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Réforme de l’audiovisuel public : « Les planètes sont alignées » pour une adoption du texte se félicite Laurent Lafon

La proposition de loi de réforme de l’audiovisuel public du président de la commission de la culture du Sénat Laurent Lafon sera examinée les 23 et 24 mai prochains par l’Assemblée nationale. Le sénateur centriste espère qu’elle sera adoptée surtout qu’il a reçu le soutien de la ministre de la Culture Rachida Dati.
Stephane Duguet

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Une holding pour chapeauter les médias audiovisuels publics devrait voir le jour si la proposition de loi de Laurent Lafon, président de la commission de la culture est adoptée à l’Assemblée nationale après son examen les 23 et 24 mai prochain. Cette structure nommée « France Médias » regrouperait ainsi France Médias Monde (RFI, France 24 et MCD), Radio France, France Télévisions et l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Pour la première fois depuis le rapport de Jean-Pierre Leleux (Les Républicains) et André Gattolin (Renaissance) en 2015, une majorité pourrait être trouvée à l’Assemblée nationale et la ministre de la Culture Rachida Dati y est favorable contrairement à sa prédécesseure Rima Abdul Malak. Laurent Lafon se réjouit du chemin législatif pris par cette « initiative sénatoriale. »

La ministre de la Culture Rachida Dati affirme qu’il faut « un regroupement des forces » dans l’audiovisuel public. Avez-vous le sentiment d’être écouté par le gouvernement sur ce sujet alors que votre texte arrive à l’Assemblée les 23 et 24 mai ?

C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de pérégrinations entre le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron et aujourd’hui. Il y a eu des visions divergentes sur ce sujet, mais il semblerait que le fruit soit mûr et qu’il y ait un consensus large sur ma proposition de loi. C’était le sens de la tribune que nous avons publiée le 24 mars dernier dans la Tribune Dimanche avec d’autres sénateurs et députés car il est important qu’après le sénat en juin 2023, l’Assemblée nationale l’adopte.

Avez-vous discuté du texte avec Rachida Dati ?

Oui, je suis en contact régulier avec la ministre et ses équipes. Nous avons encore discuté du calendrier il y a quelques jours. Ma proposition va donc passer en lecture à l’Assemblée nationale avant de revenir au Sénat parce que nous ne sommes pas dans le cadre d’une procédure accélérée. La ministre s’est aussi engagée à ce que la proposition de loi organique sur la question du financement de l’audiovisuel public, portée par les députés Quentin Bataillon (Renaissance) et Jean-Jacques Gaultier (Les Républicains) soit examinée avant l’été. Dans leur rapport qu’ils avaient présenté au moment où je faisais voter mon texte au Sénat, les deux députés, l’un de la majorité et l’autre des Républicains proposaient eux aussi la création d’une holding. Donc là, les planètes sont alignées entre le vote au Sénat, la majorité qui peut se dégager à l’Assemblée et la ministre Rachida Dati qui s’est emparée du dossier.

 

Si votre réforme de l’audiovisuel public est votée à l’Assemblée nationale, vous diriez que c’est le texte du Sénat qui a été adopté ?

C’est une initiative sénatoriale. Sur l’audiovisuel public, la commission de la culture mène un travail depuis plusieurs années. En 2015, le rapport des sénateurs Gattolin et Leleu préconisait déjà la création d’une holding. Les générations successives de sénateurs qui ont travaillé sur l’audiovisuel public ont donc maintenu l’idée de renforcer la coordination et de structurer l’organisation de l’audiovisuel public.

Concrètement qu’est-ce qu’une holding apporterait aux médias audiovisuels publics ?

Il y a beaucoup d’enjeux communs aux différentes entités de l’audiovisuel public. Un enjeu technologique d’abord parce que les transformations numériques ne sont pas terminées. La question de l’intelligence artificielle devient aussi très présente. Je citerais aussi l’évolution des usages avec un glissement progressif du linéaire vers les plateformes et la démultiplication de la concurrence avec ces dernières. Il y a aussi la lutte contre la désinformation. Autant d’enjeux pour lesquels il y a peu de différence entre les métiers du son et de l’image et pour lesquels une mise en commun serait plus efficace.

Vous parliez d’un engagement de la ministre sur le financement de cette holding. Pour vous la réorganisation est inséparable de cette question du financement ?

Oui, la majorité sénatoriale a toujours conditionné la réorganisation de la gouvernance à la pérennité de l’allocation d’une fraction de la TVA à l’audiovisuel public. Ce mode de financement a été mis en place en 2022 après la fin de la redevance. C’est une disposition temporaire qu’il faut pérenniser en modifiant la Loi organique relative aux lois de finances (LOLF) comme le proposent les députés Bataillon et Gaultier. Je trouve que c’est mieux qu’une subvention publique parce que cela assure une recette de nature fiscale pérenne à l’audiovisuel et c’est un gage d’indépendance et de solidité financière.

Que répondez-vous aux personnels de ces médias qui peuvent être inquiets par la création de cette holding « France Médias » ?

La réflexion n’est pas la même aujourd’hui qu’elle l’était il y a quelques mois. Tout le monde a compris que le sens de l’histoire allait dans cette direction. La création d’une holding ne veut pas dire fusion. Il y a donc matière à rassurer les personnels sur le maintien des identités et les statuts des personnels.

On peut vous opposer le fait que c’est une première étape avant une fusion des médias audiovisuels publics…

L’avenir le dira. La création de la holding est une étape indispensable. L’idée de cette réorganisation, c’est d’aller plus vite et plus loin en matière de coopération car ça correspond au schéma qui est mis en place partout en Europe. Les frontières entre les métiers du son et de l’image s’estompent progressivement donc ces rapprochements deviennent inéluctables.

Une autre critique à la création de cette holding est les bonnes audiences des chaînes de télévision et de radios publiques françaises. Est-ce que ça ne va pas les déstabiliser ?

Je me réjouis de ces bonnes audiences, ça veut dire que le modèle audiovisuel public a toute sa pertinence. Mais il ne faut pas regarder la situation qu’à travers les chiffres des audiences, il faut aussi regarder les autres acteurs comme les plateformes dont les audiences et les contenus évoluent vite. Quand on est en forme, il faut préparer l’avenir. Il vaut mieux prendre à bras-le-corps ces évolutions qui sont inéluctables et c’est le sens de la démarche que je porte.

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