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Présidence du groupe PS du Sénat : qui va l’emporter entre Patrick Kanner et Eric Kerrouche ?

A peine les sénatoriales terminées, les sénateurs PS vont devoir départager ce mardi Patrick Kanner, actuellement à la tête des sénateurs PS, d’Eric Kerrouche, qui lui conteste le poste. Avec le risque de faire du scrutin « la poursuite du congrès du PS ».
François Vignal

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« Les téléphones chauffent partout. Heureusement, on a des forfaits illimités ». Ce sénateur socialiste en sourit. Car les élections sénatoriales tout juste digérées, les sénateurs PS se tournent déjà vers un autre scrutin, interne celui-là. Les 65 sénateurs PS – selon les derniers décomptes – élisent ce mardi, à 15 heures, leur président de groupe. Patrick Kanner, élu à la tête du groupe face à Laurence Rossignol, en 2018, est à nouveau candidat. Mais sa présidence est cette fois contestée par Eric Kerrouche, réélu dimanche dans les Landes. « C’est une campagne un peu particulière, une campagne après l’autre. C’est stimulant », dit ce lundi Eric Kerrouche.

« Politiquement, on pourrait peser plus », soutient Eric Kerrouche

« Je serai candidat, avec un bilan reconnu », nous annonçait vendredi Patrick Kanner, qui « pense avoir placé haut, avec (ses) collègues, les valeurs du groupe, son autorité politique au sein du Sénat et au niveau national ». Eric Kerrouche pense lui « qu’on doit travailler différemment. L’idée, c’est qu’on est en sous régime par rapport à ce qu’on pourrait faire. On peut avoir une visibilité politique plus importante, en étant plus efficace au niveau organisationnel, on pourrait mettre plus en valeur toute la richesse que porte notre groupe », nous expliquait-t-il, avant d’ajouter : « Politiquement, on pourrait peser plus ». Voulant donner « un nouvel élan au groupe », Eric Kerrouche soutient qu’« il y a une volonté de renouvellement, de renouvellement des pratiques ».

Le nom du sénateur PS, Rachid Temal, réélu dans le Val-d’Oise, avait été évoqué depuis un moment. Mais celui qui a été porte-parole du groupe décide finalement de ne pas concourir. La date limite du dépôt des candidatures était ce lundi, 17 heures. Ce sera donc un face à face.

« Ça va se jouer dans un mouchoir de poche »

Que va donner ce duel ? Selon un sénateur du groupe, qui penche du côté d’Eric Kerrouche, « ça va être deux blocs de 25. Ça va se jouer dans un mouchoir de poche. Et il y a une dizaine de sénateurs pour qui c’est plus indécis », pronostique ce sénateur PS, qui pense que « tout le monde va se compter », à l’occasion du vote, qui se fait à bulletin secret. Les discussions pour « les postes à responsabilités », vice-présidence, secrétaire ou dans les commissions, peuvent aussi rentrer dans la balance.

L’écueil du scrutin, c’est de rejouer le congrès fratricide de Marseille. D’un côté, Patrick Kanner a soutenu le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, quand de l’autre, Eric Kerrouche a soutenu le premier secrétaire, Olivier Faure. Il est même membre de la direction en tant que secrétaire national. Mais promis, les deux jurent qu’ils ne sont pas là pour défendre une écurie. Pourtant, selon un sénateur du groupe, le numéro 1 PS s’investit dans la bataille. Cet élu nous glisse qu’« Olivier Faure appelle des sénateurs » pour les convaincre de bien voter…

« On a chacun une proximité politique. Mais un président de groupe est quelqu’un qui doit rassembler tout le monde. En l’espèce, j’ai une proximité avec Olivier Faure, mais on a une autonomie », nous expliquait vendredi Eric Kerrouche, qui ajoute cependant « que retravailler un petit peu plus avec le groupe de l’Assemblée nationale et le parti est aussi une nécessité, mais sans abdiquer notre personnalité ». « Je mets de côté mes engagements avec pour seule boussole le groupe et sa prospérité », soutient de son côté Patrick Kanner.

« Je pense que Patrick Kanner va être réélu, car il fait le job »

L’ancien ministre de François Hollande est-il serein dans ce scrutin ? Est-il menacé ? Selon l’avis d’un membre du groupe, il peut parfaitement encore jouer sa chance. « Je pense que Patrick Kanner va être réélu, car il fait le job. Ce n’est pas hyper confortable comme élection, mais les sénateurs ne sont pas des grands révolutionnaires. Et il ne faut pas que la désignation du président du groupe apparaisse comme la poursuite du congrès du PS », lâche ce sénateur, selon qui « c’est le handicap d’Eric Kerrouche. Il compte ses troupes, et c’est avant tout le TO2 (texte d’orientation 2, celui d’Olivier Faure au congrès, ndlr). Il ne veut pas apparaître comme le candidat de Faure, mais son noyau dur, c’est quand même ça ». Il devrait en effet pouvoir compter sur l’arrivée de nouveaux sénateurs proches de la direction. Au sein du groupe, on reconnaît que « le schéma organisationnel pourrait toujours être mieux. Mais on est 65 face à 240 élus de droite. Je ne vois pas trop la marge ». On saura demain si les sénateurs PS la voient.

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