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Projet d’autoroute A69 : « Venir nous opposer la question environnementale, c’est à la limite de la provocation », dénonce le sénateur Philippe Bonnecarrère
Par Simon Barbarit
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Est-ce la première illustration « de l’écologie à la française » vantée par Emmanuel Macron dimanche soir ? Quelques heures après la présentation par le chef de l’Etat des grandes lignes de la planification écologique, Clément Beaune a annoncé des « décisions fortes dans les prochaines semaines » concernant les projets autoroutiers. « Il y a des projets qui seront arrêtés. Il y en aura plusieurs. On n’a jamais fait ça dans notre pays », a-t-il appuyé. Le ministre des Transports a également indiqué sa volonté de « réduire l’impact sur l’environnement » pour les projets en cours. « Pour les projets qui ne sont pas encore lancés, on va en maintenir quelques-uns parce qu’il y en a qui sont importants », a-t-il précisé en confirmant que le projet contesté de l’A 69 qui va relier Toulouse à Castres serait lui bien maintenu.
« Le gouvernement doit aussi dire clairement ce qu’il finance en matière de mobilité durable »
Le sénateur écologiste, Jacques Fernique salue « ce pas important » fait par le ministre. « Je pense qu’on pourrait arriver à 4 ou 5 projets abandonnés comme le projet Poitiers Limoges, le projet A31 bis en Lorraine, il y en a à Thonon, à Lyon… Mais le gouvernement doit aussi dire clairement ce qu’il finance en matière de mobilité durable. C’est-à-dire le développement du ferroviaire, du fret non-routier, les transports publics. On ne peut pas faire tout à la fois et en même temps. Le Conseil d’orientation des infrastructures (COI) a déjà dégagé un scénario de planification écologique », rappelle-t-il. En février, après avoir reçu le rapport du COI, la Première ministre avait annoncé 100 milliards d’euros d’ici à 2040 pour le domaine ferroviaire.
« C’est plus que flou ce que dit le ministre. Nous n’avons aucune donnée précise sur les projets qui pourraient être abandonnés mais on peut déjà regretter que l’A69 ne soit pas dans le lot. Même si le projet a été validé démocratiquement, il n’y a pas de honte à réinterroger des éléments qui ont été validés à un instant T. Il y a, depuis, un élément nouveau, c’est l’urgence climatique », regrette le sénateur écologiste, Daniel Salmon.
A l’instar du projet de mégabassines aux Salines, le chantier de l’A69 pourrait bien devenir un nouveau lieu d’affrontements entre deux visions de la transition écologique. De nombreux recours administratifs ou juridiques ont été lancés mais aucun n’a pour l’heure abouti. Les opposants comptent désormais sur une requête auprès du tribunal administratif de Toulouse et sur un pourvoi déposé en août auprès du Conseil d’Etat pour demander la suspension des travaux.
Ces derniers jours, le militant écologiste Thomas Brail a lancé une grève de la faim et s’est installé dans un arbre face au ministère de la Transition écologique, à Paris, avant d’en être délogé dimanche. En soutien au militant, 200 à 400 personnes, et des élus comme le nouveau sénateur écologiste, Yannick Jadot, étaient rassemblées lundi soir en face du ministère de la Transition écologique à Paris pour dénoncer le projet autoroutier.
« Le Tarn n’a rien à voir avec la vision imaginaire et romantique qui peut exister à Paris »
Du côté des défenseurs du projet, on rappelle que tous les contentieux de ce projet ont été purgés. « Les recours contre la déclaration d’utilité publique et contre le contrat de concession autoroutière ont été purgés. Les seules procédures en cours concernent les mesures de compensation », affirme le sénateur centriste du Tarn, Philippe Bonnecarrère qui dénonce « la méconnaissance totale » de son département de la part des opposants. « La situation que connaît le Tarn n’a rien à voir avec la vision imaginaire et romantique qui peut exister à Paris. Localement, il y a un accord général de l’ensemble des forces politiques, sur le bien-fondé de cette autoroute. La population de ce territoire mérite ce développement. Le Tarn est l’un des premiers départements forestiers qui contribue à la qualité de l’environnement. Il y a une production éolienne et hydraulique importante. Venir nous opposer la question environnementale, c’est à la limite de la provocation ».
Alors que les opposants au projet alertent sur les 400 hectares de terres agricoles, de bois et zones humides menacés par le chantier, Clément Beaune a assuré aux questions d’actualité du gouvernement à l’Assemblée nationale, « que cinq fois plus d’arbres » seraient replantés.
Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin se rappelle que le projet de contournement autoroutier de Strasbourg avait, lui aussi, entraîné une forte opposition des écologistes mais sans succès. « Mais on a vu des projets abandonnés comme à Notre Dame des Landes », souligne-t-il.
Philippe Bonnecarrère souligne quant à lui que le projet d’autoroute Toulouse Castres a été validé par la loi de programmation et d’orientation des mobilités adoptée lors du précédent quinquennat. En début d’année, un autre projet, celui d’une liaison autoroutière entre les villes d’Annemasse et de Thonon-les-Bains avait été validé par l’adoption d’une proposition de loi d’origine sénatoriale (voir notre article).
« Le ministre n’a pas annoncé un stop global »
La future liaison autoroutière entre les villes d’Annemasse et de Thonon-les-Bains pourrait-elle faire partie des projets abandonnés ? Le sénateur LR de Haute-Savoie, Cyril Pellevat, l’un des auteurs de la proposition de loi qui a régularisé le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de la communauté de communes du Bas Chablais, n’est pas inquiet. « C’est une bonne chose de prendre le temps pour regarder chaque projet. Le projet de l’autoroute du Chablais a été validé par le Conseil constitutionnel. C’est un projet de désenclavement multimodale dans un secteur où la population s’installe. L’autoroute fait partie de ces mobilités mais il y a aussi le Léman Express qui transporte 70 000 personnes par jour, sans oublier les navettes fluviales. Le ministre n’a pas annoncé un stop global des projets autoroutiers, certains seront arrêtés d’autres seront revus à la baisse », a-t-il relevé.
« C’est typiquement du Macron. Dire qu’on s’intéresse à la transition écologique tout en disant, en même temps, que tout doit rester comme avant », interprète à son tour, Daniel Salmon.
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