Mardi 30 janvier 2024, à 19h, une Assemblée générale extraordinaire du groupe « Changer Paris », la droite au Conseil de Paris, doit désigner un nouveau chef de file. Une élection logique, après que Rachida Dati a rejoint le gouvernement. Depuis plusieurs jours, la droite parisienne se cherche une stratégie, comme l’écrivait Public Sénat, le 17 janvier dernier. Les élus de droite ne veulent pas tourner le dos à leur ancienne cheffe de file, qui « reste la meilleure candidate pour incarner une alternance à Paris en 2026 », comme disait alors un poids lourd de la droite parisienne.
Mais depuis dimanche, un courrier de Rachida Dati, adressé à tous élus du groupe « Changer Paris », et révélé par Le Figaro agite la droite locale. La nouvelle ministre de la Culture dit soutenir la sénatrice LR Catherine Dumas en vue de la présidence du groupe. L’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy en profite pour proposer la nomination de Jean-Pierre Lecoq, actuel maire du 6ème et proche de Rachida Dati, pour la première vice-présidence, qu’occupait alors Catherine Dumas. Alors, que se joue-t-il à Paris ? Catherine Dumas a accepté de répondre à nos questions.
Vous allez prendre la présidence du groupe, Catherine Dumas ?
Je ne vous confirme pas que je vais prendre la présidence, je vous confirme que je suis candidate à la présidence ! C’est différent. Il y a une élection. On verra ce qui en ressort. Je ne vais pas vous dire aujourd’hui que je suis élue alors qu’il y a une élection demain. Demain, on procède à l’élection de la présidence de groupe puisque Rachida Dati a démissionné de cette présidence puisqu’elle considère que ce n’est pas compatible avec ses fonctions gouvernement. Demain soir il y aura cette élections-là prévue dans le cadre des statuts et d’une convocation ad hoc.
On comprend qu’il y a eu un accord avec la deuxième personnalité qui était candidate, Jean-Pierre Lecoq. Lui, prendrait une vice-présidence et vous la présidence…
Catherine Dumas : Non, non, non, il n’y a aucun accord. Demain il y a une élection : celle du président du groupe, c’est fini, après. Après, si je suis élue demain, président de groupe, je vais forcément libérer le poste de premier vice-président. A partir de ce moment-là, on reconvoquera [une Assemblée générale pour élire les vice-présidents, ndlr] quand ce sera le moment, car il peut y avoir plein de candidats pour cette vice-présidence, elle n’est pas distribuée. A ce moment-là, on reconvoquera une élection pour élire le premier vice-président.
Rachida Dati semble avoir voulu aller plus vite que vous…
C’est surtout vite et sans nous en parler. C’est cela qui est gênant.
Comment comprendre ce qui se joue : Rachida Dati veut garder une forme de contrôle sur le groupe, même si elle n’en est plus la présidente ?
Cela me paraît compliqué aussi de dire ça puisqu’elle m’a donné sa confiance pendant 4 ans et que j’ai déjà dirigé le groupe, de fait. Pendant 4 ans, j’étais première vice-présidente et c’est moi qui assurais la direction de ce groupe même si la personnalité de Rachida Dati, est une personnalité importante, en tant que présidente. […] Je n’ai pas envie de commenter cela à la veille d’une élection. Ce que je souhaite, c’est rassembler, que l’on continue le travail qu’on a commencé avec Rachida Dati et qui est un super travail d’opposition [à Anne Hidalgo, ndlr], et je veux assurer la stabilité et la continuité, ce que j’ai dit depuis que je suis candidate, rien n’a changé et on verra demain si les membres du groupe me font confiance.
L’arrivée de Rachida Dati au gouvernement vous déstabilise-t-elle ?
Moi, cela ne me déstabilise pas du tout, c’est un choix personnel et qui forcément pose un certain nombre de questions dans notre organisation à Paris. Elle en a pris acte, elle a démissionné, maintenant on pourvoit au remplacement du président, c’est tout.
Est-ce une chance ou un frein pour 2026, cette entrée au gouvernement ?
Personne ne peut dire de quoi est fait l’avenir, personne. Le tempo politique va de plus en plus vite, à l’échelle de la France, à l’échelle du monde. Donc, je ne sais pas ce qui est une chance ou pas une chance. Ce que je constate c’est qu’on est dans une situation qu’il faut qu’on règle, pour continuer à faire notre job à Paris. Beaucoup de conseillers de Paris m’ont demandé de le faire, ce que je n’avais pas du tout prévu évidemment. Ils considèrent que je connais le job et que je peux rassembler. […] [L’élection, municipale de 2026] n’est pas mon sujet aujourd’hui. Le sujet aujourd’hui est notre groupe, qui doit pouvoir continuer à travailler dans les meilleures conditions.