Il est parti le premier. Bruno Retailleau a déclaré sa candidature à la primaire de la droite dans les colonnes des Dernières Nouvelles d’Alsace, ce week-end : « Je veux faire valoir mes convictions et ce qui me semble bon pour mon pays », a-t-il déclaré.
Les intentions du président du groupe LR au Sénat ne faisaient de doutes pour personne. Quelques jours auparavant, le sarkozyste Pierre Charon avait lancé une consultation sur Twitter : « Qui souhaiteriez-vous pour l’Élysée en 2022 ? » Les résultats de ce questionnaire, qui n’a pas valeur de sondage, plaçaient Bruno Retailleau devant François Baroin, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. Plus de 20 000 votants y avaient participé.
Soutien de la Manif pour Tous et très proche de François Fillon, Bruno Retailleau a déjà reçu les encouragements de quelques sénateurs, comme Henri Leroy, élu des Alpes-Maritimes : « Son sens de l’État fort, face à ses obligations régaliennes, est GAULLIEN. » Le sénateur du Val-de-Marne, Christian Cambon, a lui aussi envoyé un message à Bruno Retailleau : « C’est quelqu’un qui incarne les valeurs de la droite républicaine sans aucune concession », explique-t-il.
Mais l’heure n’est pas aux soutiens francs et massifs : « On n’en est pas encore là, s’esclaffe le sénateur LR de la Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier. Ne me précipitez pas avec ce genre de questions. » Il est vrai que le principe de la primaire ne fait même pas encore consensus.
La primaire divise la droite
« La primaire est le plus mauvais système à l'exception de tous les autres : sans ce processus, la droite s'autodétruira au premier tour de la présidentielle en 2022 », plaide Bruno Retailleau dans les DNA, estimant que « les partis sont désormais trop faibles » pour sélectionner seuls un candidat.
Mais Xavier Bertrand, qui n’a plus sa carte au parti Les Républicains, a écarté toute participation : « Vous pensez que les gens ne sont pas vaccinés maintenant des primaires... Ma primaire, ça sera le scrutin régional des Hauts-de-France », déclarait-il encore récemment dans Corse Matin. « Je ne veux plus de filtre entre le peuple et moi et je ne me soumettrai pas à des règles fixées par les partis politiques. »
Mais la droite pourrait-elle se permettre une candidature dissidente ? « Si on n’a pas de candidat unique, autant ne pas présenter de candidat du tout », estime Philippe Dallier. « Il est évident qu’avec deux candidats – et pourquoi pas trois – on ne peut pas espérer un résultat… C’est une question de logique. »
Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’était lui aussi déclaré favorable à l’organisation d’une primaire. Mais le patron du parti LR, Christian Jacob, s’est dit personnellement « hostile » à l’élection d’un candidat en vue de la présidentielle. L’automne promet donc d’être chaud à droite. D’autant que François Baroin et Valérie Pécresse ne semblent pas encore décidés. Ils pourraient être rejoints par Laurent Wauquiez, voire Rachida Dati.