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Remaniement : les sénateurs LR ne croient pas « à des débauchages de plus »
Par Simon Barbarit
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C’est une petite intox habituelle avant l’annonce de chaque remaniement. Les noms cités dans la presse pour intégrer le gouvernement, ne sont pas forcément les heureux élus à l’arrivée.
Alors que la seconde vague de nominations du gouvernement Attal est attendue pour le début de la semaine, difficile d’y voir clair sur les intentions de l’exécutif. Plusieurs rumeurs font état d’un intérêt prononcé de Matignon vers des élus de la chambre haute et pas n’importe lesquels. Il s’agirait de deux présidents LR de commission. François-Noël Buffet, le président de la commission des lois, aurait été sondé pour un poste de ministre délégué à l’Immigration, comme le rapporte Politico et le Parisien. Le sénateur du Rhône avait rédigé un rapport sur le sujet dont s’est inspiré en partie Gérald Darmanin pour rédiger sa loi. Politico cite également deux autres noms, la présidente de la commission des affaires économiques et spécialiste des questions de logement, Dominique Estrosi Sassone. Enfin, un autre nom est cité, celui de Christine Lavarde, sénatrice LR des Hauts-de-Seine, cheffe de file de son groupe lors de l’examen du budget.
« Ce serait un non catégorique. Je suis très bien au Sénat »
Contactée par publicsenat.fr, Dominique Estrosi Sassone dément avoir été approchée « de près ou de loin par des personnes qui gravitent autour de l’exécutif ». « Il y a 15 jours, on m’a dit que mon nom circulait pour un portefeuille au logement. Même des sénateurs qui ne sont pas de mon groupe m’en ont parlé. Et voilà comment mon nom ressort dans la presse », explique-t-elle. La sénatrice des Alpes-Maritimes indique également avoir eu François-Noël Buffet au téléphone, ce lundi, qui lui aurait confirmé lui aussi n’avoir jamais été approché.
Et si jamais un coup de fil tardif de Matignon intervenait dans les prochaines heures, l’interlocuteur en serait pour ses frais. « Ce serait un non catégorique. Je suis très bien au Sénat. J’ai la chance de présider une commission qui traite de sujets divers et variés. J’ai plus de possibilités ici pour peser sur les textes, que dans un gouvernement où je n’aurais aucune marge de manœuvre. Si c’est pour avoir son nom sur une carte de visite, ça ne m’intéresse pas. Ce gouvernement a à peine un mois et me semble déjà carbonisé », tranche Dominique Estrosi-Sassone.
« Ce sont des bouteilles à la mer qu’on jette pour voir ce qui remonte », analyse la vice-présidente du Sénat, Sophie Primas (LR) qui considère qu’en l’absence d’accord de gouvernement sur une ligne politique avec les Républicains, toute arrivée de sénateurs de son groupe au gouvernement « ne serait que « des débauchages de plus ».
Un autre sénateur du groupe majoritaire de la chambre haute abonde : « Ça ne changera rien pour nous. Ce n’est pas une question de personne, c’est une question de politique. Les deux ou trois personnes évoquées ont des positions claires contre la politique menée. S’ils ont des garanties que la politique changera, ce sont des garanties qui seront difficilement tenues ».
« Est-ce que la barque n’est pas déjà assez chargée à droite ? »
Un cadre de Renaissance est mitigé sur la perspective de voir des sénateurs LR intégrer le gouvernement. « Est-ce que la barque n’est pas déjà assez chargée à droite ? Bon, si ça permet d’élargir un peu plus la majorité, et d’embêter Retailleau (le président du groupe LR du Sénat), c’est tant mieux. Le problème, c’est que sur les 40 ministres du gouvernement sortant, la plupart de ceux qui n’ont pas encore été reconduits me confirment qu’ils vont l’être. Or, comme le nouveau gouvernement sera resserré à 30 ministres, il faut déjà en enlever 10 avant d’en faire entrer de nouveaux ».
Depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, on compte sur les doigts d’une seule main, les sénateurs en fonction nommés ministres ou Secrétaire d’Etat. Jacqueline Gourault, Jacques Mézard et Jean-Baptiste Lemoyne font partie des rares sénateurs à avoir été nommés au cours de leur mandat.
Et si d’autres devaient compléter cette courte liste, il serait plus probable de les retrouver dans des groupes plus « macron compatibles » : le groupe Union centriste ou Les Indépendants-République et Territoires (Horizons), présidé par Claude Malhuret. Contacté par publicsenat.fr, le patron du groupe centriste, Hervé Marseille qui a réservé un accueil bienveillant à Gabriel Attal, la semaine dernière, lors de son discours de politique générale, ne souhaite pas « commenter les rumeurs ». Un autre sénateur centriste confirme, néanmoins, par message être dans « la short-list » pour le ministère des Transports. Un autre nom circule au sein des centristes, celui de Françoise Gatel, la présidente de la délégation aux collectivités territoriales.
Quant au groupe RDPI, à majorité Renaissance, son président, François Patriat « voudrait bien » qu’un élu de son groupe intègre le gouvernement, notamment parmi les onze élus ultramarins. Patience, « le suspense insoutenable », comme ironise Dominique Estrosi-Sassone, prendra fin dans les prochaines heures.
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