Réforme des retraites : « On ne va pas promettre le grand soir », affirme Franck Allisio député sortant RN
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Fin du droit du sol, réforme des retraites, privatisation de l’audiovisuel public… Avec la perspective d’un Rassemblement national majoritaire à l’Assemblée, la question de la politique que le parti d’extrême droite mettrait en œuvre au pouvoir se pose plus que jamais. Caracolant en tête des sondages plusieurs semaines avant le scrutin européen, Jordan Bardella est resté discret sur le programme du Rassemblement national, préférant surfer sur sa popularité pour convaincre les Français. Désormais, à deux semaines du premier tour des élections législatives, le RN, jamais parvenu au pouvoir dans son histoire, doit se projeter comme un parti de gouvernement, susceptible de prendre les commandes du pays au lendemain du 7 juillet. Et la clarification qui s’impose donne lieu à quelques couacs. Interrogé vendredi sur la suppression de la double nationalité extra-européenne sur le plateau de TPMP, Sébastien Chenu, vice-président du RN, a par exemple défendu le bien-fondé de cette mesure, avant de rétropédaler quelques heures plus tard, précisant que la proposition avait été abandonnée par son parti depuis deux ans. Parfois, le rétropédalage est encore plus récent et se fait à l’occasion même de ces législatives. C’est le cas d’une promesse du RN concernant l’une des réformes les plus emblématiques du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron : la réforme des retraites. Massivement impopulaire, le texte passé par 49.3 en 2023 devait être abrogé en cas d’arrivée du RN au pouvoir.
« On n’est pas des fous furieux »
Désormais, Jordan Bardella met en avant « le mur de la dette » pour justifier de devoir « faire des choix » sur les questions économiques, et remettre la question de la réforme des retraites à plus tard. « Dans un premier temps, on reste sur le système actuel. On essayera de l’assouplir au fur et à mesure qu’on l’on touchera les dividendes de notre politique », étaye le député RN sortant Franck Allisio. A quelques semaines des deux tours des législatives, le Rassemblement national tente de convaincre les Français et les milieux économiques de leur sérieux sur la question des finances publiques. « On n’est pas des fous furieux de gauche et des démagogues, on ne va pas promettre le grand soir », insiste encore Franck Allisio. Le « mur de la dette » mis en avant par Jordan Bardella était pourtant dressé encore plus haut qu’aujourd’hui lors des trois années précédentes, quand le parti à la flamme promettait toujours la retraite à 60 ans. Malgré ce renoncement, Franck Allisio promet des mesures concernant le pouvoir d’achat, qui demeure l’une des priorités des Français. « Il faut agir sur la TVA dans l’énergie et les produits de première nécessité », affirme le député. Une mesure qui coûterait près de 17 milliards d’euros aux finances publiques, d’après le ministère de l’Economie. L’autre proposition mise en avant par Franck Allisio est une incitation aux entreprises à augmenter les salaires : « si vous augmentez de 10 % vos salariés, vous n’aurez pas d’augmentation des charges patronales sur ces 10 % », explique le député sortant en s’adressant aux chefs d’entreprises, assurant que ces derniers sont « séduits » par une telle mesure. Le député d’extrême droite le promet : au pouvoir, le RN saura « faire des économies ».
Un gouvernement d’union nationale « avec des LR »
« On va faire un audit, parce que la situation est catastrophique dans notre pays », insiste Franck Allisio, qui promet « un moratoire sur l’immigration, ce qui rapporte 20 milliards d’euros, s’attaquer à la fraude fiscale et sociale, ce qui rapporte 20 milliards d’euros, renégocier la contribution nette à l’Union européenne, c’est-à-dire plutôt un milliard que dix milliards ». Le député sortant en est convaincu, le gouvernement de Gabriel Attal n’irait pas « chercher ces 50 milliards d’euros ». « Ils iront les chercher ailleurs, dans la poche des Français, donc dans la poche des retraités », martèle-t-il, alors que le RN a, tout au long de la campagne des européennes, prêté au gouvernement l’idée d’une désindexation des retraites sur l’inflation, ce que Gabriel Attal a à nouveau démenti dimanche.
Reste à savoir à quoi ressemblerait un gouvernement dont Jordan Bardella serait le Premier ministre, en cas de majorité absolue de l’extrême droite à l’Assemblée nationale après le 7 juillet. « Quand on arrive et qu’on veut une vraie alternance, il faut changer les idées, les hommes, et la méthode », explique Franck Allisio, citant Nicolas Sarkozy. L’ancien membre de l’UMP promet néanmoins de « parler à tout le monde », et surtout aux LR. « Dans un gouvernement d’union nationale, par définition, il y aura des LR. Il y aura aussi la société civile, des personnalités de droite ou des citoyens engagés qui ne sont pas du RN. C’est ça faire un gouvernement d’union nationale, ce n’est pas faire un gouvernement d’appareils politiques nationaux et parisiens », conclut le député sortant.
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