Bordeaux : Renaissance European Campus

Remaniement : François Bayrou se retire du jeu, la majorité présidentielle vacille

Pressenti pour faire son retour au gouvernement depuis sa relaxe dans l’affaire des emplois fictifs des assistants parlementaires du Modem, François Bayrou a finalement exclu cette hypothèse en insistant sur le manque « d’accord profond sur la politique à suivre ». Un coup de théâtre qui fragilise un peu plus la majorité présidentielle.
Rédaction Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

François Bayrou a dit non et le fait savoir. Mercredi soir, Le président du MoDem a signifié à l’AFP son refus d’intégrer le gouvernement de Gabriel Attal. « Il y avait deux domaines qui me paraissaient mériter un engagement plein : le ministère de l’Éducation, qui connaît aujourd’hui une crise de confiance qui vient de loin et que je croyais que l’on pouvait corriger. Mais de nombreuses discussions m’ont fait conclure à une différence d’approche sur la méthode à suivre qui me paraît rédhibitoire. Le deuxième sujet, c’est le gouffre qui s’est creusé entre la province et Paris. Toutes les crises de l’aménagement du territoire et la distance désormais de plus en plus grande entre les citoyens et l’action publique. Nous n’avons pas pu trouver un accord sur ces deux points. Et donc, sans accord profond sur la politique à suivre, je ne pouvais pas accepter d’entrer au gouvernement », a-t-il expliqué.

Bayrou de nouveau candidat à la présidentielle ?

Le président du Modem a également indiqué que Gabriel Attal lui avait proposé le ministre des Armées, « mais la défense est le secteur qui, dans la politique française, se porte le mieux à mes yeux », a-t-il décliné.

Sur franceinfo ce jeudi, le soutien historique d’Emmanuel Macron a critiqué la méthode et la composition du gouvernement de l’exécutif. « Qu’est-ce qu’on a promis au pays en 2017 ? Qu’on allait gouverner autrement […] Hier, à la réunion du groupe, un de nos députés a dit : J’ai l’impression qu’on gouverne de plus en plus comme avant » […] « On a un gouvernement qui comporte sur quatorze, onze ministres parisiens ou franciliens […] Et sur 15 membres du gouvernement, pas un seul du sud de la Loire », a-t-il déploré avant de formuler ce qui pourrait s’apparenter à une candidature pour la prochaine présidentielle. « L’enjeu de 2027 c’est qu’on arrive à réconcilier la France qui se bat en bas et celle qui décide en haut […] Je n’ai jamais renoncé à aucun des devoirs qui sont les miens ».

Ce désaccord mis sur la place publique à de quoi faire vaciller la majorité présidentielle et pose la question du positionnement des 51 députés Modem à l’Assemblée et de la place des ministres du parti centriste, comme Marc Fesneau. « Une majorité de plus en plus relative… ! Bienvenue au MoDem dans l’opposition », a ironisé le président du groupe socialiste Boris Vallaud sur X.

« Du coup, si Bayrou veut être cohérent, l’ensemble des ministres Modem doivent quitter le gouvernement », a pour sa part estimé le député LR Pierre-Henri Dumont.

Quel place pour le Modem dans la majorité ?

Interrogé sur Sud Radio, le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau y voit « une rupture » dans le second quinquennat d’Emmanuel Macron. « C’est la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron […] Il ne pourra plus conduire de politique courageuse […] au moment où la France en a besoin ».

Mercredi soir, devant les députés Modem, François Bayrou avait dénoncé « une démarche d’humiliation » de l’exécutif envers son parti. Sur franceinfo, le Béarnais a néanmoins assuré que le Modem était « un membre à part entière de la majorité qui veut reconstruire le pays ».

Mais au sein du groupe Modem, la stratégie de François Bayrou est déjà contestée. « Si nous n’étions pas satisfaits de la place qui nous était proposée, il eût été envisageable de pratiquer le soutien sans participation. Nous sommes en train de choisir l’inverse. La participation sans le soutien. Ce qui revient à affaiblir dangereusement notre camp tout en nous discréditant nous-mêmes. C’est politiquement inepte et moralement dégradant », a tancé, dans un communiqué, le député Modem, Jean-Louis Bourlanges.

 

 

Dans la même thématique

Remaniement : François Bayrou se retire du jeu, la majorité présidentielle vacille
2min

Politique

Assouplissement du ZAN : Agnès Pannier-Runacher dénonce « la manière dont certains populistes se saisissent de ce sujet »

La majorité sénatoriale propose d’assouplir les objectifs de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, dans un texte examiné à partir de ce 12 mars. Si la ministre de la Transition écologique accepte de donner « un peu de souplesse » aux élus locaux dans l’application de la loi, elle s’oppose à tout abandon des objectifs chiffrés.

Le

Remaniement : François Bayrou se retire du jeu, la majorité présidentielle vacille
3min

Politique

Ukraine : « Avez-vous vraiment plus peur de taxer les riches que de laisser Poutine gagner ? », demande Mélanie Vogel

Lors de son allocution, Emmanuel Macron a promis que la hausse des dépenses militaires se ferait sans augmentation d’impôts. « On ne peut pas demander aux Français de payer des chars avec leurs services publics et leurs retraites », dénonce la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, qui demande une contribution des plus riches à l’effort de guerre.

Le

France Canjuers Defence Artillery, Canjuers, France – 04 Mar 2025
10min

Politique

Défense : malgré une « nette amélioration », l’armée française reste « trop faible »

En raillant les forces françaises et anglaises, armées de « pays quelconques », le vice-président américain J.D. Vance a suscité les critiques. Mais au-delà de la polémique, l’armée française, constituée en temps de paix, reste limitée, malgré des efforts récents. « On a l’éventail des armées nécessaires, mais on n’a pas l’épaisseur et la profondeur », pointe le sénateur LR Christian Cambon.

Le

Trump Meets Reporters and Signs Executive Orders
7min

Politique

Face à Donald Trump, « le RN essaye de ménager la chèvre et le chou, mais a un gros problème de clarté », selon Pascal Perrineau

La ligne suivie par Donald Trump, qui se rapproche de Vladimir Poutine sur l’Ukraine, place le RN dans une situation ambiguë. Si le parti apprécie à la base le président américain, il commence à prendre quelques distances. « On sent bien que le sujet les embarrasse. Car il est impossible de donner raison sur toute la ligne à Donald Trump », selon Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite. « Ils ne sont pas à l’aise », résume le politologue Pascal Perrineau.

Le