Ce sera donc une candidate. Valérie Pécresse a décroché samedi l’investiture des Républicains pour 2022, avec 61% des suffrages, contre 39,05% pour son rival Éric Ciotti, selon les résultats communiqués par Christian Jacob, le président du parti, peu après 14 heures. Elle devient du même coup la première femme à représenter la droite républicaine à l’élection présidentielle.
« Je vais tout donner, ma force, mon énergie, pour faire triompher nos convictions », a déclaré Valérie Pécresse après l’annonce des résultats, lors d’une prise de parole aux cotés de ses ex-concurrents, depuis le siège de LR. « La droite républicaine est de retour ! », a-t-elle lâché sous les applaudissements des militants massés aux côtés des journalistes dans la grande salle des conférences de presse du parti. « Ensemble, nous allons sauver les services publics en grande souffrance, ensemble nous allons défendre la justice sociale, recoudre les fractures de la société françaises, nous allons remettre la France au premier rang des nations et refonder l’Europe », a-t-elle encore promis.
« Remettre de l’ordre dans le pays »
Bien qu’elle soit arrivée deuxième au premier tour, avec seulement 665 voix de moins qu’Éric Ciotti, la victoire de Valérie Pécresse n’est guère une surprise, au regard du soutien que lui ont apporté les trois candidats défaits - Michel Barnier, Xavier Bertrand et Philippe Juvin -, dans les minutes qui ont suivi la proclamation des résultats jeudi. Plusieurs ténors du parti leur ont d’ailleurs embrayé le pas au fil de la journée : parmi eux le président du Sénat, Gérard Larcher, ou encore Damien Abad, le chef de file des députés LR.
La victoire de Valérie Pécresse consacre aussi un retour réussi au sein d’une famille politique qu’elle avait quittée après l'échec des élections européennes en 2019. Présentée comme la plus libérale des cinq postulants à cette primaire interne, la présidente de la région Île-de-France a toutefois formulé une série de propositions très marquées à droite, notamment sur l’immigration (instauration de quotas annuels), la justice (territorialisation des peines), la sécurité (le recours au drone et l’armement des polices municipales) et les services publics (suppression de 200.000 postes de fonctionnaires). Le mantra de sa campagne – « remettre de l’ordre dans le pays » -, couplé certainement à sa capacité à élargir le rassemblement à droite jusqu’à la famille centriste, a fait mouche auprès des militants.
Quel avenir pour Éric Ciotti ?
Les 39,05 % enregistrés par Éric Ciotti confirment néanmoins le poids important d’une ligne dure au sein du parti, cinq ans après la débâcle de François Fillon à la présidentielle. Les positions identitaires du candidat, partisan, par exemple, d’un droit du sang en lieu et place du droit du sol, ont provoqué quelques tensions durant la campagne. La plus marquante : le départ fin novembre du président de la région PACA Renaud Muselier, expliquant « ne plus se retrouver » dans son parti. Éric Ciotti n’a jamais caché une proximité d’idées avec Éric Zemmour, sur l’immigration notamment. Jeudi, le polémiste et désormais candidat déclaré à la présidentiel avait d’ailleurs salué dans un tweet le score d’Éric Ciotti au premier tour.
Rassemblement oblige : se pose désormais la question de la manière dont Éric Ciotti, ainsi que ses principaux soutiens, seront intégrés au sein de la future équipe de campagne de Valérie Pécresse. « Valérie a désormais l’immense responsabilité d’amener notre famille vers la victoire, je veux la féliciter avec amitié et affection », a salué le Niçois à l’annonce des résultats. « Je veux que nous conduisions ensemble ce grand combat, que nous conduisions ensemble cette campagne avec les amis qui nous entourent », a-t-il ajouté.
Ce second tour met fin à des mois de suspense et marque la dernière étape d’un calendrier de sélection jugé très tardif à droite. Le feuilleton du mode de désignation du candidat a occupé LR tout au long de l’été jusqu’à la rentrée, compliqué par le refus de Xavier Bertrand, alors favori des sondages nationaux, de se soumettre à une primaire ouverte. Le 25 septembre, les militants ont finalement tranché en optant pour un vote interne, ouvert aux seuls adhérents du parti. Un « rassemblement présidentiel », initialement prévu autour de Valérie Pécresse le samedi 11 décembre, porte de Versailles à Paris, a déjà été annulé face à la cinquième vague de covid-19. Il pourrait se tenir de manière dématérialisée, a indiqué Christian Jacob.