Réforme des retraites: l’heure des premiers arbitrages a sonné
Après trois mois d'interruption, la concertation sur la réforme des retraites a repris mercredi: convoqués au ministère des Solidarités et de la...
Par Gabriel BOUROVITCH
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Après trois mois d'interruption, la concertation sur la réforme des retraites a repris mercredi: convoqués au ministère des Solidarités et de la Santé, les syndicats attendent de pied ferme que le gouvernement dévoile enfin ses intentions avant d'aborder de nouveaux sujets sensibles, dont celui de l'âge de départ.
Assez tergiversé, il faut "que le gouvernement sorte du bois", ne cesse de répéter Pascal Pavageau, résumant l'exaspération des syndicats, consultés depuis un an sur une réforme monumentale dont ils ne connaissent toujours pas les fondements.
Le secrétaire général de Force ouvrière est arrivé au ministère peu avant 9H00, de même que ses homologues Laurent Berger (CFDT), Philippe Louis (CFTC), Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) et Alain Griset (U2P), chacun accompagné de deux lieutenants, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Quelques chefs de file manquent toutefois à l'appel, en particulier Philippe Martinez (CGT), ainsi que François Hommeril (CFE-CGC) et François Asselin (CPME).
La "réunion multilatérale" a débuté peu après 9H00, en présence d'Agnès Buzyn, qui devait ensuite participer au Conseil des ministres à l'Élysée à 10H00 alors qu'un remaniement du gouvernement est reporté à samedi au plus tôt.
L'exécutif devrait profiter de l'occasion pour préciser un peu la promesse d'Emmanuel Macron: remplacer d'ici 15 ans la quarantaine de régimes de retraites actuels par un système "universel", qui serait plus "juste" et "transparent", car chaque euro cotisé donnerait "les mêmes droits" pour tous.
Jean-Paul Delevoye, président de la Commission d'investiture de "La République en marche", le 11 mai 2017 à Paris
AFP
L'expérimenté Jean-Paul Delevoye, nommé Haut commissaire à la réforme des retraites en septembre 2017, a multiplié ces derniers mois les échanges bilatéraux avec les partenaires sociaux, qu'il a bombardés de questions: Quel niveau de cotisations ? Quels droits pour les chômeurs ? Les veuves ? Quelles majorations liées aux enfants ?
Sur tous ces sujets, "on en est toujours aux idées générales", regrettait en juillet Claude Tendil, du Medef, qui confiait son "impression d'avoir fait du vélo d'appartement: on pédale mais on reste sur place".
La méthode avait en réalité pour but de pousser les syndicats à se découvrir. "On commence à voir se dessiner clairement leurs axes forts, ça va nous permettre de préparer des arguments pour y répondre", expliquait l'équipe de M. Delevoye avant la trêve estivale.
- "travail sans fin" -
Sauf qu'à trop laisser planer le doute, le gouvernement s'est piégé lui-même: au printemps, un banal document de travail demandant "doit-on maintenir les pensions de réversion ?" a déclenché une polémique tenace, que les démentis répétés n'ont pas complètement effacée.
Un précédent qui invite à une extrême prudence, alors que la deuxième phase de la concertation doit aborder des sujets hautement sensibles, comme la prise en compte des primes des fonctionnaires, les carrières longues, la durée de cotisation et surtout l'âge de départ en retraite.
Pour l'incontournable CFDT, "les casus belli sont clairs", a prévenu M. Berger mercredi matin sur Cnews: "C'est si on touche à l'age de départ légal, si on n'a pas de dispositif de solidarité concernant les carrières longues (et) les métiers pénibles, (...) si on ne maintient pas les droits acquis".
"L'âge minimum restera à 62 ans", a assuré M. Delevoye lundi soir sur Twitter, pour désamorcer un nouveau conflit.
Si le symbole est préservé, d'autres s'inquiètent du basculement d'un système par trimestres vers un système par points, avec un "âge pivot" plus élevé, sur le modèle des retraites complémentaires des salariés du privé qui subissent une décote s'ils partent avant 63 ans.
"La retraite par points, c'est le travail sans fin", affirme M. Pavageau. Un point de vue partagé et développé par M. Martinez: "On va vous dire +vous pouvez partir à 62 ans+ mais si vous n'avez pas les moyens de vivre, vous allez continuer à travailler pour avoir plus de points. La finalité, c'est que vous allez partir à 65, 67 ans".
Face à des syndicats pour une fois à l'unisson, Édouard Philippe a réuni la semaine dernière à Matignon une dizaine de ministres, dont Agnès Buzyn (Solidarités), Muriel Pénicaud (Travail), Gérald Darmanin (Budget), Jean-Michel Blanquer (Éducation), Florence Parly (Armées) et Élisabeth Borne (Transports), pour accorder les violons.
Car après le grand raout de mercredi, il y aura encore "six mois de concertation", selon M. Delevoye, qui ne remet pas en cause pour l'instant l'objectif, fixé par le chef de l'État, d'une loi "votée dans le premier semestre" 2019.
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