Projet de loi immigration : « Le gouvernement s’est mis tout seul dans l’impasse », tacle le sénateur Bernard Jomier

Invité ce vendredi 27 octobre de Public Sénat et LCP, le sénateur Bernard Jomier a dénoncé la surenchère autour du projet de loi immigration, qui sera débattu au Sénat dans dix jours. Il évoque « une loi de repli sur soi », sans nécessité selon lui.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le projet de loi immigration arrive au Parlement le 6 novembre, d’abord au Sénat avant d’être débattu à l’Assemblée nationale en décembre, et le gouvernement n’a toujours pas trouvé d’accord avec Les Républicains, qui menacent de rejeter ce texte si l’article 3, sur la régularisation des travailleurs étrangers dans les secteurs en tension, est maintenu. Or, les centristes et l’aile gauche de la macronie font pression sur l’exécutif pour ne pas abandonner ce dispositif. Un jeu d’équilibriste qui paraît intenable à ce stade, et pourrait pousser le gouvernement à dégainer un 49.3 s’il souhaite voir aboutir ce texte. « On verra bien si Gérald Darmanin arrive à s’en sortir, mais le gouvernement s’est mis tout seul dans cette impasse. Il n’y avait absolument aucune nécessité de légiférer sur cette question », relève au micro de l’émission « Parlement hebdo » sur Public Sénat et LCP, le sénateur Bernard Jomier (apparenté PS).

« Je pense qu’utiliser la procédure du 49.3, c’est-à-dire empêcher le Parlement de délibérer au fond sur une question sociétale aussi importante, serait un formidable aveu d’échec pour le gouvernement », pointe l’élu. « Cela signifie que l’exécutif n’est pas en situation de faire comprendre et de faire partager sa ligne politique, ne serait-ce que par sa propre majorité. Car l’on voit bien que la majorité présidentielle elle-même est divisée sur ce texte. Ce serait un échec sur l’échec. »

Un texte politique ?

« Au fond, on n’a pas vraiment besoin d’une loi sur cette question-là. Donc cette volonté à tout prix de légiférer sans cesse est une posture politique », note encore le sénateur de Paris, qui évoque « quelques dispositions acceptables, mais une philosophie générale détestable. »

« Ce qui me marque quand vous lisez la loi, juste les titres de chaque article, c’est que c’est une loi de peur, une loi de repli sur soi », alerte Bernard Jomier, pour qui ce texte est « probablement destiné à empêcher l’extrême droite de se développer » en empiétant sur ses thématiques.

Un recul

Le sénateur estime que certains dispositifs prévus par ce texte pouvaient être instaurés par voie de circulaires. Il fustige également la volonté de la droite et de certains soutiens de la majorité présidentielle de faire capoter le volet régularisation, l’un des rares points du projet de loi que la gauche pourrait soutenir pendant les débats. « Une partie du monde politique à droite, à l’extrême droite et une partie de la majorité présidentielle – mais j’espère qu’il ne s’agit que d’une minorité -, a des réactions de rejet vis-à-vis d’étrangers présents sur notre sol et qui ne posent aucun problème », dénonce l’élu.

« Quand vous lisez les amendements que déposent certains de nos collègues de droite sur ce texte, on voit le mélange des thèmes. On voit un pays qui a peur, qui se replie et qui pense qu’il va pouvoir revenir aux années 1950 », soupire encore Bernard Jomier.

Dans la même thématique

Projet de loi immigration : « Le gouvernement s’est mis tout seul dans l’impasse », tacle le sénateur Bernard Jomier
3min

Politique

Retraites : « Il y a de la démagogie chez ceux qui expliquent que l’on peut aussi revenir sur la réforme Touraine », alerte Bernard Jomier

Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.

Le

Paris: Weekly session of questions to the government at the french senate
6min

Politique

Budget : les sénateurs écologistes accusent la majorité du Sénat de « lâcher les collectivités »

Alors que la majorité sénatoriale veut réduire l’effort demandé aux collectivités de 5 à 2 milliards d’euros dans le budget, c’est encore trop, aux yeux du groupe écologiste du Sénat. « Il y a un changement de pied de la majorité sénatoriale », pointe le sénateur Thomas Dossus. Avec le groupe PS et communiste, ils vont présenter onze amendements identiques « pour faire front commun ».

Le

Projet de loi immigration : « Le gouvernement s’est mis tout seul dans l’impasse », tacle le sénateur Bernard Jomier
2min

Politique

Retrait de la plainte de Noël Le Graët : « une décision sage et prudente » réagit Amelie Oudéa-Castera

A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.

Le

G7 summit in Borgo Egnazia
6min

Politique

Nomination des commissaires européens : « On constate qu’Ursula von der Leyen ne peut pas se passer du soutien de Giorgia Meloni », note un spécialiste des partis européens 

La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.

Le