Paris: Weekly session of questions to the government at the french senate

Rencontre avec Emmanuel Macron : « La réunion sera animée par Lucie Castets à qui nous avons décidé d’accorder un rôle spécial », affirme Patrick Kanner

Alors que les leaders du Nouveau Front Populaire seront reçus ce vendredi 23 août à l’Elysée, la nomination de Lucie Castets à Matignon paraît toujours incertaine. Sur fond de division à gauche sur la place de LFI au sein du NFP, Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat assure que cette réunion sera l’occasion pour Lucie Castets de s’imposer comme la figure de l’union de la gauche. Entretien.
Henri Clavier

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Qu’est-ce que vous attendez de la réunion prévue vendredi à l’Elysée avec Emmanuel Macron ?

Emmanuel Macron accepte enfin de nous recevoir, la réception collective est le seul moyen de donner à Lucie Castets la possibilité d’être nommée à Matignon. La réunion avec Emmanuel Macron sera d’ailleurs animée de manière prioritaire par Lucie Castets à qui nous avons décidé d’accorder un rôle spécial. Elle a affirmé ses priorités par écrit, elle est capable d’assumer la tâche et elle est prête. Enfin, le fait d’être reçu vendredi matin en premier c’est aussi la reconnaissance que nous sommes la principale force politique à l’Assemblée nationale. Désormais, Emmanuel Macron doit nommer Lucie Castets à Matignon et arrêter la procrastination, nous sommes la seule coalition politique à vouloir exercer le pouvoir et à avoir un programme. Je pense que le Président aurait dû la recevoir depuis bien longtemps, il a été dans un déni démocratique qui aboutit à une forme de mépris, elle aurait mérité d’être reçue dès le départ.

En cas de nomination pensez-vous que Lucie Castets pourrait réussir à incarner une gauche de gouvernement, former des majorités sans faire exploser l’alliance ?

Oui c’est ce rôle particulier que nous souhaitons lui confier. Elle doit être la garante de l’unité pour faire en sorte que chacun reste à sa place, sans surenchère ou provocation inutile. Elle doit affirmer les limites qui doivent être imposées aux formations du NFP et ne pas franchir les lignes rouges. En ce moment il y a quelques tensions, chacun souhaite tirer la couverture vers lui notamment LFI avec cette tribune qui est une incongruité politique et constitutionnelle qui montre que Jean-Luc Mélenchon n’a pas l’intention de se mettre en dehors du jeu. En ce qui concerne la capacité à gouverner, elle l’a dit, il faudra former des majorités avec les autres forces politiques. Lors de la dernière législature, Renaissance a réussi à trouver des majorités de projets, elle a écrit qu’elle était prête à trouver des compromis. On le sait, il va falloir former des compromis. Elle mesure que le programme du NFP est un idéal.

Hélène Geoffroy (PS) voulait organiser un bureau politique pour trancher la question d’une arrivée groupée du NFP à l’Elysée le vendredi 23 août. Le parti socialiste est-il toujours uni sur la question de la participation au Nouveau Front Populaire ?

Le bureau politique n’aura pas lieu, mais que cela soit avant ou après le 23 on aura besoin d’une clarification à gauche sur nos objectifs. Comme nous sommes un parti démocratique, il faudra un congrès pour trancher nos orientations, de la même manière que le congrès de Marseille permettait de trancher la question de la Nupes, maintenant que la Nupes est morte et que le Nouveau Front Populaire a vu le jour il faut consulter nos militants. Il faudra également se poser la question de l’importance accordée à Place Publique. La gauche n’est pas morte, elle aspire à gouverner, on a envie de le faire dans la durée.

De nombreux noms circulent pour Matignon, dont certains sont d’anciens du parti socialiste comme Bernard Cazeneuve, une entente serait-elle possible sur ce genre de profil ?

Personne ne doute de la capacité de Bernard Cazeneuve à exercer cette fonction, il l’a déjà fait. A chaque fois un succès dans la gestion des portefeuilles ministériels, il a les compétences, c’est évident. La vraie question c’est pour faire quoi ? Si Emmanuel Macron l’empêche de mener des mesures de justice fiscale, sociale et territoriale sans remettre en cause le dogme du moins d’impôts, ce n’est pas la peine. La question sera donc de savoir si on le laisse porter une politique de gauche, mais ça, c’est entre les mains d’Emmanuel Macron.

Même s’il était chargé de mener une coalition entre le NFP et certaines composantes du bloc central ?

Le président de la république joue, il aime jouer et son jouet s’appelle la République, ce n’est pas acceptable. Il a prétendu que la dissolution clarifiera les choses, ce n’est pas le cas. On ne peut pas continuer à gérer les affaires du pays comme ça. C’est une situation inédite et dangereuse, peut-être que ça va continuer, mais ce n’est pas à la hauteur des attentes des Français. Je ne vais pas jusqu’à demander sa destitution par la procédure prévue à l’article 68 mais politiquement il mène le pays dans une impasse.

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