Réforme des retraites : « Nous ne voulons pas accepter le coup de force du gouvernement » affirme Patrick Kanner

Réforme des retraites : « Nous ne voulons pas accepter le coup de force du gouvernement » affirme Patrick Kanner

Invité de Bonjour chez vous, Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, détaille la stratégie de son camp pour l’examen de la réforme des retraites. 
Henri Clavier

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Alors que l’examen du projet de loi sur les retraites s’est ouvert, hier, au Sénat, la stratégie adoptée par la gauche sénatoriale diverge légèrement de celle retenue à l’Assemblée nationale. Si le gouvernement, par la voix de Gabriel Attal, insiste sur les différences de culture entre les deux assemblées, la gauche sénatoriale est pourtant fermement opposée au texte. Une motion référendaire a d’ailleurs été déposée par les sénateurs, comme cela avait été le cas à l’Assemblée nationale. « La motion référendaire sera repoussée sauf miracle » a reconnu Patrick Kanner. La motion référendaire est un dispositif législatif permettant de suspendre l’examen du texte. En cas de vote favorable des deux assemblées, le Président de la République peut décider de soumettre le projet de loi est à référendum.

Il s’agit plutôt pour les socialistes de mettre le président de la République face à ses contradictions, « Emmanuel Macron fait confiance au bon sens des Français, alors allons-y », lance le chef de file des socialistes au Sénat.

« La macronie est une partie de la droite, libérale », affirme Patrick Kanner qui y voit le retour clair du clivage entre la droite et la gauche. Pas question donc pour la gauche sénatoriale d’accepter le « coup de force d’un gouvernement qui n’entend plus rien ». Dans ce contexte, le président du groupe socialiste assume une stratégie différente de celle de la NUPES à l’Assemblée nationale tout en rappelant qu’il « croit à l’union de la gauche ».

« Tout ce qui ira dans le sens des citoyens, nous sommes pour »

Interrogé sur la stratégie de la gauche et du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner souhaite « que le débat aille jusqu’au bout » et que « tous les articles soient examinés ». Le président du groupe socialiste souhaite influencer le texte en profondeur, et n’hésitera pas à voter « tout ce qui ira dans le sens des citoyens, nous sommes pour », avant d’ironiser « mais pour ça il ne faut pas augmenter l’âge légal ».

Pas d’obstruction parlementaire donc ? « La première obstruction c’est le véhicule législatif et la manière dont cela a été géré à l’Assemblée nationale » a tempéré Patrick Kanner. « Je souhaite que le débat aille jusqu’au bout, et ce n’est pas notre fait si les débats sont limités dans le temps », ajoute le sénateur socialiste. L’obstruction est, avant tout, venue des rangs de la majorité qui a pris « une décision pour ne pas ouvrir les travaux le week-end », souligne Patrick Kanner.

Au Sénat, des séances le week-end sont prévues mais le recours à l’article 38 du règlement limitera les débats. L’article 38 du règlement du Sénat permet de limiter les débats à deux interventions orales par amendements ou articles (une favorable et l’autre défavorable), un dispositif encore « jamais utilisé et intégré en 2015 », précise Patrick Kanner. Avec « moins de 500 amendements déposés pour le groupe socialiste », l’objectif du président du groupe socialiste n’était donc pas de faire de l’obstruction parlementaire même si « certains amendements ont été déposés en prévention de l’utilisation de l’article 38 ».

La droite sénatoriale « pense être le marionnettiste »

Enfin pour Patrick Kanner, le vote du texte sera l’occasion de clarifier certaines positions, notamment à droite de l’hémicycle. « Le groupe LR pense être le marionnettiste. Au bout du bout, si la réforme est votée, ce sera pour le gain du président de la République et pas pour l’opposition de droite, qui n’est plus vraiment son opposition », a lancé Patrick Kanner.

En cherchant à négocier avec l’exécutif, le groupe LR devient une composante de la majorité selon Patrick Kanner qui prévient aussi que « le débat laissera des traces longues et pénibles » et que LR et la majorité présidentielle font désormais partis de la « même droite ». Le président du groupe socialiste n’a pas manqué de rappeler que le groupe LR pourrait regretter ces choix en septembre, au moment des élections sénatoriales.

 

 

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