sont aussi radicaux que la France insoumise. L’objectif est de les rabattre dans le clan de ‘l’islamogauchisme’ » selon Bruno Cautrès.
Pour l’heure, alors que les tractations autour d’une future coalition tardent à aboutir, le RN reste en embuscade. « Le contexte politique a complètement changé depuis 2022, note Arnaud Benedetti. La première étape pour le RN était de faire la démonstration que ses élus étaient capables de s’acculturer aux institutions républicaines. Aujourd’hui, il s’agit pour eux de voir comment le parti peut tirer profit de la grande instabilité dans laquelle le pays est plongé, avec cette impossibilité pour l’heure de constituer une majorité ». D’autant plus qu’en cas de nouvelle dissolution l’année prochaine, les termes de l’équation pourraient être différents. « Quelle conclusion le corps électoral va-t-il tirer de l’expérience du barrage républicain au regard de la situation chaotique actuelle ? » demande Bruno Cautrès. Si l’impasse venait à durer, le RN aurait un argument tout trouvé pour saboter ce que Marine Le Pen appelle une « alliance contre nature ».
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