Le sénateur macroniste, allié du gouvernement de François Bayrou, salue la déclaration de politique générale « équilibrée » du Premier ministre. Pour Xavier Iacovelli, les propositions formulées par le chef du gouvernement « respectent toutes les sensibilités », y compris au sujet de la réforme des retraites.
Quel Premier ministre de droite pour Emmanuel Macron ?
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Pour choisir son Premier ministre, la stratégie d’Emmanuel Macron est claire : obtenir de nombreux ralliements venus de la droite sous la bannière La République En Marche afin d’obtenir une majorité absolue aux élections législatives, les 11 et 18 juin.
Edouard Philippe pour débaucher les juppéistes
Le nom d’Édouard Philippe est celui qui circule avec le plus d’insistance pour occuper le poste de Premier ministre. Le maire du Havre, âgé de 46 ans, possède un profil de renouvellement. Ce porte-parole d’Alain Juppé à la primaire de la droite et du centre pourrait surtout emmener avec lui de nombreux juppéistes au sein d’une majorité présidentielle, comme l’ancien ministre de Sarkozy Benoist Apparu et la sénatrice Fabienne Keller.
À la diète médiatique
On observe sa discrétion médiatique depuis l’annonce de l’élection d’Emmanuel Macron. Il a fait peu d’interventions sur les plateaux télévisés. Jeudi 11 mai, lors d’un meeting dans sa ville du Havre pour les Républicains, Édouard Philippe n’a pas dit un mot sur les rumeurs qui l’envoient à Matignon.
Dimanche 7 mai lors de l’élection d’Emmanuel Macron, il était resté mesuré devant la presse locale : « Je m’en réjouis, maintenant il doit passer de l’ordre du discours et de la campagne, à l’ordre du gouvernement et des actes ».
Assez de poigne pour guider une majorité diverse ?
Des contacts auraient bien eu lieu avec Emmanuel Macron. Il sait qu’il est sur la shortlist du président, selon des proches interrogés par France 2, même s’il ne correspond pas exactement au profil expérimenté recherché.
« Édouard Philippe est un technicien remarquable, un homme de dossiers, mais il n’a pas l’assise politique pour réussir à diriger une future majorité avec des lignes politiques très différentes », estime Tristan Quinault-Maupoil, journaliste politique au Figaro. Si La République En Marche obtient une majorité absolue à l’Assemblée, Édouard Philippe devra savoir recadrer un gouvernement composé de beaucoup de néophytes en politique.
Pour Christelle Bertrand, journaliste politique au Parisien, Édouard Philippe a un seul gros défaut : c’est un homme. « Emmanuel Macron n’a jamais caché son envie de nommer une femme à la tête du gouvernement. »
Une femme de centre-droit : Sylvie Goulard ou Anne-Marie Idrac
« La députée européenne Sylvie Goulard possède une bonne connaissance des arcanes politiques sans être très connue du grand public et apparaître comme une figure historique », analyse Christelle Bertrand. Son expérience à Bruxelles pourrait permettre à la France de peser davantage dans les décisions européennes.
Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État sous Chirac puis sous Sarkozy, ancienne président de la SNCF et de la RATP, possède également un profil intéressant pour entrer à Matignon. Elle a rejoint En Marche! en février dernier. « Elle fait partie de ces chiraquiens qui ont basculé vers François Hollande dès 2012 car ils ne se reconnaissaient plus dans les valeurs conservatrices défendues par la droite », explique Tristan Quinault-Maupoil. « Elle a une bonne expérience, n’est pas clivante et peut incarner le consensus. »
Bruno Le Maire, le candidat le plus motivé
Bruno Le Maire s’est montré beaucoup plus ouvert qu’Édouard Philippe à une éventuelle participation à un gouvernement d’Emmanuel Macron. Dimanche 7 mai au soir, sur le plateau de TF1, juste après l’annonce de l’élection d’Emmanuel Macron, Bruno Lemaire faisait le voeu d'arriver "à mettre de côté les vieilles querelles, les fausses différences entre le projet d'Emmanuel Macron et celui que nous portons».
Depuis une semaine, l’ancien ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy et candidat à la primaire de la droite et du centre a parcouru les médias pour vendre l’hypothèse de son entrée au gouvernement.
Sur Twitter, il rappelait que le premier chantier d’Emmanuel Macron sera la réforme du marché du travail, un projet porté également à droite.
Une difficulté pour fédérer les siens
« Il a une notoriété beaucoup plus importante qu’Édouard Philippe. Sa venue aurait une force symbolique », estime Tristan Quinault-Maupoil. « Par ses offres de services incessantes, Bruno Le Maire essaie de casser Les Républicains. Mais il aura du mal à faire venir beaucoup de membres de la droite, hormis Franck Riester. Le député Damien Abad a refusé l’aventure. Les autres députés qui l’avaient soutenu à la primaire de la droite et du centre auront du mal à se lancer dans la campagne pour La République En Marche. »
Nathalie Kosciusko-Morizet vise un gouvernement de coalition
L’ancienne ministre de l’Écologie de Nicolas Sarkozy exclut tout ralliement au président élu avant les élections législatives. Elle se présente aux législatives sous l’étiquette de la droite et du centre dans la 2e circonscription de Paris. « Je suis un peu surprise qu’il y ait des personnalités qui basculent dans le mouvement d’Emmanuel Macron, au soir du premier tour, sans même qu’il y ait eu des évolutions de projet », a déclaré NKM, le 7 mai au soir, sur le plateau de France Télévisions.
Cependant elle se déclare disponible pour former un gouvernement de coalition s’il est rendu nécessaire par l’absence de majorité absolue à l’Assemblée.
« La question d’une majorité de projet peut se poser sur certains sujets », avait-elle néanmoins nuancé, le soir du 7 mai. « Au début de la loi El Khomri, j’avais signé une tribune avec 15 parlementaires de droite, pour dire que nous la signerions si elle restait dans l’état. Malheureusement elle a été profondément transformée. »
Une ligne de coalition sur laquelle se positionne également Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre et président de la commission des Affaires étrangères du Sénat.
Xavier Bertrand et le rêve de l’union nationale
Le président LR de la région Hauts-de-France confirme, ce vendredi dans une interview du Figaro, avoir refusé de rallier le mouvement du nouveau président. Mais selon lui, en cas d’absence de majorité absolue, « les Français rêveraient d’un gouvernement d’union nationale ». L’ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy envisagerait alors de participer à une coalition qui se mettrait d’accord sur trois ou quatre grandes réformes à mener. La France d’Emmanuel Macron ressemblerait alors à l’Allemagne d’Angela Merkel.